Le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon et Barack Obama

La tendance générale

L’Amérique et ses alliés font du surplace au Moyen-Orient

Les États-Unis et leurs alliés arabes ont reçu un camouflet dimanche,
lorsque le Conseil ministériel de la Ligue arabe a ignoré la demande
de déploiement de forces arabes en Syrie et a décidé de proroger d’un
mois la mission des observateurs, au grand dam de l’Arabie saoudite et
de l’opposition syrienne. Riyad a ainsi décidé de retirer ses
observateurs déployés en Syrie et le Conseil national syrien –sous
influence turco-occidentale- a rejeté la décision de la Ligue.
Ces développements traduisent les réels rapports de forces au
Moyen-Orient que ni campagne médiatique, ni intimidations verbales ne
peuvent modifier. En effet, après le retrait de l’armée US
d’Irak, l’Iran et la Syrie sont apparus comme les vainqueurs de la
guerre des États-Unis. Bagdad n’a pas tardé à rejoindre l’axe de la
Résistance. Cette alliance se donne pour objectif de refouler
l’influence d’Israël, de l’Arabie saoudite et de la Turquie, des
leviers de la domination US au Moyen-Orient. Les amis de
l’Iran, de l’Irak et de la Syrie sur la scène internationale (les
Brics), entendent mettre un terme au monde unipolaire qui a été à
l’origine ces deux dernières décennies d’une quinzaine de guerre
dévastatrices menées au nom de la démocratie et des droits de l’homme.
Sur le terrain en Syrie, Damas, Alep et la plupart des grandes villes
–à part Homs- mènent une vie normale, malgré le rationnement de
l’électricité causé par les sabotages des infrastructures menés par
les groupes armés, et les sanctions européennes. L’autosuffisance
alimentaire, le commerce ainsi que le soutien économique de la Russie,
de l’Irak et de l’Iran atténuent l’effet de la crise, permettant à
l’économie syrienne de résister.
Sur le plan militaire, les zones d’instabilité se limitent à des
poches rebelles réparties dans quatre provinces : Homs, Hama, Idlib et
Deraa. Les dix autres provinces restent relativement stables. Le
retard dans la reprise des quartiers rebelles de Baba Amr et Bab Sbah,
à Homs, découle de la volonté des autorités syriennes de ne pas
heurter les positions arabes, de ne pas embarrasser la Russie au
Conseil de sécurité, et, surtout, d’éviter les erreurs du passé.
Conscient des véritables rapports à l’intérieur de la Syrie qui ne
sont pas du tout en faveur de l’opposition, l’émir du Qatar, cheikh
Hamad ben Khalifa Al Thani, a proposé l’envoi de troupes arabes en
Syrie « pour arrêter l’effusion de sang », alors qu’il finance
l’armement des groupes extrémistes et leur accorde des tribunes
politiques et médiatiques. Mais sur le terrain, les pays arabes ainsi
que le Conseil de sécurité ne disposent d’aucun moyen pour forcer
l’envoi de troupes arabes ou étrangères en Syrie.
À cet égard, le chef de la diplomatie russe a fixé le cadre dans
lequel les puissances occidentales peuvent se mouvoir en espérant
obtenir le soutien de Moscou. Au cours d’une conférence de presse à
Moscou, Sergueï Lavrov a averti que la Russie était prête à user
encore une fois de son droit de veto pour bloquer toute résolution
dépassant les limites qu’elle a fixées pour gérer les dossiers syrien
et iranien. « Nous ne soutiendrons aucune sanction contre Damas », a-t-il dit, ajoutant que tout État qui souhaite une intervention militaire en
Syrie ne recevrait « aucun mandat du Conseil de sécurité de l’Onu ».
Si des États veulent « à tout prix recourir à la force, il est peu
probable que nous puissions nous y opposer. Mais que cela reste à leur
propre initiative et relève de leur conscience. Ils n’auront aucun
mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies »
, a ajouté le ministre
russe des Affaires étrangères.
Le Conseil national syrien (CNS), parrainé par l’Occident, la Turquie,
et les pétromonarchies du Golfe, ne dispose d’aucune stratégie, à part
exiger une intervention militaire étrangère contre la Syrie, voire
l’invasion du pays et l’établissement d’une zone d’une zone tampon
protégée par une zone d’exclusion aérienne.
Les appels des Frères musulmans à l’invasion de la Syrie constituent un
choix de guerre civile qui coupe la Syrie en deux camps
irréconciliables et rallie actuellement la majorité silencieuse et les
apolitiques au pouvoir.
Dans ce contexte, on voit mal comment l’Occident et ses alliés
régionaux pourront réaliser leurs objectifs en Syrie et ailleurs.

