Robert Martens, un grand admirateur du sénateur McCarthy, a rédigé un manuel d’action anti-communiste. Responsable de la Direction politique de l’ambassade US à Djakarta, il est bien décidé à le mettre en œuvre en Indonésie contre le Parti communiste (PKI). Suite à une réunion avec la CIA en mars 1962, Martens et ses hommes compilent des listes de près de 40 000 « cadres communistes » sur Bali et Java. Lors du coup d’État de 1965, elles sont communiquées à l’armée et aux milices locales afin qu’elles assassinent les personnes qui y figurent et leur famille. Martens explique fièrement en 1990 : « C’était une grande aide pour l’armée, nos informations étaient bien plus complètes que les leurs. Ils en ont tué des milliers et j’ai plein de sang sur mes mains, mais ce n’est pas si mal, vu que c’est des communistes ». Marshall Green, ambassadeur US de l’époque dira dans un documentaire de la BBC : « Tant que c’était des rouges qui se faisaient massacrer, personne ne disait rien. Les crimes commis étaient horribles, on a massacré des gens de manière ignoble, mais cela ne dérangeait personne ».