« À cause des hésitations »

Because of the stammering
Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] Shimon Peres est ancien Premier ministre travailliste israélien (1995-96) et récent ministre des Affaires étrangères démissionnaire du gouvernement Sharon. Il a reçu le Prix Nobel de la paix en 1994.

[RESUME] Israël vit une situation économique difficile qui ne pourra être résolue que si cet État connaît enfin la paix et attire à nouveau les investisseurs étrangers. Cette paix ne sera possible qu’à cinq conditions :
 Il faut faire participer l’Autorité palestinienne à la lutte contre le terrorisme en reprenant les négociations sur la base du nouveau plan de paix proposé par la communauté internationale.
 Les négociations doivent reprendre en vue de la création d’un État palestinien. Simultanément (et non préalablement), il faut entreprendre une réforme des institutions palestiniennes et il faut qu’elles conduisent des actions communes antiterroristes. On ne doit plus conditionner les discussions à la réalisation des deux derniers objectifs.
 Il faut arrêter la construction de toute nouvelle colonie et discuter avec les Palestiniens du démantèlement des anciennes.
 Ces négociations ne doivent pas attendre et commencer le plus vite possible.
 Sur la base de ces discussions, il faut développer les échanges économiques et diplomatiques avec les autres pays de la région.
Ces cinq conditions n’ont pu être remplies en raison des hésitations de la droite israélienne. C’est pourtant la seule solution pour sortir Israël du marasme économique.

« Apocalypse now »

Apocalypse now
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Faisal Bodi est commentateur des questions musulmanes et rédacteur de Ummahnews.com.

[RESUME] Les médias occidentaux ont attribué la responsabilité de l’attentat de Bali à la Jemaah Islamiyah alors même que son chef, Abu Bakar Ba’aysir, a condamné l’attentat en affirmant que ceux qui avaient le plus à gagner dans l’explosion de la boîte de nuit étaient les États-Unis.
Quels que soient les vrais coupables, tout comme pour le 11 septembre, les victimes seront finalement les musulmans. La guerre au terrorisme s’apparente à une guerre à l’Islam et cette guerre s’est manifestée partout dans le monde, y compris dans la minuscule île Maurice.
Le 11 septembre a été un cadeau de Dieu pour les dirigeants mauriciens qui s’en sont servis pour persécuter le chef du principal parti musulman du pays, sur la base de témoignages douteux qui l’accusaient de meurtre et de complot.
La guerre au terrorisme a placé le musulman ordinaire dans une situation apocalyptique de guerre entre l’Islam et le monde judéo-chrétien, bien dangereuse pour la paix et la sécurité de tous.

« Apprendre une leçon du ramadan »

Learning a Lesson for Ramadan
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Asma Gull Hasan est l’auteur de American Muslims : The New Generation.

[RESUME] La période de ramadan est une période de fête et de prière, une période durant laquelle les musulmans pratiquent l’aumône et aident les pauvres.
À la veille du ramadan, aux États-Unis, les musulmans ont peur d’être vus en train de pratiquer leur foi ou de donner l’aumône par le biais d’associations caritatives musulmanes. Ils craignent d’être perçus comme des terroristes ou des bailleurs de fonds de réseaux islamistes.
Depuis les déclarations du révérend Jerry Falwell, selon laquelle Mahomet était un terroriste, ou du révérend Franck Graham, présentant l’Islam comme une religion maléfique, les musulmans ne sont plus vus de la même façon aux États-Unis. Ils ont dû apprendre la discrétion.

« Tout est juste dans la guerre, dans la paix, allez au tribunal »

All Is Fair in War ; in Peace, Go to Court
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jonathan Turley est professeur de droit à la George Washington University. Il a récemment réalisé une étude sur la doctrine Feres.

[RESUME] Aux États-Unis, il est impossible à un militaire ou à sa famille de porter plainte contre l’armée pour mauvais traitement ou mauvais soins. On lui oppose la sécurité nationale et une prétendue atteinte au fonctionnement des prises de décisions militaires. Les civils ont ce droit, pas les militaires.
En 1946, le Congrès des États-Unis avaient adopté une loi qui interdisait à des militaires de porter plainte contre l’armée ou le gouvernement pour des dommages qu’ils auraient subis en temps de guerre. En 1950, la jurisprudence Feres (également appelée "doctrine Feres") avait étendue cette interdiction aux temps de paix.
Il est temps d’abroger cette disposition. À une époque où l’administration Bush affirme qu’il n’y a rien de trop bon pour nos hommes en uniformes, il faut au moins leur donner l’égalité des droits.

« Russie et Tchétchénie : le fossé »

Russie et Tchétchénie : le fossé
Le Monde (France)

[AUTEUR] Silvia Serrano est chercheuse à l’Observatoire des États post-soviétiques de Paris et membre du Comité Tchétchénie, une association luttant pour l’arrêt des conflits dans ce pays.

[RESUME] La guerre en Tchétchénie se poursuit, dans l’indifférence de la communauté internationale depuis la fin de la prise d’otage de Moscou.
Quelles sont les raisons qui poussent la Russie à y faire la guerre ? La Tchétchénie a perdu son caractère stratégique depuis qu’un nouveau pipeline la contourne. L’effet domino tant annoncé pour les autres républiques du Caucase n’a pas eu lieu. La population russe a accepté le principe d’une indépendance du pays depuis 1996, date à laquelle les quotidiens russes ont commencé à traiter de la Tchétchénie dans leur rubrique "politique étrangère".
La seule raison qui demeure, c’est l’obstination de Vladimir Poutine, élu grâce à une image d’homme fort, en partie grâce au conflit, et le mépris des militaires russes pour la vie humaine.
Chaque jour qui passe accroît le fossé entre les Tchétchènes et les Russes et éloigne la possibilité d’une paix juste. En outre, la guerre peut déstabiliser tout le Caucase.
L’Union européenne a détourné son regard de cette région et, ce faisant, a conforté Moscou dans sa politique belliqueuse. Il est grand temps qu’elle impose sa médiation.