La tendance au Liban

La mission de Geagea et Gemayel : Amadouer les chrétiens d’Orient

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le ministre
turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sont impliqués dans un
nouveau projet de l’administration Obama et de ses alliés
régionaux qui consiste à éloigner les chrétiens d’Orient de l’axe de
la Résistance et de les convaincre de cautionner leur plan visant à
amener au pouvoir les Frères musulmans.
Le volet libanais de ce projet a été confié à l’ancien président de
la République, Amine Gemayel, qui a reçu Ahmet Davutoglu lors de sa
visite à Beyrouth les 14 et 15 janvier. Le ministre turc, qui avait
également visité le patriarche maronite, a déclaré que les « chrétiens
ne doivent pas payer le prix du printemps arabe »
. M. Gemayel parraine
ainsi les préparatifs pour l’organisation d’un sommet islamo-chrétien
à Ankara, consacré à tous ces thèmes.
Dans le même temps, des efforts tous azimuts sont en cours pour
promouvoir Samir Geagea au titre de « leader des chrétiens d’Orient » et
chef de file des minorités qui ne craignent pas le pouvoir des Frères
musulmans.
Un déplacement au Kurdistan irakien, devenu un fief du Mossad et de la
CIA, et un voyage en Arabie saoudite, ont été organisés à l’ancien
chef de guerre chrétien libanais. Il a certainement obtenu un fort
soutien financier à Riyad et reçu en cadeau des investissements
pétroliers au Kurdistan.
M. Geagea pourrait bientôt se rendre en Jordanie et peut-être en
Égypte, où il souhaite rencontrer le Pape copte Chénouda III. L’objectif est
de démentir la théorie selon laquelle le régime syrien protège les
minorités et de paver la voie au règne des Frères musulmans et de la
mouvance islamiste en général dans le monde arabe.
Samir Geagea n’a pas hésité longtemps avant d’accepter cette nouvelle
mission surtout qu’elle lui permettra de faire de la concurrence à
celui qu’il considère comme son éternel rival le général Michel Aoun.

Déclarations et prises de positions

 Nabih Berry, président du Parlement libanais

« Le grand complot contre la région porte le nom de Grand Moyen-Orient.
Il vise à attiser les divisions ethniques, religieuses et
confessionnelles. Jusqu’à présent, le Liban a réussi à écarter le
spectre de la discorde. D’aucuns critiquent la politique consistant à
se dissocier de la crise syrienne. Je suis convaincu que cette
politique sert les intérêts du Liban. Il est d’ailleurs curieux de
constater que ceux qui prônaient la neutralité du Liban il y a quelque
temps veulent aujourd’hui le voir prendre parti, sans tenir compte des
conséquences néfastes qu’une telle attitude pourrait avoir sur lui.
Une discorde ou une partition en Syrie n’auraient-elles pas des
conséquences sur le Liban. »

 Cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah

« La mission de Ban Ki-moon à Beyrouth a échoué. Les responsables l’ont
informé qu’ils n’acceptaient pas que le Liban soit utilisé comme base
arrière pour attaquer la Syrie et que son territoire soit transformé
en sanctuaire pour des groupes armés. Le gouvernement a protégé et
renforcé le Liban en adoptant la formule armée-peuple-résistance et en
refusant qu’il soit utilisé contre la Syrie. »

