Le gouvernement allemand finance des études sur l’évolution des élites dans le monde arabe. L’une d’entre elles porte sur l’influence des Frères musulmans en Syrie.

Le document souligne l’impossibilité d’évaluer précisément la présence de la confrérie au sein des groupes considérés par l’Otan comme représentatifs de l’opposition, tant les Frères avancent masqués. Ainsi, si les 320 membres de la Coalition nationale syrienne ne comprennent que 20 Frères, ils sont en réalité 78, apparaissant sous couvert d’organisations de la société civile. A cela, il faut ajouter les différents groupes ayant fait alliance avec la confrérie, qui comportent non seulement des islamistes, mais bien d’autres, y compris des communistes.

Après avoir rappelé la critique, toujours largement formulée, selon laquelle la confrérie promeut son propre agenda sans tenir compte des attentes du peuple syrien, l’étude liste les différentes initiatives prises pour s’inscrire dans la vie politique : création en mars 2013 d’une publication diffuse dans les « zones libérées » Al-Ahd (L’Alliance), et annonce de la création dans les semaines à venir du Parti national pour la Justice et la Constitution.

Cependant, l’étude reste prudente sur l’objectif réel des Frères. Si l’échec du président Mohamed Morsi en Égypte a porté un dur coup à la crédibilité de l’« islam politique », et bien que la confrérie syrienne soit beaucoup plus pragmatique que l’égyptienne, son but reste l’édification d’une « société islamique juste » au sens de ses fondateurs. Dès lors, on doit prendre avec circonspection la présence dans ses instances publiques de leaders issus des minorités religieuses (notamment chrétiennes), voire d’athées.

Syrian Muslim Brotherhood, Still a Crucial Actor, par Petra Becker, Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP), octobre 2013, 8 p.