Terima kasih. Terima kasih, merci beaucoup, merci à tous. Selamat pagi. C’est merveilleux d’être ici à l’Université d’Indonésie. Au corps enseignant et aux étudiants, et au Dr Gumilar Rusliwa Somantri, merci infiniment de votre hospitalité.

Assalamualaikum dan salam sejahtera. Merci de votre accueil extraordinaire. Merci aux citoyens de Jakarta. Et merci au peuple de l’Indonésie.

Pulang kampung nih. [Il est bon de se retrouver ici.] Je suis si heureux d’être enfin arrivé en Indonésie, et que Michelle ait pu m’accompagner. Nous avons eu un ou deux contretemps cette année, mais j’étais résolu à visiter un pays qui a tant compté pour moi. Ce séjour sera hélas trop court, mais je me réjouis à la perspective de revenir dans un an, lorsque l’Indonésie accueillera le Sommet de l’Asie de l’Est.

Avant toute autre chose, je voudrais dire que nos pensées et nos prières accompagnent tous les Indonésiens qui ont été touchés par le récent tsunami et par les éruptions volcaniques, en particulier ceux qui ont perdu des êtres chers ou qui ont été déplacés. Je voudrais que vous sachiez que, comme toujours, les États-Unis se tiennent aux côtés de l’Indonésie face aux catastrophes naturelles et nous sommes prêts à lui apporter l’aide dont elle aura besoin. En ces moments où les voisins s’entraident et que les familles hébergent les déplacés, je sais que le peuple indonésien, par sa force et par sa résilience, se relèvera une fois de plus.

Permettez-moi de commencer par une déclaration toute simple : Indonesia bagian dari diri saya [L’Indonésie fait partie de moi]. Je suis arrivé dans ce pays lorsque ma mère a épousé un Indonésien du nom de Lolo Soetoro. Tout jeune enfant, j’atterrissais dans un monde différent. Mais les Indonésiens m’ont rapidement intégré comme un des leurs.

Jakarta avait une tout autre allure à cette époque. La ville était pleine d’immeubles de quelques étages seulement. C’était en 1967, 68, la plupart d’entre vous n’étaient pas encore nés. L’hôtel Indonesia était l’un de ses rares grands bâtiments et il n’y avait qu’un seul grand magasin appelé Sarinah. Les betchaks et les bemos étaient les principaux moyens de transport, ils étaient alors plus nombreux que les automobiles, et on n’avait pas les autoroutes qu’on a aujourd’hui. La plupart des voies bitumées se transformaient rapidement en routes non pavées et en kampongs.

Nous nous sommes donc installés à Menteng Dalam, où nous habitions une petite maison. Nous avions un manguier devant chez nous. J’ai appris à aimer l’Indonésie en jouant au cerf-volant, en courant le long des rizières, en attrapant des libellules et en achetant du satay et du baso aux vendeurs ambulants. Je me souviens encore de l’appel des vendeurs. Satay ! Je m’en souviens bien. Baso ! Mais surtout, je me rappelle les gens : les hommes et femmes âgés qui nous saluaient en souriant ; les enfants qui ont traité un enfant étranger comme un voisin et un ami ; et les instituteurs qui m’ont aidé à connaître ce pays.

Parce que l’Indonésie comprend des milliers d’îles, des centaines de langues et des peuples de multiples régions et origines ethniques, mon séjour ici m’a aidé à apprécier l’humanité de chaque individu. Et si mon beau-père, comme la plupart des Indonésiens, a été élevé dans la foi musulmane, il croyait fermement que toutes les religions étaient dignes de respect. Il reflétait ainsi à sa façon l’esprit de tolérance religieuse gravé dans la Constitution indonésienne et qui demeure l’une des caractéristiques marquantes et édifiantes de ce pays.

J’ai vécu ici pendant quatre ans - une période qui a contribué à façonner mon enfance ; une période durant laquelle est née ma merveilleuse sœur Maya ; et une période qui a fait une telle impression sur ma mère que durant les vingt années suivantes, elle n’a cessé de revenir en Indonésie pour vivre, travailler et voyager - à la poursuite de sa passion de procurer des possibilités dans les villages indonésiens, particulièrement aux femmes et aux filles. Je me suis senti tellement honoré lorsque le président Yudhoyono, hier soir au dîner officiel, m’a présenté un prix au nom de ma mère en reconnaissance du travail qu’elle a fait. Elle aurait été très fière, parce que l’Indonésie et ses habitants ont occupé une place très spéciale dans son cœur pendant toute sa vie.

