« Un remède qui blesse plus qu’il ne soigne »

A Remedy That Harms More Than It Heals
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Haifa Zangana est une romancière britannico-irakienne.

[RESUME] Saddam Hussein est un dictateur meurtrier pour son peuple, mais une intervention anglo-américaine contre l’Irak pour le renverser n’amènera rien de bon.
L’auteur relate comment s’est déroulée son incarcération pour motifs politiques, en 1971, dans l’Irak dominé par le parti Baas, avant la prise de pouvoir par Saddam Hussein. Elle relate les tortures qu’elle a subi et les exécutions de ses amis. Elle sait que Saddam Hussein utilise toujours les mêmes méthodes aujourd’hui contre ses opposants.
Aujourd’hui réfugiée à Londres, elle ne veut pas que son pays d’adoption participe à une attaque contre l’Irak.
En 1991, les bombardements de la première guerre du Golfe ont surtout fait des victimes civiles. Les alliés ont appelé les Irakiens a renverser Saddam Hussein, puis les ont abandonnés. La population subit un embargo meurtrier et souffre encore des séquelles des armes américaines utilisées pendant le conflit.
Aujourd’hui les bombardements continuent et tuent toujours des civils.
Les États-Unis affirment vouloir ramener la démocratie en Irak, ce qui est louable, mais ils se moquaient bien de la démocratie quand ils fermaient les yeux sur les crimes de Saddam Hussein pendant la guerre Iran-Irak. Et le fait qu’ils soutiennent l’Iraqi National Congress (un groupe formé en 1990 par la CIA) est inquiétant sur leur conception d’une démocratie en Irak.
Le seul moyen de renverser Saddam Hussein est de cesser l’embargo. Le peuple irakien retrouvera alors sa combativité et le renversera sans aide extérieure.

« Un coût caché de la guerre en Irak »

A Hidden Cost of War on Iraq
The New York Times

[AUTEUR] Shibley Telhami est professeur de sciences politiques et de politique publique à l’University of Maryland et associé au Saban Center de la Brookings Institution.

[RESUME] La démocratie en Irak ne peut pas être obtenue grâce à un conflit armé. Si une guerre a lieu, la région entière commencera à rejeter tout ce qui apparaîtra comme un élément du modèle américain et la démocratie en fait partie.
Comment réagiront les États-Unis si des islamistes arrivent au pouvoir par le biais d’une élection libre ?
S’ils veulent amener la démocratie dans ce pays du monde, c’est en représentant un modèle de démocratie qui donne envie d’être suivi, pas en utilisant leur armée.

« La soif de pétrole des États-Unis heurte les musulmans modérés »

U.S. Oil Thirst Vexes Moderate Muslims
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Mark Lenzi est un ancien volontaire des Peace Corps et a été ingénieur en environnement à Bakou en Azerbaïdjan, pour le Fulbright Scholar Program.

[RESUME] Le début de la construction d’un pipeline reliant l’Azerbaïdjan à la Turquie pourrait finalement affecter la vie de l’Américain moyen bien plus qu’une guerre en Irak.
Pour les musulmans modérés vivant près de ce pipeline, cette construction est une catastrophe écologique dont ils ne retireront aucun bénéfice. Les retombées économiques positives reviendront exclusivement à des dirigeants politiques corrompus, soutenus par les États-Unis.
Cette situation fera naître parmi ces populations un fort sentiment anti-américain qui les poussera peut-être à commettre des actions violentes.
Ce pipeline est le symbole de l’incompréhension des États-Unis envers les population de ces régions.

« Aidez-nous à arrêter la guerre »

Help Us To Stop The War
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Scott Ritter a été inspecteur en désarmement en Irak, de 1991 à 1998, et chef de l’équipe de recherche sur les caches d’armes.