 Walid Joumblatt, leader druze libanais

« La Syrie est en train de glisser vers davantage de violence, et sans
doute une guerre civile, parce que le président Assad n’écoute
personne et n’entend pas les conseils de ceux qui appellent à un
changement à l’intérieur et ou à l’extérieur du pays. Les contacts
entre moi et Bachar al-Assad sont rompus depuis sept mois. A chaque
regain de violence, les risques de division augmentent entre la
majorité sunnite et la minorité alaouite, à laquelle le président
syrien appartient. Depuis le début de la crise, Assad a ignoré et
balayé d’un revers de la main des demandes américaines, chinoises et
russes, et même celles provenant de son ex-allié, le Premier ministre
turc Erdogan, convergeant toutes vers le même but : désamorcer la mèche
par l’application rapide de réformes politiques. Au lieu de cela,
Assad a évoqué un complot ourdi contre la Syrie et essayé de dynamiter
l’intifada populaire par la force. Il existe un lien politique et
familial très profond entre le président syrien et le Premier ministre
turc. Mais il n’écoute personne. L’initiative arabe reste le seul
espoir. Mais l’avenir est très sombre, à moins d’un miracle. »

Revue de presse

 As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité-20 janvier 2012)

Les empreintes de plus de quatre millions de Libanais sont aux mains
d’une entreprise française privée qui a conclu un partenariat avec un
établissement militaire israélien. Si le ministre de l’Intérieur
Marwan Charbel a assuré que cette base de données est la propriété du
ministère de l’Intérieur et qu’elle est conservée à la Banque du
Liban, une hypothèse doit toujours être prise en considération : il est
possible que cette base de données, au vu du partenariat entre la
société SAGEM et la société israélienne Elbit, soit parvenue depuis
longtemps aux mains de l’ennemi israélien.
Le ministre Charbel a affirmé ne pas être au courant du partenariat
précité, et a annoncé avoir l’intention de prendre toutes les mesures
nécessaires pour tirer les choses au clair : Si ces informations
s’avèrent bien fondées, il soulèvera immédiatement la question en
Conseil des ministres pour faire le nécessaire, en ayant en vue
l’intérêt suprême du pays. Selon des sources ministérielles, la
question sera soulevée par les deux ministres du Hezbollah lors de la
prochaine séance du Conseil des ministres. Mais ces sources ne pensent
pas que la question puisse donner lieu à un nouvel accrochage
gouvernemental.

 As Safir (20 janvier 2012)

Nabil Haitham
La Finul sera-t-elle affectée par l’onde de choc du séisme financier
en Europe ? Un haut responsable politique prend au sérieux l’hypothèse
selon laquelle le séisme ayant frappé, entre autres, la France,
l’Italie et l’Espagne, qui représentent la colonne vertébrale de la
Finul, certains pays membres de la force internationale pourraient se
retirer du Liban-Sud ou réduire leurs effectifs.
Selon le même responsable, certaines personnalités libanaises rentrées
dernièrement de Paris ont eu l’impression qu’une sérieuse réflexion
sur l’utilité du maintien en place des forces françaises à l’étranger,
au Liban ou ailleurs, est en cours. Et ce n’est pas sans rapport avec
la crise financière qui frappe l’économie française. Un responsable
libanais de haut niveau aurait même été informé que la France envisage
de retirer quelques centaines de soldats de son contingent. Ces
informations confirment celles transmises par des visiteurs français à
leurs interlocuteurs libanais : à cause de l’aggravation de la crise
économique, et de l’approche des élections législatives et
présidentielles, l’orientation générale va dans le sens du retrait des
soldats français du Liban.
Même si la France souhaite retirer ses Casques bleus, elle pourrait ne
pas être en mesure de le faire, selon un ancien diplomate libanais. En
effet, une telle initiative paralysera la Finul et sera un véritable
camouflet pour la résolution 1701. Par ailleurs, La France déclenchera
ainsi un effet domino et encouragera d’autres pays européens,
notamment l’Italie et l’Espagne, à lui emboîter le pas. Ensuite, la
France, en mettant fin à son rôle au sein de la Finul, serait en train
de rompre avec son rôle au Liban et sa relation historique avec ce
pays. Enfin, la Finul représente un facteur de stabilité au Liban-Sud
ce qui sert les intérêts aussi bien du Liban que d’Israël et ses
alliés occidentaux. Même si la France décide de retirer ses Casques
bleus, les Etats-Unis et Israël seront les premiers à l’en dissuader.