Tant de choses ont changé durant les quatre décennies écoulées depuis que j’ai pris un avion pour rentrer à Hawaï. Si vous me demandez - ou si vous posez la question à l’un quelconque de mes camarades de classe de l’époque - je crois qu’aucun d’entre nous n’aurait imaginé que je reviendrais un jour à Jakarta en qualité de président des États-Unis. Et peu d’entre nous auraient envisagé le parcours remarquable de l’Indonésie au cours de ces années.

La ville de Jakarta que j’ai connue autrefois est devenue une mégalopole de près de dix millions d’habitants, avec des gratte-ciel qui éclipsent l’Hôtel Indonesia, et des centres culturels et commerciaux florissants. Alors que mes amis indonésiens et moi-même avions l’habitude de courir dans les champs avec des buffles et des chèvres, les jeunes Indonésiens d’aujourd’hui sont parmi les plus branchés du monde - reliés par des téléphones portables et des réseaux sociaux. Et alors que l’Indonésie était une jeune nation introvertie, sa croissance actuelle lui fait jouer un rôle clé en Asie, dans le Pacifique et au sein de l’économie mondiale.

Cette évolution s’étend d’ailleurs au domaine politique. Lorsque mon beau-père était enfant, il a vu son propre père et son frère aîné quitter le foyer pour aller combattre et mourir dans la lutte pour l’indépendance de l’Indonésie. Je suis heureux d’être ici en cette Journée des héros pour honorer la mémoire de tant d’Indonésiens qui se sont sacrifiés au nom de ce grand pays.

Lorsque j’ai déménagé à Jakarta, c’était en 1967, alors que le pays venait de connaître le conflit et une grande souffrance. Bien que mon père ait servi sous les drapeaux, la violence et les meurtres de cette époque de troubles politiques m’étaient largement inconnus, parce que ma famille et mes amis indonésiens n’en parlaient jamais. Chez moi, comme dans de nombreux autres foyers indonésiens, le souvenir de cette époque était celui d’une présence invisible. Les Indonésiens avait leur indépendance, mais souvent ils avaient peur de s’exprimer ouvertement sur certains sujets.

Dans les années qui ont suivi, l’Indonésie a tracé sa propre voie par le truchement d’une transformation démocratique extraordinaire - passant du règne d’une main de fer au pouvoir du peuple. Ces dernières années, le monde a observé avec espoir et admiration au fur et à mesure que les Indonésiens adoptaient le transfert pacifique du pouvoir et l’élection directe de leurs dirigeants. Et de même que votre démocratie est symbolisée par votre président et votre pouvoir législatif élus, elle est soutenue et fortifiée par ses mécanismes d’équilibre des pouvoirs : une société civile dynamique, des partis politiques et des syndicats, des médias florissants et des citoyens engagés qui ont veillé à ce que l’Indonésie ne fasse jamais marche arrière.

Mais même si ce pays de mon enfance a changé de maintes façons, les choses que j’ai apprises à aimer de l’Indonésie - cet esprit de tolérance inscrit dans votre Constitution, symbolisé par vos mosquées, vos églises et vos temples qui se dressent les uns à côté des autres ; cet esprit qu’incarne votre peuple - sont encore bien vivantes. Bhinneka Tunggal Ika - l’unité dans la diversité. Tel est le fondement de l’exemple que l’Indonésie donne au monde, et c’est pourquoi elle jouera un rôle si important au XXIe siècle.

Donc aujourd’hui, j’y reviens en ami, mais aussi en qualité de président à la recherche d’un partenariat profond et durable entre nos deux pays. Parce qu’en tant que pays vastes et divers ; en tant que voisins de part et d’autre du Pacifique ; et, par-dessus tout, en tant que démocraties, les États-Unis et l’Indonésie sont liés par des intérêts et des valeurs communs.

