« Il n’est pas temps d’y aller seul »

No Time to Go It Alone
Washington Post (États-Unis)

[AUTEURS] Alexandr Vondra est vice-ministre des affaires étrangères tchèque et ancien ambassadeur aux États-Unis. Il est commissaire du sommet de l’OTAN à Prague. Sally A. Painter est directrice de l’organisation du sommet de Prague et directrice international du Downey McGrath Group Inc, un groupe de conseil en stratégie politique.

[RESUME] Alors que s’ouvre cette semaine, à Prague, un sommet de l’OTAN sur l’extension d’organisation, c’est toute la relation entre l’Amérique et l’Europe qui est en question. Les pays européens espèrent de plus en plus construire leur système de défense sans les États-Unis alors que, dans le même temps, l’anti-américanisme progresse dans la gauche européenne. De leur côté, les États-Unis, qui considéraient l’Europe comme leur principal allié pendant la Guerre froide n’y attachent plus la même importance maintenant qu’ils sont la seule superpuissance au monde.
Malgré ces point de vue divergents, l’Europe a encore besoin des États-Unis pour assurer la stabilité globale et les États-Unis ont besoin de l’Europe pour les soutenir lorsqu’ils sont engagés pour longtemps dans des régions lointaines. La fin de la Guerre froide n’a pas rendu le monde plus sûr car la menace est désormais plus diffuse et, face à ces dangers, il faut conserver une coopération militaire forte.

« La transformation de l’OTAN »

La transformation de l’OTAN
Le Figaro (France)

[AUTEUR] George Robertson est secrétaire général de OTAN. Il a été secrétaire à la Défense du Royaume-Uni (1997-1999). Sa tribune, publiée ici par Le Figaro est d’abord paru dans Project Syndicate, au début du mois.

[RESUME] L’OTAN peut-elle se réorganiser pour faire face aux nouvelles menaces terroristes ? La semaine prochaine, lors du sommet de Prague, les États membres répondront à cette question par un " oui " unanime.
Certains Américains estiment que les États-Unis n’ont plus besoin de l’Europe et certains en Europe pensent que les États-Unis sont engagés dans la voie sans retour de l’action unilatérale. Pourtant, au vu des évolutions récentes en matière de sécurité globale, c’est plus que jamais aux systèmes de défense internationaux d’y faire face. La réforme de l’OTAN permettra :
 de lutter contre le terrorisme, désormais internationalisé
 d’améliorer les moyens militaires en créant une force de réaction rapide de l’OTAN et en développant les capacités d’actions lointaines et longues
 d’inviter de nouveaux membres à rejoindre l’organisation pour en finir avec la vieille division de l’Europe et renforcer l’Alliance.
 d’approfondir les partenariat pour lutter contre le terrorisme et répondre aux problèmes rencontrés par chaque membre
 d’améliorer les relations entre l’OTAN et la Russie, initiées lors du sommet de Rome.

« Les États-Unis doivent se réveiller et utiliser Al Jazira »

US should wake up and use Al-Jazeera
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Mohammed el-Nawawy est professeur de communication au Stonehill College à Easton, dans le Massachusetts. Il est co-auteur de Al-Jazeera : How the Free Arab News Network Scooped the World and Changed the Middle East.

[RESUME] Les États-Unis ont appris de la guerre en Afghanistan que gagner la bataille de l’information est au moins aussi important que gagner sur le terrain. Aussi, dans la lutte qu’ils mènent au Proche-Orient, les États-Unis doivent apprendre à plus communiquer avec Al Jazira et vaincre leur appréhension vis-à-vis d’une télévision perçue, à tort, comme anti-américaine.
Créée en 1996, Al Jazira a une approche de l’information nouvelle dans le monde arabe et est indépendante financièrement grâce à l’émir du Qatar. Elle a gagné le respect des téléspectateurs arabes grâce à la qualité de ses programmes d’information.
Pendant la guerre en Afghanistan, certains officiels états-uniens sont venus s’exprimer sur cette chaîne, mais leur discours trop formel et trop bref et leur refus de débattre avec des invités arabes n’ont pas plu au public.
Pour s’attirer les bonnes grâces de la population arabe, l’administration Bush a dépensé trente millions de dollar pour créer le Middle East Radio Network, plus connu sous le nom de Radio Sawa. Toutefois, il ne s’agit pas d’une radio d’information puisqu’elle ne passe que cinq minutes d’information toutes les demi-heures et ce n’est pas en leur faisant écouter Britney Spears que les États-Unis parviendront à conquérir le cœur des Arabes. S’ils veulent gagner la bataille de l’information, ils doivent utiliser Al Jazira.

