« Modérés contre extrémistes »

Moderates against extremists
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Angel M. Rabasa est analyste politique et spécialiste de l’Indonésie à la Rand Corporation.

[RESUME] Le gouvernement indonésien a longtemps hésité à prendre des mesures concrètes contre le terrorisme. Après l’attentat de Bali, la présidence indonésienne a enfin donné aux forces de l’ordre les moyens légaux nécessaires à la lutte contre les organisations terroristes, et notamment la Jemaah Islamiyah, groupe connecté à Al Quaïda. Désormais, les forces de l’ordre ont le droit d’arrêter les suspects sans charges. Ces mesures ont déjà permis le démantèlement de quelques cellules terroristes.
Ces dispositions ont été critiquées par les mouvements islamistes, qui prétendent qu’elles sont imposées par les pays étrangers, mais elles ont le soutien des partis musulmans modérés.
L’Indonésie ne doit pas relâcher la pression sur les terroristes et la communauté internationale doit lui donner les moyens de prendre une part active à la lutte contre le terrorisme.

« Mettre fin au cauchemar tchétchène »

Mettre fin au cauchemar tchétchène
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Ievgueni Primakov est ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères russe.

[RESUME] La récente prise d’otage de Moscou montre au monde que la Tchétchénie est un front important dans la guerre internationale contre le terrorisme. Cette région doit rester partie intégrante de la Fédération de Russie, mais cela ne pourra pas être obtenu par la seule force militaire, des décisions politiques doivent être prises.
Il convient, tout d’abord, pour engager des pourparlers de séparer les Tchétchènes pacifiques des bandits rebelles, ce qui ne sera pas facile. Par la suite, il faudra amener les différents groupes à la table des négociations tout en demandant l’aide de la communauté internationale pour s’assurer que les rebelles ne profitent pas d’un cessez-le-feu pour se renforcer. Ce cessez-le-feu ne s’appliquera pas aux troupes russes qui combattront les groupes de bandits qui auront décidé de continuer leurs attaques pendant les négociations.
Les discussions ne devront pas être menées par des militaires, mais par des civils mandatés par le pouvoir politique. Ils auront également la possibilité de donner leurs instructions à l’armée et de réprimander les officiers russes qui maltraitent les populations civiles.
Tout cela, ne sera pas facile à mettre en place et la communauté internationale doit aider la Russie. La lutte contre le terrorisme international ne doit pas être qu’une aide des Russes aux Américains en Afghanistan, les États-Unis doivent aussi aider la Russie en Tchétchénie.

« Dans les brumes de la guerre, une plus grande menace »

In the Fog of War, a Greater Threat
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Daniel Benjamin est associé au Center for Strategic and International Studies et co-auteur de The Age of Sacred Terror. Il a été membre du National Security Council (1994-1999) sous l’administration Clinton.

[RESUME] Quel sera l’impact d’une guerre en Irak sur la guerre au terrorisme ? Contrairement à ce que prétend l’administration Bush, les deux conflits n’ont rien à voir entre eux. Tous ceux qui pensent que le laïc Saddam Hussein pourrait donner ses armes aux terroristes islamistes se trompent. Le dictateur irakien ne serait susceptible d’une telle alliance que s’il était vraiment acculé et qu’il devenait, dès lors, prêt à aider tous les groupes anti-américains.
En revanche, une attaque contre l’Irak serait perçue dans le monde musulman comme une nouvelle étape de la guerre des États-Unis contre l’Islam et renforcerait les groupes fondamentalistes. De plus, une invasion américaine dans ce pays permettra sans doute à certains militaires irakiens de prendre possession d’armes de destruction massive et de les vendre au plus offrant, ce qui serait l’inverse de l’effet recherché.
Toutes ces raisons doivent elles dissuader d’attaquer l’Irak ? Cela dépend de l’avancée du programme nucléaire irakien. Toutefois, des frappes américaines risquent de faire perdre de vues les vraies priorités.

« Un écran de fumée sur les inspection d’armes »

Smoke screen on weapons inspections
The Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Newt Gingrich est ancien président de la Chambre des représentant. Il est actuel membre du Defense Policy Board, un groupe de conseiller du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. (le site de Newt Gingrich)

[RESUME] Le secrétaire général de l’ONU est en train de préparer un plan d’inspection de l’Irak. Si ce plan est accepté, il rendra le renversement de Saddam Hussein plus difficile, voire impossible. Les inspections seront lentes, inefficaces et Saddam Hussein en profitera pour se renforcer.
Les précédents inspecteurs ont été très conciliants avec Bagdad par le passé. Aujourd’hui, ces inspecteurs refusent que des citoyens britanniques ou américains prennent part à ces inspections, mais comment pourrions-nous avoir confiance dans les résultats obtenus en l’absence de Britanniques ou d’Américains ?
Il est urgent d’agir et de demander que le Conseil de sécurité prennent des résolutions fermes, faute de quoi la menace représentée par Saddam Hussein s’accroîtra.

« La France défend l’ordre global »

France is defending global order
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Jacques Amalric est directeur de la rédaction du journal Libération.

[RESUME] La déclaration de Jacques Chirac contre une intervention en Irak ne veut pas dire qu’il est revenu à ses anciennes amours irakiennes des années 70. Ce que défend le président français c’est un ordre international menacé par la doctrine des frappes préventives.
En privé, les ambassadeurs français à l’ONU estiment que l’Irak ne respectera jamais les règles, extrêmement strictes, des inspections et que c’est seulement après une infraction irakienne inévitable que la France acceptera une résolution autorisant l’usage de la force contre Bagdad. Le Conseil de sécurité conservera ainsi sa légitimité et sa crédibilité.
L’Irak n’est pas le seul point de désaccord entre la France et les États-Unis ; la carte blanche donnée à Ariel Sharon par George W. Bush irrite également l’Elysée.
Pour le président français, frustré d’un vrai statut international par cinq ans de cohabitation, ces deux points de désaccord avec Washington sont l’occasion de revendiquer une Europe plus forte face aux Etats-Unis. On remarque néanmoins que Jacques Chirac ne soutient cette position que lorsqu’elle peut servir les intérêts de la France ou les siens.

« Le Pakistan a quelques choix difficiles face à lui »

Pakistan has certain stark choices ahead
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Husain Haqqani est membre du Carnegie Endowment for International Peace à Washington. Il a été conseillé des Premiers ministres pakistanais Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, puis ambassadeur du Pakistan au Sri Lanka.

[RESUME] Les États-Unis ont affirmé que le Pakistan avait pu aider la Corée du Nord dans son programme nucléaire. Ces allégations ont été démenties par Pervez Musharraf, tout en n’excluant pas l’idée que cela aurait pu être possible à l’époque où un gouvernement civil était au pouvoir.
Les imputations de Washington pourraient fournir la base juridique de sanctions contre Islamabad, sanctions d’autant plus dures que le Pakistan dépend énormément de l’aide américaine.
Il faut noter que l’accusation états-unienne intervient au moment où les partis musulmans anti-américains ont emporté les élections, créant une dichotomie entre un pouvoir militaire fort et un parlement faible, mais jouissant d’un soutien populaire.
Cette situation n’est pas sans rappeler ce qui s’était passé au tournant des années 80-90. Le Pakistan avait développé des armes nucléaires sous la direction d’un gouvernement militaire, mais Washington avait attendu l’arrivée au pouvoir de civils élus pour prendre des sanctions.
De fait, pour les États-Unis, seuls les militaires pakistanais sont des alliés. Pourtant, si Bush veut faire du Pakistan un allié à long terme, c’est la démocratie qu’il devrait soutenir.