Donald Rumsfeld annonce dans le Wall Street Journal le désengagement progressif de l’US Army en Irak et l’« l’irakisation » du maintien de l’ordre. Il explicite en cela un point abordé par le président Bush dans son discours sur l’état de l’Union. Cependant, le sénateur Joseph E. Biden Jr. conteste vivement le réalisme de cette option. Dans le Washington Post, il note que, contrairement aux allégations de l’administration, les 136 000 Irakiens des forces de police et de sécurité seraient loin d’être opérationnels. En réalité, seuls 4 000 à 18 000 seraient suffisamment entraînés et équipés, donc en nombre bien insuffisant pour relever les 120 000 GI’s officiellement présents sur place.
En tout état de cause, M. Rumsfeld entend se désengager du maintien de l’ordre, et non pas quitter l’Irak. Les États-Unis ont construit au moins 14 bases militaires permanentes qu’ils souhaitent utiliser pour contrôler les ressources pétrolières du pays et de la région.

Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président en exercice du Conseil européen, veut rassurer les lecteurs du Zeit. Dans une interview, il affirme croire que Condoleezza Rice fera tout son possible pour améliorer les relations transatlantiques. À la condition toutefois que Washington ne se lance pas dans une nouvelle expédition militaire, en Iran par exemple. Tout peut donc s’arranger, les agressions contre l’Afghanistan et l’Irak peuvent passer par pertes et profits, pourvu que les États-Unis cessent leur expansionnisme. Une position qui n’est pas sans rappeler celle en vigueur en Europe, en 1939.

Quatre ministres de l’Économie ou des Finances d’États européens, Hervé Gaymard, Gordon Brown, Domenico Siniscalo et Hans Eichel, célèbrent dans Le Figaro les convergences entre leurs gouvernements. La France, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Allemagne procèdent simultanément aux mêmes réformes économiques. À noter que les auteurs ne cherchent pas tant à montrer la pertinence des réformes engagées, mais l’efficacité qu’ils en attendent grâce à leur simultanéité.

Le commissaire européen chargé du marché intérieur, le libéral néerlandais Frederik Bolkestein, a donné son nom à une directive, largement approuvée par la Commission et par le Conseil, mais disputée au sein du Parlement. Elle prévoit que les règles régissant un service ne seront plus celles du pays où il est rendu, mais celles du pays où est domiciliée l’entreprise qui les rend. Curieusement, depuis que ce texte, dont la rédaction a demandé des mois, a été rendu public, il ne se trouve aucune personnalité pour le défendre.
Dans une tribune commune publiée par Le Monde, six parlementaires socialistes français s’appliquent à critiquer durement un texte qui fait désormais l’unanimité contre lui. Ils soulignent que cette directive, si elle était définitivement adoptée, marquerait une rupture dans la construction européenne. Il ne serait plus question d’harmonisation, mais uniquement d’ouverture à la concurrence. Pourtant, après avoir mis en perspective ce débat, ces parlementaires prennent soin de n’aborder aucune autre polémique européenne.
Sortant du politiquement correct, le souverainiste Philippe de Villiers note dans Le Figaro que les partisans de l’actuelle forme de construction de l’Union européenne ont sonné la retraite générale et accepté de geler la directive controversée. C’est qu’ils craignent de voir cette polémique leur faire perdre les référendums de ratification du Traité constitutionnel. Mais, « gel » ne veut pas dire abandon ; la directive comme le Traité participent d’une forme d’Europe dont les électeurs (français tout au moins) ne veulent pas.
Pas du tout, assure le Vert Jean-Luc Bennhamias dans le même quotidien. La directive est mauvaise, mais le Traité est bon car il permettra à l’avenir d’empêcher de tels projets en les soumettant à une procédure plus démocratique. Certes, pourrait-on lui répondre, mais le Traité fixe la politique sur ce sujet de sorte qu’il n’y aura plus de marge de manœuvre.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accordé un entretien franc au Welt am Sonntag. Il y admet être lui-même, et sa famille, gêné par les restrictions religieuses héritées d’Atatürk et préconise une laïcité plus souple. Observant que la France et l’Allemagne ont des interprétations différentes de la laïcité et des pratiques contradictoires face au foulard islamique, il note que plusieurs modèles sont possibles dans des sociétés démocratiques. En définitive, il exprime son penchant pour le modèle communautaire anglo-saxon. En quelques mots, il dément donc les accusations d’intégrisme portées contre son parti, et affirme une identité de type démocrate-musulman au sens où il existe des démocrates-chrétiens.