[CONTEXTE] Selon Arabicnews.com, une tentative de coup d’État militaire contre le Sheikh Hamad bin Isa al-Khalifa al-Thani aurait été déjouée par les États-Unis le 12 novembre dernier. Depuis lors, l’émirat semble être passé sous contrôle direct de Washington. Un quartier général de l’US Central Command y est en cours d’installation en vue d’attaquer l’Irak. Selon le quotidien saoudien Al-Watan, l’évolution du Qatar aurait suscité des réactions si vives chez ses voisins que, le 6 novembre, la Ligue arabe aurait envisagé de l’exclure (article d’Al-Watan). En outre, l’accord signé le 10 novembre entre le Qatar et le Paraguay est interprété par les chancelleries comme une opération de couverture pour les services secrets états-uniens en Amérique latine. Dans ce contexte, l’indépendance d’Al-Jazira peut être mise à mal.

« Est-ce que Sharon autorisera la création d’un État palestinien »

Does Sharon sanction a Palestinian state ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Yossi Ben-Aharon est ancien directeur de cabinet du Premier ministre israélien Yitzhak Shamir.

[RESUME] Dernièrement, Ariel Sharon a déclaré qu’un État palestinien était déjà un fait établi. Sharon a beau dire que les Palestiniens ont déjà un président, un gouvernement et une assemblée, ils n’ont ni frontières reconnues, ni capitale, ni territoire souverain. Ils n’ont donc pas d’État.
Ce qui est inquiétant dans cette déclaration, c’est la volte-face de Sharon qui semble souscrire à l’idée d’un État palestinien. Alors qu’auparavant, il avait présenté Arafat comme le Ben Laden d’Israël, il semble désormais soutenir une option à laquelle s’oppose tout son parti. Cette déclaration n’a peut-être pour but que d’attirer les électeurs de gauche, mais il s’agit quand même d’une violation de la charte du Likoud.
Sharon doit s’amender ou bien les partis de droite et de centre droit devront lui retirer leur soutien. En effet, toute personne réaliste sait bien qu’un État palestinien ne serait qu’une entité terroriste, accolée à Israël, qui passerait des accords avec les États voyous que sont l’Irak, l’Iran, la Libye, la Syrie ou le Soudan, et que si Israël devait sévir un jour contre ce nouvel État pour assurer sa sécurité, il aurait alors à faire face à l’hostilité de la communauté internationale.
Je pense que jamais un État palestinien ne sera une réalité, mais il faut tout faire pour que la déclaration de Sharon ne le rende pas possible.

« Les deux nouveaux centres de pouvoir de la Chine »

China’s two new power centers
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Wen Huang est un écrivain vivant à Chicago. Ho Pin est rédacteur en chef de Chinesenewsnet.com site internet d’information en langue chinoise basé à New York. Ils sont tous les deux nés et ont grandi en Chine.

