Le docteur Jafar Dhia Jafar, qui créa le programme nucléaire irakien après avoir travaillé pour un centre de recherche britannique, s’interroge dans le Standart sur les raisons pour lesquelles l’Agence Internationale de l’Energie (basée à Vienne comme le quotidien) n’a pas dénoncé, il y a deux ans, les absurdités des accusations anglo-saxonnes contre l’Irak. Il n’y avait aucun doute possible sur le fait que Saddam Hussein avait interrompu son programme nucléaire et qu’il n’était pas en mesure de le reprendre. La même intox est-elle possible à propos de l’Iran ?
Il semble que oui. Et pour être efficace, la propagande doit d’abord compter sur l’effet de répétition. Patrick Clawson, du très pro-israélien Washington Institute for Near East Policy, interprète dans Ha’aretz les évolutions des États riverains de l’Iran pour en conclure que Téhéran se nucléarise. C’est mieux que de lire dans le marc de café, mais ce n’est guère plus rationnel. Sur cette base, il stigmatise la passivité de la communauté internationale.
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharrazi, poursuit une campagne de communication tous azimuts pour démentir les allégations états-uniennes selon lesquelles son pays tenterait de se doter de l’arme atomique. Comme dans le cas irakien, Washington est parvenu à inverser la charge de la preuve. Il n’appartient plus aux États-Unis d’étayer leurs accusations, mais aux Iraniens de prouver leur bonne foi, ce qui est en soi impossible. Dans un article publié par Global Agenda, puis repris en abrégé par l’International Herald Tribune et Gulf News, M. Kharrazi rappelle que les inspections de l’AIEA ont établi que son pays conduisait un programme civil et que l’ayatollah Khameneï avait condamné, dans une fatwa, la production et l’usage de la bombe atomique. En outre, dans un entretien au Süddeutsche Zeitung, M. Karrazi souligne que son pays est signataire des divers instruments internationaux en matière de non-prolifération nucléaire, y compris le protocole additionnel, et se soumet à toutes les inspections réglementaires. Les grandes puissances, qui ne respectent pas leurs engagements de désarmement progressif, ne peuvent pas en dire autant.

La députée européenne Emma Bonino établit un parallèle dans Le Figaro entre l’horreur d’Auschwitz et les crimes perpétrés au Darfour. Le rapport de la Commission internationale, rendu public il y a deux semaines, établit que le conflit a déjà fait plus de 70 000 morts. C’est beaucoup plus que le gouvernement soudanais n’en admettait, et beaucoup moins que le département d’Etat ne l’affirmait. Quoi qu’il en soit, Mme Bonino appelle à l’intervention de la communauté internationale. C’est au fond la méthode de prédilection des grandes puissances : encourager les affrontements locaux, empêcher leur règlement, puis séparer les belligérants en s’installant militairement sur place.

Dans une entretien à Die Zeit, Kofi Annan défend l’Organisation des Nations unies, dont il est le secrétaire général. Il souligne qu’elle n’est pas en conflit permanent avec les États-Unis puisqu’elle a participé à l’organisation des élections en Irak. Il récuse les accusations portées contre lui et indique n’avoir jamais eu l’intention de démissionner des fonctions qui lui ont été confiées par 191 États, uniquement parce qu’il aurait été critiqué par 1 État membre.

Enfin, l’ancien ministre gaulliste Charles Pasqua dresse dans Le Figaro le constat d’échec du Traité de Maastricht et plaide pour le « non » au Traité constitutionnel européen. Son ardeur le conduit parfois à quelques excès, comme lorsqu’il prétend que l’euro a totalement échoué à rivaliser avec le dollar. Cependant, son argument principal est d’une grande rigueur. Il observe que sur le plan social, l’Union européenne est inefficace et que, en matière de politique internationale, elle est inféodée à l’OTAN. D’où, son appel à voter « non » pour provoquer une crise et mettre fin à cette orientation.