Hier, le président Yudhoyono et moi-même avons annoncé un nouveau Partenariat global entre les États-Unis et l’Indonésie. Nous sommes en train de resserrer les liens entre nos gouvernements dans divers domaines et, fait tout aussi important, nous resserrons les liens entre nos peuples. Il s’agit d’une coopération entre partenaires égaux, fondée sur des intérêts et un respect mutuels.

J’aimerais consacrer le reste du temps qui me reste aujourd’hui à dire pourquoi l’histoire que je viens d’évoquer - celle de l’Indonésie depuis l’époque où j’y ai vécu - est si importante pour les États-Unis et pour le monde entier. Je vais concentrer mes propos sur trois domaines étroitement liés et fondamentaux du point de vue du progrès humain - le développement, la démocratie et la foi religieuse.

D’abord, l’amitié entre les États-Unis et l’Indonésie peut faire avancer nos intérêts mutuels en faveur du développement.

Lorsque je suis arrivé en Indonésie, il aurait été difficile d’imaginer un avenir dans lequel la prospérité des familles de Chicago serait liée à celle des familles de Jakarta, mais aujourd’hui nos économies sont mondiales et les Indonésiens ont connu les promesses et les dangers de la mondialisation, du choc de la crise financière asiatique des années 1990 à la sortie de millions de personnes de la pauvreté. Ce que cela signifie, et ce que nous avons appris lors de la récente crise économique, c’est que nous avons tout intérêt à favoriser notre succès mutuel.

Les États-Unis ont intérêt à favoriser la croissance de l’Indonésie, une prospérité largement partagée par tous les Indonésiens, parce que la montée de la classe moyenne ici se traduit par de nouveaux marchés pour nos produits, tout comme les États-Unis sont un marché pour les vôtres. Alors, nous investissons davantage en Indonésie, nos exportations ont progressé de près de 50 % et nous ouvrons les portes pour permettre aux Américains et aux Indonésiens de commercer ensemble.

Les États-Unis ont intérêt à favoriser une Indonésie qui joue le rôle qui lui revient dans le fonctionnement de l’économie mondiale. Les temps où sept ou huit pays pouvaient déterminer la direction des marchés mondiaux sont révolus. Maintenant, le G20 est devenu le centre de la coopération économique internationale, pour que les économies émergentes comme l’Indonésie puissent mieux faire entendre leur voix et assumer plus de responsabilités. Et, de par sa place dirigeante au sein du groupe anticorruption du G20, l’Indonésie doit montrer la voie de la transparence et de la responsabilité tant sur la scène mondiale que par l’exemple.

Les États-Unis ont intérêt à favoriser la poursuite en Indonésie d’un développement durable parce que la manière dont nous grandissons détermine la qualité de notre vie et la santé de notre planète. C’est pourquoi nous élaborons des technologies d’énergies propres qui feront tourner nos usines et préserveront les précieuses ressources naturelles du pays - et les États-Unis saluent l’action de premier plan de votre pays en matière de lutte contre les changements climatiques.

Et surtout, les États-Unis ont intérêt à favoriser la réussite du peuple indonésien. Par-delà les manchettes de la journée, nous devons construire des passerelles entre nos peuples parce que l’avenir de notre sécurité et de notre prospérité en dépend. Et c’est exactement ce que nous faisons - en augmentant la collaboration entre nos scientifiques et nos chercheurs ; en nous engageant à doubler le nombre des Américains et des Indonésiens qui étudient dans nos pays respectifs - nous voulons plus d’étudiants indonésiens dans nos écoles et nous voulons que plus d’étudiants américains viennent dans ce pays. Nous voulons forger des liens entre nos jeunes dans ce siècle qui commence.

Ce sont là les questions qui importent dans notre vie quotidienne. Le développement ne se ramène pas seulement à des taux de croissance et à des chiffres sur un bilan. Le développement c’est aussi donner à un enfant les compétences dont il aura besoin pour réussir dans un monde en changement ; c’est permettre à une idée de germer et de devenir une entreprise sans être étouffée par la corruption ; c’est le flux des forces qui ont transformé le Jakarta que j’ai connu - la technologie, le commerce, le mouvement incessant des personnes et des marchandises - et qui débouchent sur une vie meilleure marquée au sceau de la dignité et des possibilités de progrès.

Ce genre de développement est inséparable du rôle de la démocratie.