[RESUME] L’auteur est Républicain et a voté pour Bush à la dernière élection présidentielle américaine. Pourtant, il est maintenant aux côtés des opposants à la guerre du Parti travailliste britannique.
Profondément légaliste, il estime que le vote par le Congrès qui donnerait à Bush le droit de faire la guerre en Irak serait anti-constitutionnel et irait à l’encontre des traités signés par les États-Unis.
La Charte des Nations Unies prévoît qu’un pays ne peut faire la guerre que pour se défendre ou dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité. Aucune guerre ne peut avoir pour but de renverser un régime politique. Les États-Unis sont sur le point de transgresser toutes ces règles.
Si Bush veut légalement renverser Saddam Hussein, il doit réussir à le faire inculper de crime contre l’humanité. Mais pour cela, il faudrait qu’il reconnaisse la loi internationale et il s’y refuse.

« Un rôle remodelé pour l’ONU »

A Reshaped Role for the U.N.
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Mickael Mac Faul est professeur de sciences politiques à l’université de Stanford, membre de la Carnegie Endowment for International Peace et de la National Endowment for Democracy. Cette dernière fondation a été créée par le président Reagan et a pour vocation de soutenir les groupes sur lesquels la CIA pourra s’appuyer pour réaliser des coups d’Etat dans les pays étrangers. Il est également consultant pour de nombreuses compagnies et agences gouvernementales américaines.

[RESUME] L’ONU est inefficace sur bien des questions car elle est incapable de faire appliquer ses décisions et ses traités.
Les traités de l’ONU ne doivent pas être vus comme des lois internationales, mais comme des contrats. Dans le monde économique, dans la rédaction d’un contrat, les plus forts ont plus de poids que les plus faibles.
Pour que l’ONU fonctionne réellement, il faut que tous les pays comprennent qu’ils seront gagnants à s’associer, mais que certains y gagneront plus que d’autres. Les États-Unis apportent plus à l’ONU que les autres pays, donc il est normal qu’ils en reçoivent plus. Comme ils sont les seuls à pouvoir faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité, il est normal que leur voix soit plus entendue.
Le contrat liant l’ONU aux États-Unis doit être redéfini sur la question irakienne. Si l’ONU refuse une intervention américaine, les États-Unis iront quand même combattre Saddam Hussein et l’ONU en sortira affaiblie. En revanche, si l’ONU accepte une intervention américaine en Irak, l’attaque sera légitimée et l’ONU pourra prétendre jouer un rôle dans la reconstruction de l’Irak.
Tout le monde y gagnera et l’un des régimes les plus détestables du monde sera abattu.

« Ne vous contentez pas de le combattre, inculpez-le ! »

Don’t Just Fight Him ; Indict Him
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Michael P. Scharf est un ancien conseiller sur les questions liées à l’ONU au département d’État, il est professeur de droit international et directeur du bureau de recherche sur les crimes internationaux à la Case Western Reserve University.

[RESUME] La guerre en Irak va avoir lieu, mais il faut savoir ce que l’on fera de ce pays par la suite.
En 1945, le procès de Nuremberg et, plus récemment, le procès de Milosevic ont permis aux États-Unis de justifier leurs actes nécessaires, tels que le bombardement de Dresde ou l’utilisation de bombe à l’uranium appauvri, dans le combat mené contre ces régimes criminels. Il faut qu’un tel procès ait lieu pour Saddam Hussein après que les États-Unis l’aient renversé.
Il faut rendre le Tribunal de La Haye permanente et la charger de juger tous les crimes contre l’humanité. Pour ce qu’il a fait lors de la guerre contre l’Iran et lors de l’invasion du Koweït, Saddam Hussein est déjà passible d’une inculpation par ce tribunal. Il est nécessaire que le Conseil de sécurité de l’ONU accorde ce droit d’inculpation au Tribunal de La Haye.
Pour cela, il faudra convaincre la France et la Russie, qui ont tous deux de grands intérêts dans les pétroles irakiens. Il faut les convaincre que Saddam Hussein continuera à bafouer les résolutions de l’ONU et que c’est le seul moyen d’en finir avec lui.

