C’est un gouvernement travailliste qui a accueilli à Londres la conférence qui créa l’ONU. Aujourd’hui, un autre gouvernement travailliste peut saisir l’opportunité de moderniser l’ONU en relevant le défi posé par le plan Annan.
L’ONU a été fondée après la Seconde Guerre mondiale et a donné un grand poids aux vainqueurs de cette guerre en leur confiant un siège permanent au Conseil de sécurité. Le Japon et l’Allemagne n’y ont pas de place, pas plus que des géants comme l’Inde ou le Brésil et aucun pays musulman n’est représenté. Si, comme le prévoit le plan de Kofi Annan, le nombre de membres du Conseil de sécurité est élargi, qu’en sera-t-il du droit de veto des actuels pays membres ? Notons que notre droit de veto à l’ONU est un vestige. Nous ne l’avons plus utilisé depuis une douzaine d’année quand nous nous étions opposés à une décision concernant le canal de Panama si importante que plus personne ne s’en souvient. Le problème est que Washington tient à son droit de veto comme nous tenons au nôtre dans l’Union européenne. Le mieux que nous puissions obtenir des membres permanents est que les pays disposant d’un veto renoncent à l’utiliser en dehors des votes mettant en jeu leur intérêt national strict. La Grande-Bretagne pourrait lancer le mouvement.
Le plan Annan prévoit également un développement des compétences de l’ONU dans le développement économique et social. Dans ce domaine, l’ONU est si déconsidérée que dans la controverse sur la nomination de Paul Wolfowitz à la Banque mondiale, personne n’a noté que cet organisme était techniquement un organe onusien qui devrait coopérer avec les autres institutions.
Aujourd’hui, le monde fait face à un débat qui oppose deux conceptions de la gouvernance mondiale. Annan veut un renforcement de la collégialité à l’ONU quand les néo-conservateurs veulent une suprématie états-unienne mondiale. C’est pour cela qu’ils utilisent la presse pour diffamer le secrétaire général de l’ONU. La nomination de Bolton comme ambassadeur à l’ONU entre aussi dans cette stratégie de sabotage.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Why American neocons are out for Kofi Annan’s blood », par Robin Cook, The Guardian, 1er avril 2005.