Le « Rapport final de l’UNESCO sur l’évaluation des dégâts à Babylone » a été présenté le 9 juillet 2009 lors d’une conférence de presse tenue à Paris [Document téléchargeable au bas de cette page]. Élaboré par le sous-comité sur Babylone du Comité international de coordination pour la sauvegarde du patrimoine culturel de l’Iraq de l’UNESCO (ICC-Iraq), ce document fournit une évaluation technique exhaustive de la situation actuelle de ce site archéologique réputé. Il réunit plusieurs rapports nationaux et intègre les conclusions des deux inspections les plus récentes menées par les membres du Comité (2008 et 2009). Le rapport conclut sur une liste de recommandations pour la protection, la restauration et la gestion futures du site.

Le site archéologique de Babylone a servi de base aux forces de la coalition entre 2003 et 2004. Dans un rapport publié en 2005, le British Museum comparait cette intrusion à « l’établissement d’un camp militaire autour de la grande pyramide en Egypte ou du site de Stonehenge en Grande-Bretagne ». Le rapport final précise que la ville archéologique a subi d’importants dégâts dus à des travaux de creusement, percement, arasement et nivelage. Parmi les principales structures endommagées « figurent la porte d’Ishtar et le chemin de procession ». Le rapport final décrit également les détériorations subies avant et après cette période.

« Compte tenu de la valeur historique et archéologique de Babylone, les récentes allégations de dégâts causés lors de l’utilisation militaire du site revêtaient un caractère particulièrement grave », explique Mohamed Djelid, Directeur du Bureau de l’UNESCO pour l’Iraq. « Ce rapport a une importance capitale car il établit une description des dégâts qui fait l’objet d’un accord international. Sans montrer personne du doigt, nous disposons désormais d’une vision claire de la situation qui va nous servir de point de départ pour relever les défis majeurs de la restauration et la conservation. »

Babylone, qui se trouve à 90 km au sud de Bagdad, a été la capitale de deux célèbres rois de l’Antiquité : Hammourabi (1792-1750 av. J.-C.), à l’origine d’un des premiers codes de lois de l’Histoire, et Nabuchodonosor (604-562 av. J.-C.), qui a fait construire les jardins suspendus de Babylone, une des sept merveilles du monde. La ville intérieure couvre 2,99 km2 tandis que les murs extérieurs, qui encerclent la ville à l’est et à l’ouest de l’Euphrate, englobent une superficie de 9,56 km2. Classée site archéologique dès 1935, Babylone a fait l’objet de fouilles partielles au cours du siècle dernier, mais il reste encore beaucoup à découvrir de cette cité antique.

Le rapport final rappelle que les autorités iraquiennes ont mené un ambitieux projet de restauration archéologique entre 1978 et 1987, dans le cadre duquel des bâtiments antiques ont été reconstruits et des équipements modernes introduits. Des travaux d’aménagement majeurs ont également été entrepris, « au grand détriment du site », notamment pour permettre la construction d’un nouveau palais pour Saddam Hussein. La ville archéologique a par la suite été pillée lors de la guerre en 2003 : des objets appartenant aux musées de Nabuchodonosor et d’Hammourabi ainsi qu’à la bibliothèque et aux archives de Babylone ont été dérobés et détruits. Enfin, après avoir servi de camp pour la coalition militaire en Iraq entre avril 2003 et décembre 2004, Babylone a été restituée au Conseil des antiquités et du patrimoine iraquien (SBAH).

Les évaluations à la base du rapport final citées ci-dessous ont été menées par différents experts et institutions : Rapport du SBAH, Rapport pour la commission internationale d’audit (préparé par des archéologues polonais rattachés à la coalition militaire en Iraq), Visite et rapport du Dr John Curtis (British Museum), Evaluation des dégâts à Babylone basée sur l’imagerie satellite numérique du Dr Elizabeth Stone (Université Stony Brook), Rapport du professeur Roberto Parapetti pour le Centro Ricerche Archeologiche e Scavi di Torino et Rapport du professeur John Russell pour le US Department of State. Le rapport final intègre également les dernières conclusions des inspections effectuées au nom du Comité ICC-Iraq par le Dr Russell en juillet 2008 et le Dr Curtis en février 2009.

Selon ce dernier, il est « encourageant » de constater qu’il n’existe « aucun signe de dégâts causés de manière intentionnelle ou accidentelle au site de Babylone depuis décembre 2004. Aujourd’hui, les problèmes majeurs sont dus à la négligence et au manque d’entretien. Tous les édifices restaurés de Babylone sont en mauvais état, en particulier les temples de Ninmah, de Nabû ša hare et d’Ishtar, les maisons babyloniennes et le palais sud de Nabuchodonosor, autant de bâtiments sur lesquels il faut intervenir d’urgence. »

Le rapport final conclut sur les recommandations du Comité ICC-Iraq. Les dispositions des lois iraquiennes de l’Antiquité doivent être respectées sur le site de Babylone. Le SBAH doit examiner les implications archéologiques pour les zones concernées par les détériorations et en faire un rapport. Sur la base de ces résultats, il doit élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion et de conservation du site en étroite coopération avec le sous-comité ICC de l’UNESCO sur Babylone. Le SBAH doit réaliser des interventions d’urgence, notamment la rénovation des temples de Ninmah, de Nabû ša hare, d’Ishtar et du mur de la ville intérieure, et établir des rapports sur ces interventions. Le SBAH doit envisager la réouverture partielle du site. Enfin, toutes ces mesures doivent être prises en vue de l’inscription de Babylone sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Source
Unesco

titre documents joints


« Final Report on Damage Assessment in Babylon » (original en anglais).


(PDF - 237.9 kio)