Obsédé par la perspective d’un « troisième Cuba » à ses portes et craignant une « contagion nicaraguayenne » au Salvador, l’administration Reagan finance la junte militaire qui gouverne le pays. Celle-ci traque le « subversif » à l’aide d’escadrons de la mort, supervisés, équipés et entraînés par la CIA et l’ambassadeur US au Honduras, John Negroponte. Révolté par les atteintes aux droits de l’homme et crimes commis par la junte, l’archévèque de San Salvador, Oscar Romero, prend la tête de la contestation réclamant la fin de l’aide militaire US. Soutenue par l’église catholique aux États-Unis, la voix du « curé rouge » prend du poids et dérange. Le 24 mars, en pleine messe, un commando militaire fait irruption dans l’église et abat Romero. Les assassins ne se cachent même pas ; l’un deux est diplômé de l’École des Amériques en Floride, centre d’entraînement des tortionnaires sud-américains. Deux autres appartiennent au Bataillon 3-16, une unité paramilitaire volante centraméricaine sous les ordres de Negroponte et agissant depuis la base militaire US de El Aguacate, où l’on retrouvera plus tard des charniers contenant plus de 150 corps suppliciés.