Peu doutent que le statu quo dans le monde arabe n’est pas tenable. Cette région est soumise au plus fort taux de croissance de la population du monde et aussi au plus fort chômage. Pour que ces millions de personnes soient employées, il faut intégralement repenser le modèle économique de ces pays. Les pays arabes dépendent totalement des évolutions du marché du pétrole et sont totalement à la merci des évolutions du cours du baril. Les échanges entre pays arabes sont minimes et les exportations non-pétrolières des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont équivalentes à celle de la Finlande.
S’ils n’évoluent pas, ces pays vont devenir explosifs, mais la réforme ne semble pas être la priorité des gouvernements locaux. Il faut amorcer un vaste programme de libéralisation des économies et de privatisation afin de rendre ces pays compétitifs. Au Koweït, le secteur public emploie 94% de la force de travail. Certes, on organise des élections dans ces pays, mais on ne laisse pas les partis se former librement et la presse n’est pas libre. Le populisme et l’islamisme n’offrent pas de modèle permettant une croissance du monde arabe, or seule la croissance peut permettre de saper le développement d’Al Qaïda dans la région. S’il n’y a pas d’évolution, il y aura des révolutions.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Without reforms, the Mideast risks revolution », par Augusto Lopez-Claros et Danielle Pletka, International Herald Tribune, 7 avril 2005.