Aujourd’hui, nous entendons quelquefois dire que la démocratie barre la route du progrès économique. L’argument n’est pas nouveau. Notamment aux époques de changement et d’incertitude économique, certains disent que l’on peut prendre un raccourci pour arriver au développement, en troquant les droits de l’homme pour le pouvoir de l’État. Mais ce n’est pas ce que j’ai vu lors de mon voyage en Inde, ce n’est pas ce que je vois en Indonésie. Vos accomplissements montrent que la démocratie et le développement se renforcent mutuellement.

Comme toutes les démocraties, vous avez connu des revers. Les États-Unis ne sont pas différents. Notre Constitution parle de notre aspiration à « former une union plus parfaite » et c’est ce que nous nous efforçons de faire depuis. Nous avons traversé une guerre civile et lutté pour donner leurs droits à tous nos citoyens. Mais ce sont précisément ces efforts qui nous ont permis de devenir plus forts et plus prospères et de rendre notre société plus juste et plus libre.

Comme les autres pays qui se sont affranchis du régime colonial au siècle dernier, l’Indonésie s’est battue et s’est sacrifiée pour avoir le droit de déterminer son destin. C’est la signification de la « Journée des héros » - une Indonésie appartenant aux Indonésiens. Mais vous avez aussi décidé qu’être libre ne veut pas dire remplacer la main d’un colonisateur par celle d’un homme fort national.

Et oui, la démocratie est compliquée. Tout le monde ne se réjouit pas des résultats de toutes les élections. Il y a des hauts et des bas. Mais elle en vaut la peine et elle ne se réduit pas à la seule action de voter. Il faut des institutions fortes pour contrôler la concentration du pouvoir ; il faut un marché libre qui permet aux individus de prospérer ; il faut une presse libre et un système judiciaire indépendant pour extirper les abus et les excès ; il faut une société ouverte et des citoyens actifs pour rejeter l’inégalité et l’injustice.

Ce sont là les forces qui vont faire avancer l’Indonésie. Et il vous faudra refuser de tolérer la corruption qui barre la voie aux débouchés ; il faudra vous engager à la transparence qui donne à chaque Indonésien une voix dans le gouvernement ; et il vous faudra croire que la liberté pour laquelle tous les Indonésiens se sont battus est ce qui unit ce grand pays.

C’est là le message des Indonésiens qui ont écrit l’histoire de cette démocratie - des héros de la bataille de Surabaya qui s’est déroulée il y a 55 ans aujourd’hui aux étudiants qui ont manifesté pacifiquement en faveur de la démocratie pendant les années 1990 et aux dirigeants qui ont accepté le transfert pacifique du pouvoir en ce siècle. Parce que, en dernière analyse, ce sera le droit des citoyens qui soudera ensemble cette remarquable Nusantara qui s’étend de Sabang à Merauke - l’insistance à demander que tous les enfants nés dans ce pays soient traités de manière égale, qu’ils viennent de Java ou d’Aceh, de Bali ou de Papouasie.

Cet effort se manifeste dans l’exemple que l’Indonésie montre à l’étranger. Elle a pris l’initiative de lancer le Forum de Bali pour la démocratie, où les participants partagent leur expérience et leurs meilleures pratiques de promotion de la démocratie. Elle est également au premier rang des pays qui demandent que l’on porte une plus grande attention aux droits de l’homme au sein de l’ASEAN. Les pays de l’Asie du Sud-Est ont le droit de déterminer leur propre destinée et les États-Unis soutiendront ce droit, mais les peuples de l’Asie du Sud-Est doivent aussi avoir le droit de déterminer leur propre destinée. C’est pourquoi nous avons condamné les élections en Birmanie qui n’étaient ni justes ni libres. C’est pourquoi nous soutenons votre société civile active dans son travail avec ses homologues de la région. Parce qu’il n’y a aucune raison pour que le respect des droits de l’homme s’arrête à la frontière d’un pays.

La main dans la main, c’est ainsi que le développement et la démocratie doivent avancer dans l’idée que certaines valeurs sont universelles. La prospérité sans liberté n’est qu’une autre forme de la pauvreté. Parce que les individus partagent certaines aspirations - la liberté de savoir que votre dirigeant doit vous rendre compte de ses actes et que vous ne serez pas emprisonné si vous n’êtes pas d’accord avec lui ; la possibilité de recevoir une éducation et de travailler dans la dignité ; la liberté de pratiquer votre religion sans peur et sans restriction.