 As Safir (19 janvier 2012)

Haïfa Zéaïter
Nous ne pouvons ignorer le contrat de joint venture conclu entre SAGEM
et la société israélienne Elbit Systems au mois de septembre 2010. Le
ministère de l’Intérieur a tenté d’enrayer le scandale en faisant
paraître une mise au point pour rassurer les Libanais. Ce communiqué
précise que la société Morpho, entreprise du groupe SAGEM, « est
consciente du danger que représenterait une éventuelle fuite
d’informations »
Ces propos sont corroborés par le site électronique de
Morpho, qui met l’accent, sous le chapitre « éthique », sur la parfaite
confidentialité des informations. Toutefois, au plus fort de la guerre
qui fait rage aux niveaux technologique et militaire et sur le plan
des renseignements, nous ne pouvons ignorer l’entière disponibilité
dont ont toujours fait preuve les entreprises internationales et les
grandes sociétés œuvrant dans le domaine de la défense, prêtes à
déroger au code éthique pour servir les intérêts de certaines
puissances, Israël en tête. L’expérience libanaise regorge d’exemples
à l’appui. Il ne s’agit en aucun cas de lancer des accusations contre
SAGEM mais la question reste légitime étant donnée la nature des
services qu’elle propose à sa clientèle.

 As Safir (19 janvier 2012)

Le président du Conseil des ministres Najib Mikati a reçu hier une
délégation de la Campagne internationale pour la libération de Georges
Ibrahim Abdallah, qui a demandé au Premier ministre de soulever cette
affaire lors de sa prochaine visite en France. Un porte-parole de la
délégation, Bassam el-Kantar, a déclaré que la détention arbitraire de
Georges Ibrahim Abdallah a été évoquée pendant l’entretien : selon lui,
il s’agit d’une détention politique due aux pressions exercées par les
administrations israélienne et américaine sur les autorités
françaises. La délégation a demandé au président Mikati de demander
officiellement à l’Etat français de libérer sans plus tarder Georges
Abdallah. Le chef du gouvernement a promis d’évoquer ce dossier avec
les dirigeants français.

 As Safir (18 janvier 2012)

Le président de la République Michel Sleiman semble avoir dans son
viseur l’article 65 de la Constitution, selon lequel les questions
fondamentales requièrent l’aval des deux tiers des membres du
gouvernement. Il a appelé à un vote à la majorité dans le dossier des
nominations. « Plus d’une fois, j’ai considéré que le gouvernement
était peu productif, et c’est apparu par exemple dans le dossier des
nominations administratives. Nous avons établi un mécanisme ad hoc qui
n’a pas été respecté en raison des intérêts étriqués de certains
politiques et à cause du texte constitutionnel qui rend obligatoire un
vote à la majorité des deux tiers, ce qui est difficile à réaliser
compte tenu des différends politiques et des intérêts privés. Nous
considérons donc qu’il faut amender la Constitution pour restituer au
président de la République la prérogative de trancher la question des
nominations, en coordination avec le ministre compétent et les
organismes de contrôle. Le président de la République pourra ainsi
proposer les nominations au sein du Csl des ministres sur la base du
mécanisme dont il aura été convenu, le vote se faisant à la majorité
et non à la majorité des deux tiers. »

 An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)

