En février 1959, Jean Baptiste Céran Jérusalémy, ancien président de l’assemblée territoriale de Polynésie dite française, résume les contradictions de la cuisine politique française dans ses colonies : « On nous a appris d’abord que la rébellion contre le pouvoir établi était un crime - par exemple en 1947 quand les Tahitiens se dressent contre la nomination de cadres métropolitains. Ensuite, on nous a expliqué que la révolte n’était pas mauvaise (en avril 1958 quand une manifestation empêche l’assemblée de voter l’impôt sur le revenu). (...) La République nous explique que la majorité impose son point de vue, mais elle nous montre que créer une majorité factice est l’enfance de l’art. Elle dit d’un côté que les élus du peuple sont sacrés, mais d’un autre côté elle montre qu’il n’y a aucune raison d’avoir le moindre égard à leur endroit - par exemple lors de l’arrestation du député Pouvanaa. Lors du réferendum sur la Loi Cadre, elle nous dit que nous sommes libres de choisir librement le OUI ou le NON, mais dans la fouléee elle nous informe que ceux qui auront "mal voté" seront brimés ».