« Le paradoxe du pouvoir »

The Power Paradox
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Christopher Layne est chercheur associé au Cato Institute à Washington.

[RESUME] Depuis la chute de l’URSS, les États-Unis sont la seule superpuissance au monde. Ils agissent comme le ferait un groupe monopolistique sur un marché économique : ils tentent d’écraser tout concurrent potentiel avant qu’il n’émerge.
Cette stratégie ne s’applique pas qu’aux pays "ennemis" mais également aux anciens alliés, tels le Japon et l’Europe de l’Ouest. Son objectif est d’empêcher tout pays de pouvoir rivaliser militairement avec les États-Unis.
Bien que de nombreux think tanks affirment qu’un monde dominé par une seule puissance est un monde plus sûr et qu’il s’agit là d’une situation durable, on peut en douter.
Tout État a un instinct de conservation et une volonté de défendre sa souveraineté. L’existence d’une seule puissance hégémonique lui apparaît comme une menace. Il se fédère donc avec d’autres pour résister ensemble. C’est ainsi qu’ont été affaiblis tous les empires dans l’Histoire.
Le débat sur la guerre en Irak amène de nombreux États à s’interroger sur les risques que représente l’absence de contrepoids face à l’hégémonie états-unienne. Cela va sans doute susciter des coalitions anti-américaines.
Toutefois, ce qui fait chuter les empires, c’est moins ce type de coalition que l’attitude interne des dirigeants des pays dominants. Si les politiciens américains conservent l’arrogance qui est la leur en ce moment, nulle doute que la chute de l’empire sera rapide.

« Des réformes basées sur le réalisme »

Reforms Based on Realism
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Bradley O. Babson est ancien représentant de la Banque mondiale au Vietnam. Il est aujourd’hui consultant de la Banque mondiale et des Nations Unies sur les questions asiatiques à Washington.

[RESUME] Une première rencontre entre James Kelly, le sous-secrétaire d’État pour l’Asie du Sud-Est, et des représentants du gouvernement Nord-Coréen a eu lieu ce week-end.
Bien que la Corée du Nord fasse partie de "l’Axe du Mal", Washington et Tokyo ont finalement décidé de répondre favorablement aux demandes de dialogues de Pyongyang.
Il faudra être patient avec la Corée du Nord, mais elle est en train de changer.
Suivant l’exemple chinois, ce pays a installé des zones franches sur son territoire, est en train d’amorcer des discussions de paix avec la Corée du Sud et, plus surprenant, a reconnu avoir commis des erreurs diplomatiques par le passé.
Il faut changer d’état d’esprit et repenser nos relations d’une façon plus pragmatiques.

« On ferait mieux de laisser rouiller le " Félix de fer " »

Iron Felix Should Be Left to Rust
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Kathryn Stoner-Weiss est professeur de sciences politiques et de questions internationales à l’Université de Princeton.

[RESUME] Youri M. Louzkov, le maire de Moscou, a donné récemment son accord au rétablissement sur une place de sa ville d’une statue de fer géante en l’honneur de Félix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka, ancêtre du KGB.
Derrière cette initiative apparaît la main de Poutine, président apprécié par Bush, mais ancien espion du KGB.
Poutine a réussi à convaincre les Russes qu’ils ne devaient pas avoir honte en bloc de leur passé soviétique. C’est pourtant le pire aspect de ce passé qu’incarne ce Félix Dzerjinski à qui on va rendre hommage.
Le retour de l’utilisation de ce symbole n’est pas à prendre à la légère pour le futur des relations américano-russes.

« Tellement de pays, si peu de jolies bombes »

So Many Countries, So Few Smart Bombs
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Bruce Stockler est écrivain. Son dernier livre, I Sleep at Red Lights : A True Story of Life After Triplets, sortira en 2003.

[RESUME] L’auteur brocarde avec humour la rhétorique belliciste américaine. Pour lui la seule raison qui pousse les États-Unis à faire la guerre est le prix du baril de pétrole.