[RESUME] Pour beaucoup aux États-Unis, la fin du mandat de Jiang Zemin représente la fin d’une époque en Chine. Pourtant les Chinois apprécient différemment l’arrivée de Hu Jintao et estiment que les bouleversements ne seront pas si importants que cela.
En effet, sur les neuf membres du Politburo, sept sont des amis ou des protégés de Jiang. Pour les Chinois, ce qui s’annonce, c’est surtout un avenir chaotique car Hu va avoir du mal à s’imposer à la tête du pays et à affirmer son pouvoir face à ses nombreux concurrents. Le nouveau secrétaire général du Parti communiste chinois, va surtout devoir s’imposer face à Jiang Zemin.
Ce dernier reste à la tête de la commission militaire et donc de l’armée. Jiang a bénéficié lors de sa prise de fonction d’une absence de compétition politique qui lui a permis d’assurer son pouvoir, malgré son manque de charisme. À l’inverse, Hu Jintao est plus charismatique, mais manque de l’influence de son prédécesseur.
Leur opposition va sans doute se cristalliser sur les questions de politique étrangère et d’économie, sur lesquelles Hu semble être plus pragmatique et libéral que Jiang, et cette opposition risque d’affaiblir grandement la fragile stabilité du pays.

« Difficile pour Hu de se débarrasser de l’ombre du dirigeant Jiang »

Hard for Hu to leave the shadow of leader Jiang
Taipei Times (Taiwan)

[AUTEUR] Parris Chang est professeur émérite de sciences politiques à la Pennsylvania State University. Il est président du Taiwan Institute for Political, Economic and Strategic Studies.

[RESUME] Hu Jintao occupe désormais le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois. Toutefois, s’il en a le titre, il n’a pas encore le pouvoir. En effet, Jiang Zemin, dont le pouvoir reste énorme, a quitté son poste mais pas la politique.
De nombreux dirigeant chinois lui doivent leur nomination, notamment dans l’armée, et il a marqué de son empreinte la politique étrangère et l’idéologie de son parti en suivant la trace de son mentor Deng Xiaoping.
Hu Jintao va devoir s’imposer pour durer à son poste et de nombreux membre du parti sont déjà aux aguets pour le remplacer. Parmi ces prétendants, Zeng Qinghong, membre du Politburo et confident de Jiang pourrait être un formidable concurrent de Hu.

« Secourir un Venezuela au bord du gouffre »

Rescuing Venezuela From the Brink
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Michael Shifter est vice-président chargé de la politique de l’Inter-American Dialogue et enseigne l’analyse de la politique d’Amérique latine à la School of Foreign Service à la Georgetown University. Il est membre du Council on Foreign Relations.

[RESUME] La tension croissante entre Hugo Chavez et son opposition au Venezuela a déjà conduit le pays à la paralysie, au chaos et peut l’entraîner dans la guerre civile. Il est de la responsabilité des pays américains, et notamment des États-Unis, de lutter contre cette éventualité. À une époque où la guerre menace au Proche-Orient, une crise majeure pour le quatrième exportateur de pétrole mondial concerne le monde entier.
Au Venezuela, l’opposition, regroupant les classes moyennes et les organisations civiques, accuse Chavez d’instaurer un régime autoritaire, tandis que Chavez qui peut s’appuyer sur 25 % de la population, pour la plupart pauvres, refuse d’abandonner le pouvoir. La crise se focalise sur la date du referendum qui doit décider si Chavez reste au pouvoir ou non et que l’opposition veut préparer le plus vite possible. Le président du Venezuela affirme, quant à lui, que pour respecter la constitution, ce referendum ne peut pas avoir lieu avant août 2003, ce qui, d’après l’opposition, lui donnera le temps nécessaire pour consolider son pouvoir dictatorial. L’opposition entre les deux camps est devenu si tendue que le dialogue entre eux n’est plus assuré que par Cesar Gaviria, le secrétaire général de l’Organization of American States.
Gaviria a besoin de soutien dans sa mission et les États-Unis doivent pousser les gouvernements du continent à aider à trouver une solution démocratique à la crise. Si rien n’est fait, soit le Venezuela s’enfoncera dans la guerre civile, soit Chavez renforcera son pouvoir autoritaire sur le pays et aucune de ces solutions n’est souhaitable.

[CONTEXTE] L’enquête du Réseau Voltaire Opération manquée au Venezuela a montré le rôle central des services états-uniens dans le développement de la crise au Venezuela et dans la tentative de coup d’État manqué en avril dernier ; un rôle qui interdit à Washington de jouer au médiateur dans la crise.