Sabine Oueiss (19 janvier 2012)
La question de la reconduction du protocole du Tribunal spécial pour
le Liban (TSL) a été ouverte lors de la visite au Liban du secrétaire
général des Nations unies Ban Ki-moon à Beyrouth. Si la question n’a
pas été publiquement évoquée, cela ne veut pas dire pour autant que
cette reconduction sera automatique, d’autant plus qu’elle ne fait pas
l’unanimité. Le silence à ce propos est dû au fait qu’il est prématuré
d’en parler d’ores et déjà. Des concertations ont lieu au sein du camp
du 8-Mars pour examiner les mécanismes juridiques et constitutionnels
relatifs au dossier

 Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité-20 janvier 2012)

Nicolas Nassif
Selon des personnalités qui se sont récemment rendues à Damas, le
commandement syrien souhaite faciliter le travail des observateurs et
demeure attaché au protocole de coopération avec la Ligue arabe.
Toutefois, le régime syrien évoque avec ironie et rejette
catégoriquement la proposition de l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben
Khalifa Al Thani, d’envoyer des forces arabes en Syrie pour dénouer la
crise. Cette proposition sonne le glas de la mission des observateurs
afin de transférer le dossier syrien au Conseil de sécurité. Par
ailleurs, Damas semble miser sur l’évolution des positions de certains
membres de la Ligue arabe, qui commencent à exprimer des divergences
de vues avec le Qatar et l’Arabie saoudite. C’est notamment le cas de
l’Egypte, du Soudan, de l’Algérie, du Sultanat d’Oman et de l’Irak et
de la Jordanie.

 Al Akhbar (19 janvier 2012)

Pendant la réunion de la Commission parlementaire de l’Information et
des Télécommunications, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a
révélé des infractions relatives au contrat signé en 1996 entre le
ministère de l’Intérieur et la société française SAGEM, portant sur
l’émission de cartes d’identité libanaises. Depuis la signature du
contrat en 1996, selon le ministre, la société sauvegarde les
empreintes des citoyens dans les dossiers spécifiques consacrés aux
titres d’identité libanais –ce qui coûte 7 millions de dollars par an
au Trésor. Le ministre a annoncé avoir été informé par les autorités
concernées au ministère de l’Intérieur du fait qu’il ne peut ni
modifier ni résilier ce contrat : en cas d’abrogation du contrat, la
base de données des empreintes deviendra en effet la propriété de la
société et non de l’État libanais. Il a donc été obligé de maintenir
ce contrat, et tout ce qu’il a pu imposer, c’est « la réduction à 2
millions de dollars de son montant »
. Ce dossier a suscité de
nombreuses interrogations de la part des députés présents, sous
l’angle du préjudice qu’il cause à l’État libanais aux plans
sécuritaire, politique, financier et de souveraineté

 Al Akhbar (19 janvier 2012)

Bagdad, Alaa al-Lami
Selon des observateurs des affaires irakiennes, la visite effectuée
par le chef de la milice des Forces libanaises, Samir Geagea, au
Kurdistan irakien constitue un aveu de la part du président de la
province, Massoud Barzani, que les Kurdes sont devenus une partie
intégrante du camp des pays moyen-orientaux, qualifiés de
conservateurs, et qui sont alliés au États-Unis et à l’Occident. Le
véritable objectif de cette visite est économique et serait lié à
l’investissement dans le secteur pétrolier, affirment les journaux
irakiens kurdophones et arabophones. Des sources proches de dirigeants
influents à Bagdad assurent que l’autorisation donnée à Geagea et à
ses amis d’investir dans le secteur pétrolier au Kurdistan n’est autre
qu’un cadeau de « ses amis américains » qui sont intervenus auprès de
leurs alliés kurdes pour faciliter la chose. Ce cadeau est de la même
nature que celui offert par les Français à Walid Joumblatt en Libye.