La religion est le dernier point sur lequel je tiens à m’exprimer aujourd’hui, et - comme la démocratie et le développement - elle tient une place fondamentale dans l’histoire de l’Indonésie.

À l’image des autres pays asiatiques inscrits à l’itinéraire de ma tournée, l’Indonésie exsude la spiritualité ; c’est un lieu où la pratique du culte revêt maintes formes. Parallèlement à cette riche diversité, c’est aussi un lieu qui accueille la plus forte population musulmane au monde - une vérité que j’ai apprise quand, enfant, j’entendais l’appel à la prière résonner à travers Jakarta.

De même que l’être humain ne se définit pas exclusivement en fonction de sa foi, l’Indonésie ne se définit pas exclusivement en fonction de sa population musulmane. Mais nous savons aussi que les relations entre les États-Unis et les communautés musulmanes se sont dégradées au fil de nombreuses années. En ma qualité de président, j’ai jugé prioritaire de commencer à réparer ces relations. Dans le cadre de cette démarche, au mois de juin de l’année dernière, je suis allé au Caire où j’ai prôné un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier - à la recherche d’une voie qui nous permette de dépasser nos différences.

J’ai dit à l’époque, et je le répète aujourd’hui, qu’un discours ne peut à lui seul éradiquer des années de méfiance. Mais j’étais convaincu à l’époque, et je le suis toujours, qu’un choix nous est offert. Nous pouvons choisir de laisser nos différences nous définir et céder à un avenir fait de soupçons et de méfiance. Ou nous pouvons choisir de travailler d’arrache-pied pour forger un terrain d’entente et nous engager à œuvrer à la poursuite constante de progrès. Ce que je vous promets, c’est qu’indépendamment des revers qui pourraient survenir, les États-Unis sont acquis au progrès humain. Cette volonté fait partie de notre identité. Elle fait partie de notre passé. Elle fait partie des actions que nous prendrons à l’avenir.

Nous connaissons bien les questions qui sont sources de tensions depuis des années - ces questions, je les ai discutées au Caire. Au cours des dix-sept mois qui se sont écoulés depuis, nous avons fait certains progrès, mais il reste encore beaucoup à faire.

Des civils innocents en Amérique, en Indonésie et à travers le monde demeurent la cible d’extrémistes violents. J’ai fait clairement savoir que les États-Unis n’étaient pas, et ne seraient jamais, en guerre contre l’islam. Ce que nous devons tous faire, c’est vaincre Al-Qaïda et les groupes qui y sont apparentés, lesquels ne peuvent nullement revendiquer le titre de dignitaires de quelque religion que ce soit - et certainement pas d’une grande religion mondiale comme l’islam. Mais qui veut construire ne doit pas céder du terrain aux terroristes qui cherchent à détruire. Ce n’est pas une tâche que les États-Unis peuvent assumer seuls. D’ailleurs, ici-même en Indonésie, votre gouvernement a fait des progrès en vue d’éradiquer les extrémistes et de combattre une telle violence.

En Afghanistan, nous œuvrons sans relâche avec une coalition de pays en vue de renforcer la capacité du gouvernement afghan de sécuriser son avenir. Il est dans notre intérêt commun de construire la paix dans un pays déchiré par la guerre - une paix qui n’accorde pas de havre aux extrémistes violents et qui donne de l’espoir au peuple afghan.

Par ailleurs, nous avons fait des progrès en ce qui concerne l’un de nos engagements clés - notre action visant à mettre fin à la guerre en Irak. Cent mille soldats américains ont déjà quitté l’Irak. Les Irakiens assument l’entière responsabilité de leur sécurité. Nous continuerons à épauler l’Irak tandis qu’il forme un gouvernement participatif et que nous rapatrions le reste de nos soldats.

Au Moyen-Orient, nous nous sommes heurtés à des faux départs et à des revers, mais nous persistons dans notre poursuite de la paix. Israéliens et Palestiniens ont repris leurs pourparlers directs, malgré les obstacles considérables qui demeurent. Ne nous faisons pas d’illusion : la paix et la sécurité ne seront pas faciles à instaurer. Mais le doute n’est pas permis : nous ne ménagerons aucun effort en vue de rechercher un résultat qui soit juste et dans l’intérêt de toutes les parties en jeu, à savoir deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.

