Le Ghana produit, consomme et exporte également un cannabis réputé pour sa forte teneur en THC. Ce sont des soldats ghanéens et nigérians qui, apr"s avoir combattu en Inde et en Birmanie dans les rangs de l’armée britannique, ont introduit cette culture en Afrique de l’Ouest à la fin de la deuxi"me guerre mondiale. L’herbe, connue dans le sud et le centre du pays sous le nom d’abonsam tawa (le tabac du diable), et plus généralement sous le nom de wee, pousse sur l’ensemble du territoire de mani"re "virtuellement incontrôlée", selon un fonc - tionnaire des Douanes. En général, les plantations, ou "ganja farms", n’exc"dent pas trois hectares, mais des rumeurs, qui n’ont pu être vérifiées, font état de surfaces plus importantes : on parle par exemple de 15 hectares protégés par la police locale dans les environs de Tamale, capitale régionale du nord du pays. Le cannabis peut être cultivé soit en alternance avec d’autres cultures (manioc, tomates et légumes divers), soit sous forme de monoculture dans des zones peu accessibles. Il permet deux ou trois récoltes annuelles. Certains trafiquants produisent un "haschisch" local en pulvérisant du cannabis avec un peu d’eau dans un mortier. On ajoute à la pâte ainsi obtenue de l’amidon de manioc pour obtenir une substance brun - noir, très malléable. Ce "haschisch", de pi"tre qualité, peut être plus facilement dissimulé lorsqu’il est destiné à l’exportation. Il est aussi consommé localement, fumé avec du tabac, dans la soupe, mais surtout dissout dans l’akpeteshe, le gin local (en général du vin de palme distillé). Cette boisson, à laquelle on prête des vertus aphrodisiaques, prend alors le nom de "bitters". Les consommateurs peuvent s’approvisionner en ville comme à la campagne. En 1995, un sac d’une vingtaine de kilos de cannabis coûte de 25 000 à 30 000 cédis (1 dollar US = 1 200 cédis) bord - champs. A Accra, la dose est appelée "wrap" ou "wrapper" car l’herbe est vendue enveloppée dans la feuille de papier qui servira à la fumer. La moins ch"re ñ deux à cinq grammes d’herbe non triée, c’est à dire contenant encore des graines et des morceaux de branches ñ coûte 100 cédis. Pour 1 000 cédis, on ach"te un packet, contenant principalement des sommités florales, encore en branche, et pesant environ 30 grammes. Dans les campagnes, les consommateurs sont surtout les ouvriers agricoles et les personnes âgées ; en ville, les chômeurs des quartiers défavorisés, les enfants des rues, les chauffeurs routiers, les chauffeurs de taxi, les dockers, les étudiants, les prostitués, les expatriés, les agents de police ñ surtout lorsqu’ils sont de service de nuit aux barrages routiers dans et autour des villes ñ, etc. Les militaires sont également de grands con - sommateurs de marijuana, particuli"rement en opérations. J. K. Afari, porte - parole du Ghana Narcotics Control Board estime, en l’absence de données précises, que le marché intérieur du cannabis absorbe environ 50 % de la production locale, le reste étant exporté. De fait, le marché ghanéen soutient de mani"re significative la production locale. Avec le développement des infrastructures touristiques, on assistera vraisemblablement, dans les années à venir, à un développement du narco-tourisme au Ghana. En ce qui concerne les exportations hors Afrique, il est probable que des quantités importantes de marijuana, passent par les ports de fret de Tema (port d’Accra) et de Takoradi (deuxi"me port du Ghana, à l’ouest, pr"s de la fronti"re ivoirienne), même si les saisies y sont rares. De l’aveu des fonctionnaires des Douanes, la surveillance des ports est pratiquement inexistante, et les centaines de bateaux de pêche opérant depuis les petites villes et villages côtiers ne sont jamais contrôlés. Il y a longtemps que certains pêcheurs ghanéens exportent du cannabis vers les pays voisins, et jusqu’en Angola où la guerre avait créé une forte demande. Les méthodes de contre - bande sont variées. La drogue est soit chargée directement sur des cargos au départ des ports de fret, soit acheminée par des bateaux de pêche vers des navires attendant en haute mer (correspondant de l’OGD au Ghana).
(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 46
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