Le président Obama décore le milliardaire Warren Buffet, premier spéculateur mondial.

Les laboratoires militaires étasuniens ont peut-être inventé une substance qui, répandue dans l’air, fait perdre la mémoire. Ceci expliquerait pourquoi autant de voix de la gauche se sont unies à l’hymne à Barack qui est monté d’un large chœur multi-partisan, heureux parce qu’ « Obama y est arrivé ». Balayée l’idée qu’il puisse exister un monde différent du monde capitaliste, l’unique perspective reste celle du moins pire. Mais sommes-nous sûrs qu’Obama représente le moins pire ?

Pendant son administration —indique le New York Times à partir de données officielles— « les disparités de revenus aux États-Unis ont grimpé aux plus hauts niveaux de la Grande Dépression ». Après avoir provoqué par des spéculations financières la crise de 2008, étanchée par le gouvernement avec des centaines de milliards de dollars reversés des caisses publiques dans celles des banques, le 1 % plus riche s’est accaparé les 93 % des gains de la reprise. Et les super-riches (0,01 % de la population) ont quadruplé leurs revenus.

L’augmentation des taxes aux riches, qu’Obama a promise en revêtant pendant la campagne électorale le costume de Robin des Bois, sera très relative. C’est ce que confirme le boom des acquisitions, à Manhattan, des super-attiques à partir de 10 millions de dollars. En même temps, aux USA prolifèrent les « tent cities », les villages de tentes habités surtout par des familles de la middle-class dont les maisons ont été réquisitionnées par les banques créditrices.

Sur les secteurs les plus démunis retomberont les coupes dans les dépenses publiques, prévues pour 1 200 milliards de dollars en dix ans. L’école publique empirera encore, déjà exsangue à cause des coupes (mais sans préoccuper Obama, qui envoie ses filles dans de coûteuses institutions privées). L’assistance sanitaire restera précaire pour la majorité : la réforme tant pavoisée est un business lucratif pour les grandes compagnies d’assurance, qui reçoivent des centaines de milliards pour fournir une assistance sanitaire sur la base de mécanismes qui laissent en tous cas nombre de gens sans soins appropriés. De plus, les fonds de Medicare (l’assistance aux personnes âgées) seront amputés de 11 milliards de dollars en 2013. Et il ne reste pas trop d’espoir non plus pour les plus de 50 millions de citoyens, parmi lesquels 17 millions d’enfants, en condition d’ « insécurité alimentaire », c’est-à-dire n’ayant pas assez de nourriture à cause du manque d’argent, et qui ont augmenté pendant l’administration Obama de 12 % à plus de 16 % de la population.

Ceux qui ont par contre beaucoup d’espoir sont les chefs du Pentagone et les actionnaires des industries de guerre. Avec un Prix Nobel de la paix à la Maison-Blanche, la dépense militaire étasunienne a grimpé à plus de 700 milliards de dollars, la moitié environ de la dépense militaire mondiale. Ainsi le Pentagone peut-il garder « des forces militaires prêtes à se concentrer soit dans les guerres actuelles, soit dans les futurs conflits potentiels ». Le modèle est la guerre contre la Libye, que les USA adoptent pour essayer de désagréger d’autres États, dont la Syrie et l’Iran, qui font obstacle à leur avancée dans la région Asie/Pacifique. Une guerre de plus en plus secrète, conduite avec des forces spéciales et des drones, où le président rédige lui-même la « kill list » comprenant des personnes du monde entier qui, jugées nocives pour les États-Unis, sont condamnées à mort en secret.

Et tandis que Michelle Obama fait la promotion de la campagne « Thank an American Hero », en envoyant des cartes postales aux militaires en guerre, dans le Salento [1] on lui dédie un olivier millénaire, symbole de paix.


(*) Le titre de l’article reprend ironiquement celui d’une chanson dédiée à Silvio Berlusconi : Menomale che Silvio c’è ; vidéo officielle de l’hymne de campagne du Parti de la liberté.

Traduction
M.-A.
Source
Il Manifesto (Italie)

[1Région méridionale des Pouilles connue pour ses somptueux oliviers multi centenaires.