La recherche de solutions à toutes ces questions s’accompagne d’enjeux de taille. Car notre monde a rétréci et, si ces forces qui nous rassemblent font naître des possibilités, elles donnent aussi des moyens d’agir à ceux qui veulent faire dérailler le progrès. Une bombe dans un marché peut oblitérer l’effervescence du commerce quotidien. Une rumeur murmurée peut obscurcir la vérité et déclencher la violence entre des communautés qui vivaient naguère dans la paix. Dans une ère de mutations rapides et de cultures en collision, ce que nous partageons en tant qu’êtres humains risque de disparaître.

Mais j’ai l’intime conviction que l’histoire des États-Unis et celle de l’Indonésie doivent nous donner des raisons d’espérer. C’est une histoire gravée dans nos devises nationales respectives. E pluribus unum - de la multitude, un seul peuple. Bhinneka Tunggal Ika - l’unité dans la diversité. Nous sommes deux nations qui ont emprunté des chemins différents. Pour autant, elles montrent que des centaines de millions de personnes aux convictions et croyances diverses peuvent s’unir dans la liberté sous un seul drapeau. Aujourd’hui, nous faisons fond sur cette humanité partagée - par le biais de jeunes qui participent à des échanges scolaires ; par le biais de créateurs d’entreprises qui tissent des liens capables de déboucher sur la prospérité ; et par notre ralliement aux valeurs démocratiques et aux aspirations humaines fondamentales.

Avant de venir ici, j’ai visité la mosquée de l’Istiqlal - un lieu de culte qui était encore en travaux quand je vivais à Jakarta. J’ai admiré son minaret en flèche, son dôme imposant et son espace accueillant. Mais son nom et son histoire reflètent aussi ce qui fait la grandeur de l’Indonésie. « Istiqlal » signifie « indépendance », et sa construction est en partie un hommage au combat de ce pays pour la liberté. En outre, ce lieu de culte pour des milliers et des milliers de musulmans est l’œuvre d’un architecte chrétien.

Tel est l’esprit de l’Indonésie. Tel est le message de la philosophie intégrative de l’Indonésie, Pancasila. À travers un archipel qui recèle certaines des plus belles créations de Dieu au monde, avec des îles qui surgissent d’un océan dont le nom évoque la paix, les gens choisissent d’adorer Dieu à leur manière. L’islam prospère, mais d’autres confessions aussi. Le développement se trouve renforcé par une démocratie naissante. Des traditions séculaires perdurent, alors même qu’une puissance en devenir va de l’avant.

Je ne dis pas que l’Indonésie est sans imperfections. Aucun pays ne l’est. Mais on trouve ici la même capacité de corriger la fracture entre race et religion - cette capacité de se voir dans d’autres personnes. Enfant d’une autre race et venu d’un pays lointain, je l’ai trouvée dans la salutation qui m’a été adressée à mon arrivée ici : Selamat Datang. En tant que chrétien qui visitait une mosquée pendant ma présente tournée, je l’ai trouvée dans les paroles d’un dignitaire qui était interrogé au sujet de ma visite et qui a répondu : « Les musulmans ont eux aussi le droit d’entrer dans les églises. Nous sommes tous des fidèles de Dieu. »

Cette étincelle du divin luit dans chacun de nous. Nous ne pouvons céder ni au doute ni au cynisme ni au désespoir. L’histoire de l’Indonésie et celle des États-Unis devraient nous inciter à l’optimisme car elles nous apprennent que l’histoire se tient au côté du progrès humain ; que l’unité est plus puissante que la division ; et que les habitants de ce monde peuvent vivre ensemble dans la paix. Puissent nos deux pays, œuvrant de concert avec foi et détermination, partager ces vérités avec l’humanité tout entière.

Sebagai penutup, saya mengucapkan kepada seluruh rakyat Indonesia : terima kasih atas. Terima kasih. Assalamualaikum. [Pour conclure, je dis à tous les Indonésiens : Merci de votre fraternité. Que la paix soit avec vous.] Merci.