 Al Akhbar (18 janvier 2012)

Ibrahim al-Amine
Georges Ibrahim Abdallah est, tout simplement, un otage aux mains des
autorités terroristes en France. Les gouvernements successifs là-bas,
ainsi que les dispositifs sécuritaire et judiciaire, se comportent de
manière terroriste, à la façon des gangs.
L’arrestation et le procès de Georges, puis l’interdiction de lui
rendre sa liberté sous prétexte qu’il a refusé de s’engager à cesser
son combat, ne dérogent pas au procédé terroriste adopté par ceux qui
agissent au nom de la force, et rien d’autre.
La France nous dit que c’est la force qui lui permet de continuer à
ôter sa liberté à un militant qui a haussé la voix et lutté pour faire
entendre la voix de ses concitoyens victimes d’une injustice. La
France nous dit qu’elle fait fi de toutes sortes de recours
juridiques, de tous les appels humanitaires, et de toute la
correspondance diplomatique, et qu’elle a décidé, toute seule, sa
force aidant, d’ôter sa liberté à un militant qui, en tant qu’être
humain, est à un niveau supérieur à tous ceux qui se sont succédé pour
gérer les autorités politiques, sécuritaires et judiciaires en France.
Le silence des élites cultivées, le silence de la presse, le silence
des associations de défense des droits de l’Homme en France, le
silence des Français vis-à-vis de ce crime, font d’eux tous des
complices dans ce crime qui est allé trop loin. La France est devenue
comme Israël, ni plus ni moins. La France nous dit : Faites ce dont
vous êtes capables pour libérer vos détenus dans nos prisons. Soit. La
route a été coupée, semble-t-il, et il paraît qu’il n’y ait plus
d’autres moyens que le recours au même procédé pour garantir la
liberté et la vie de Georges. C’est le procédé que choisissent ses
compagnons sans demander d’autorisation à un Etat qui ne remplit pas
son devoir vis-à-vis de ses citoyens. Ne sommes-nous pas ceux qui ne
laissent pas leurs détenus en prison ?

 Ad Diyar (Quotidien Libanais centriste-17 janvier 2012)

Johnny Mnayyar
Paris a rejeté une offre de l’ancien vice-président syrien Abdel Halim
Khaddam, qui propose la formation d’un gouvernement d’exil. M. Khaddam
s’est rendu vendredi 13 janvier au Quai d’Orsay avec une liste de
personnalités susceptibles de constituer un gouvernement syrien
d’exil. La réponse française a été que Paris ne reconnaît que le
Conseil national syrien et ne veut dialoguer avec l’opposition qu’à
travers le CNS.

 L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche de la Coalition du 14-Mars, édition du 19janvier 2012)

Selon des sources occidentales bien informées citées par l’agence
al-Markaziya, le président français Nicolas Sarkozy a informé les
dirigeants libanais par les canaux diplomatiques de sa volonté de
visiter le Liban « bientôt ». Selon ces sources, la date de cette visite
n’est pas encore fixée ; elle le sera sans doute au cours des
discussions qu’aura avec les responsables français au mois de février
le Premier ministre Najib Mikati, invité à se rendre à Paris par son
homologue François Fillon. M. Mikati sera naturellement reçu à
l’Élysée par le président Sarkozy afin d’évoquer, entre autres, les
derniers développements et autres rebondissements au Liban et dans la
région, ainsi que les relations bilatérales et l’avenir de la Finul à
l’aune du feuilleton d’attentats qui ciblent notamment le contingent
français assez régulièrement, et qui a poussé les Nations unies à
revoir la stratégie de mission : moins de Casques bleus, plus de
soldats libanais...
En attendant que la date de la visite de Nicolas Sarkozy soit
éventuellement fixée, les observateurs s’arrêtent sur l’impact de ce
déplacement et sur son timing, à l’heure où la région bouillonne,
surtout en Syrie. Le Liban est d’ailleurs devenu l’observatoire idéal
pour les Arabes et les Occidentaux, sachant que les autorités
libanaises continuent de privilégier une neutralité absolue par
rapport à ce qui se passe outre-Masna.

