La France et le Royaume-Uni se livrent à un exercice de communication croisée sur leur partenariat dans le domaine humanitaire en Afrique. Tony Blair commente ce partenariat en France dans Le Figaro et Gérard Errera, l’ambassadeur de France au Royaume-Uni, dans The Guardian.
Le Premier ministre britannique insiste sur la coopération franco-britannique et sur le ralliement de la France au projet de « Facilité financière internationale » (FFI) qui permettra de dégager des fonds supplémentaires pour les programmes humanitaires en Afrique. De son côté, l’ambassadeur français se réjouit également de ce partenariat à l’initiative des Britanniques mais demande en retour un soutien de Londres au projet de Jacques Chirac de mise en place d’un impôt international sur les tickets d’avion et les transactions financières pour dégager des fonds contre le SIDA en Afrique.
Le projet de FFI qui, selon Gordon Brown, devrait permettre de porter de 50 à 100 milliards de dollars par an les crédits mobilisables par les pays démunis, consiste en des prêts garantis par les Occidentaux, qui serviront ensuite de caution aux Etats africains, pour bénéficier de prêts additionnels. Il sera donc possible pour les pays africains de s’endetter à un meilleur taux. Le Premier ministre britannique et l’ambassadeur français oublient de préciser que « ce soutien financier », sera subordonné aux efforts de « bonne gouvernance » de ces pays. Comme l’annulation ou la réduction des dettes des pays du Tiers monde fait encore débat au sein du G7 et que les pays riches n’ont pas encore fait passer leur contribution à l’aide au développement à 0,7 % du PIB, le système proposé est de permettre de baisser les taux d’intérêts des pays pauvres mais également d’accroître la dépendance vis-à-vis des organismes financiers internationaux.

Michael Scheuer, ancien agent de la CIA et auteur d’un livre « anonyme » qui dénonçait la politique de l’administration Bush, repart à la charge dans le San Francisco Chronicles contre les néo-conservateurs au nom des grands principes traditionnels de la politique étrangères états-unienne. Il appelle à un retour à la non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays et à un grand débat sur la politique états-unienne au Moyen-Orient et sur le soutien à Israël et à l’Arabie saoudite. Surtout, il appelle à une relance de la politique des « assassinats ciblés » à l’étranger contre les islamistes, ce qui est en contradiction avec le principe de « non-intervention » qu’il prétend défendre.
Cette analyse se fonde sur un certain nombre de présupposés courants dans l’opinion publique occidentale : « le » terrorisme (formulation en elle même biaisée car elle assimile une méthode à un courant politique) est identifiable aux seuls islamistes, les groupes terroristes sont de vastes réseaux autonomes et ils n’ont jamais été aussi dangereux qu’aujourd’hui, justifiant ainsi la politique d’intervention états-unienne au Proche-Orient. Oleg Netchiporenko, ancien expert du KGB, revient dans une interview à Trud sur la conception traditionnelle des groupes terroristes et s’attaque à certains mythes. Selon lui, ce n’est pas aujourd’hui mais durant la seconde moitié du XXième siècle que les groupes terroristes ont été les plus actifs et pour cause : ils étaient soutenus par les grandes puissances de la Guerre froide qui instrumentalisaient ces groupes contre leurs adversaires. Les groupes terroristes en lien avec l’URSS avaient « Carlos » comme coordinateur tandis que ceux dirigés par les Occidentaux étaient rassemblés et soutenus par la Ligue anti-communiste mondiale, ancien sponsor de Ben Laden. L’auteur profite de cette interview pour dénoncer à mots couverts l’attitude occidentale qui affirme faire la guerre au terrorisme mais abrite les terroristes tchétchènes.

Le président géorgien Mikhail Saakashvili apporte son soutien par anticipation à la prochaine « révolution » colorée en Moldavie, qui pourrait avoir lieu lors des prochaines élections parlementaire moldave du 6 mars, dans une interview accordée à La Repubblica et traduite en russe par Inosmi.ru. Il dénonce la politique de la Russie dans les anciennes Républiques soviétiques et affirme vouloir tourner son pays vers l’Europe qui l’aurait aider sans contrepartie. Il appelle les Moldaves à faire de même et à renvoyer le parti communiste moldave qu’il accuse d’être à la botte de Moscou. Pourtant, rien n’est moins vraie que cette présentation. Le parti communiste moldave du président Voronine est, malgré son nom, aligné sur les États-Unis et a soutenu la Guerre en Irak. Pourtant, le département d’État pourrait être tenté d’organiser une opération à l’ukrainienne pour hâter le processus d’intégration à l’Union européenne, malgré l’épineuse question de la Transnistrie et au risque de provoquer une sécession des russophones. Le président moldave Vladimir Voronine dénonce son opposition dans une interview à Kommersant mais, désireux de ne pas offusquer Washington malgré la menace qui pèse sur lui, l’accuse d’être financée par le gouvernement sécessionniste de Transnistrie, région qu’il accuse d’être une enclave criminelle.

Enfin, l’Israélien Yossi Beilin et le Palestinien Yasser Abed Rabbo, les promoteurs de l’Initiative de Genève, utilisent leur droit de réponse dans Ha’aretz après qu’un éditorialiste du quotidien israélien ait affirmé qu’ils soutenaient l’implantation du Mur d’annexion en Cisjordanie. Ils rappellent que s’ils ne sont pas opposés sur le principe à une barrière entre les territoires palestiniens et israéliens, ils estiment que celle ci doit longer approximativement la frontière de 1967. Ils en profitent pour dénoncer à nouveau la politique unilatérale d’Ariel Sharon et de prédire que la politique actuelle court à l’échec. Fort bien, mais dans ces conditions, pourquoi le Yahad de Yossi Beilin a sauvé le gouvernement Sharon quand il pouvait être renversé par une motion de censure ?