La commission estime que l’on peut constater plusieurs manquements dans le fonctionnement et dans les structures des Nations unies à l’occasion de l’opération MINUAR. Ces lacunes et ces manquements concernent tant la genèse de la décision que le fonctionnement du secrétariat pendant l’opération.

En ce qui concerne la genèse de la décision, la commission estime que les membres permanents du Conseil de sécurité, et en particulier les États-Unis, ont trop pesé dans une décision où la réussite de la mission a été souvent subordonnée aux intérêts propres et souvent contradictoires des membres du conseil. En ce qui concerne la MINUAR, le processus décisionnel n’a pas suffisamment tenu compte des rapports disponibles concernant les violations des droits de l’homme. Le rapport du rapporteur spécial des Nations unies, M. Ndiaye, par exemple, qui date d’août 1993 et dans lequel on utilise pour la première fois, pour qualifier de nombreux massacres, le terme de " génocide ", n’a été discuté qu’en mars 1994 au sein des organes ad hoc des Nations unies. Enfin, la grande majorité des membres du Conseil de sécurité ne s’intéressaient guère au dossier rwandais et étaient encore moins disposés à fournir des troupes à la MINUAR.

Tout cela a vidé de sa substance le mandat tel qu’il avait été prévu dans les accords d’Arusha et entraîné une limitation du nombre d’effectifs engagés.

La commission estime que les gouvernements des pays membres permanents du Conseil de sécurité portent une lourde responsabilité en la matière.


Source : Sénat de Belgique