 Le Figaro (Quotidien français de droite, 22 janvier 2012)

Georges Malbrunot
Quelques heures après l’attaque qui a provoqué la mort de Gilles
Jacquier à Homs, mercredi 11 janvier, un dirigeant d’une organisation
des droits de l’homme de cette ville a confié à un responsable de
l’opposition syrienne en France qu’il s’agissait « d’une grosse ânerie »
commise par les adversaires de Bachar al-Assad. « Au téléphone, mon
interlocuteur, que je connais depuis de longues années, m’a dit en
arabe que c’était une "djahachaneh", c’est-à-dire une grosse bourde de
la part des opposants »
, nous a déclaré ce haut dirigeant de
l’opposition. Pour ce dernier, son interlocuteur savait qui était
derrière l’obus de mortier qui a tué sur le coup le journaliste de
France 2, en visite ce jour-là à Homs, l’épicentre de la révolution
contre le pouvoir d’Assad. « Peu après l’attaque, on a su assez
rapidement, dans certains milieux de Homs, qui avait tiré »
, ajouta la
source. Immédiatement après, opposants et pouvoir syrien s’accusèrent
mutuellement d’être responsables de la mort de Gilles Jacquier.
Ce responsable de l’opposition se confia le lendemain de l’attaque.
Mais il fallait disposer d’autres éléments avant que Le Figaro n’en
fasse état. Le même jour, jeudi 12 janvier, notre source transmit le
contenu de sa conversation avec son correspondant de Homs à Nabil
al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe. Dans le cadre d’un
plan de sortie de crise, l’organisation panarabe disposait
d’observateurs sur place à Homs. « Nous les avons sollicités afin que
toute la vérité soit faite sur cette affaire », confiait ce mercredi un
diplomate du Quai d’Orsay.
Sur le terrain, les recherches des observateurs arabes semblent avoir
progressé assez rapidement. Vendredi 21 janvier, un responsable de la
Ligue arabe déclarait au Figaro que « nous savons désormais qu’il y a
eu une bavure commise par l’Armée syrienne libre
(qui a coûté la vie
Gilles Jacquier, ndlr). Nous savons que les tirs sont venus de Bab
Sbah »
, un bastion de l’opposition, qui fait face à celui de Nouzha,
peuplé d’alaouites pro-Bachar, où a été tué Jacquier.
Pour des raisons de sécurité, le responsable de l’organisation des
droits de l’Homme à Homs et son correspondant de l’opposition en
France ont demandé à garder l’anonymat. Mais ce dernier est prêt à
témoigner devant une commission d’enquête. « J’attends qu’un juge
indépendant soit nommé, dit-il. Même si elle est en notre défaveur, la
vérité doit éclater. » Il confie avoir reçu, ces derniers jours,
d’autres appels téléphoniques de Homs, confirmant la thèse de la
bavure par l’Armée syrienne libre. Ces révélations contredisent
l’hypothèse d’une manipulation par le pouvoir syrien, alimentée par
les témoignages de plusieurs journalistes présents aux côtés de Gilles
Jacquier au moment de l’attaque. Ceux-ci faisaient état « d’éléments
troublants »
, comme le brusque départ des militaires en charge de leur
surveillance, au moment du premier tir d’obus. Pour eux, le régime
aurait voulu discréditer ses opposants en montrant au monde que les
journalistes étaient visés par des « gangs armés ».
Gilles Jacquier, 43 ans, se trouvait à Homs en compagnie de plusieurs
journalistes, suisses, belges et libanais. Leur séjour avait été
organisé par Sœur Marie-Agnès, une religieuse libanaise installée près
de Homs. Plusieurs Syriens ont également trouvé la mort ce jour-là
dans les quartiers de Nouzha et d’Akrima, touchés par plusieurs
projectiles en l’espace d’une demi-heure, peu après 15 heures. « Pour
moi, ces tirs venaient du quartier de Bab Sbah »
, assurait également
jeudi soir sur France 2 le photographe libanais Joseph Eid, de l’AFP,
qui se trouvait au sein du groupe de journalistes. Selon des membres
de l’opposition, les déserteurs de l’Armée syrienne libre possèdent
des obus de mortier.

Source
New Orient News