Vadim Karassev : Boris Berezovski ne représente pas toute l’opposition russe et même seulement une petite partie. Son arrivée à Kiev, si elle a lieu, ne signifie pas que l’Ukraine va devenir la Suisse du début du 20ème siècle où se sont reposés, ont travaillé, se sont rencontrés les leaders bolchéviques. Je ne pense pas qu’une internationale libérale se forme à Kiev bien que Berezovski à titre personnel ait des possibilités d’action.
Vladimir Malenkovitch : Il ne s’agit pas seulement de Berezovski, des Allemands vont et viennent en Ukraine avec des écharpes oranges, Iavlinski se promène aussi en orange à Moscou. Et Berezovski va s’y mettre. Pour moi, il s’agit d’une tentative par des politiques au bord de la faillite d’utiliser la situation en Ukraine à leur avantage. Cette révolution orange qui a lieu ne permettra en rien la démocratisation du régime politique. Installer une voleuse au pouvoir ne signifie en rien passer d’un régime autoritaire à un régime démocratique. Il s’agit d’un moyen fallacieux pour les libéraux russes de remonter dans les sondages où ils sont très bas.
Andreï Piontkovski : J’espère que Berezovski n’ira pas en Ukraine, qu’il n’aura pas de visa. Tout ce qu’il fait depuis qu’il a été soit disant expulsé de Russie, rend de grands services à Poutine. Il essaye toujours de s’allier à n’importe quel groupe d’opposition, d’en prendre le contrôle et il finit par le discréditer. Souvenez-vous de ce qui s’est passé avec le parti « Russie Libérale » d’Ivan Ribkine. C’est inévitable parce que Berezovski est détesté par la majorité des gens de ce pays car il représente pour eux le grand architecte du capitalisme criminel et oligarchique de Russie.
Gleb Pavlovski : Personne ne peut interdire à Berezovski d’aller à Kiev. Cependant je ne pense pas que son arrivée réjouisse beaucoup de monde car il pourrait créer des problèmes supplémentaires. Il est une figure archaïque, il appartient à la politique des années 90, celle des clans et des intrigues. Je ne pense pas que son retour en Ukraine lui donne une place dans l’opposition russe, il y est indésirable.
Marc Urnov : Le retour de Berezovski ne changera pas grand-chose. Ce dont je suis certain, c’est que si la situation évolue bien en Ukraine et mal en Russie, alors non-seulement les politiques viendront se réfugier là-bas, mais aussi une part importante du capital russe.

Source
Gazeta (Fédération de Russie)

« Березовский - это лишь верхушка айсберга, par un groupe de politologue russes et ukrainiens, Gazeta, le 2 Février 2005. Différents spécialistes sont interrogés à propos du retour de Boris Berezovski en Ukraine et de ses conséquences pour l’opposition russe.