« Bush : libérateur ou conquérant ? »

Bush : a liberator or conqueror ?
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Pat M. Holt est ancien secrétaire général du Foreign Relations Committee du Sénat des États-Unis.

[RESUME] Les États-Unis ont cherché un nouvel adversaire et une nouvelle stratégie en politique étrangère depuis la fin de la Guerre froide et ils l’ont trouvé le 11 septembre 2001. Ils ont désormais un nouveau but : chasser le terrorisme où qu’il se trouve dans le monde.
Cette nouvelle doctrine s’est concrétisée par des frappes en Afghanistan, ainsi que par des actions en Indonésie, aux Philippines et au Yémen, sans compter celles engagées contre les pays de « l’Axe du Mal ». Cette abondance de cibles, entraîne une extension de la zone d’activité militaire américaine, réalisée sans constance et avec beaucoup d’hésitation en raison des tensions internes de l’administration Bush. Le président se voit à la fois comme un conquérant et un libérateur. Il laisse se disperser l’action de son pays, oubliant que la politique internationale tout azimut durant la Guerre froide a conduit au fiasco du Vietnam.
Pendant que les États-Unis développent leur puissance militaire sur toute la planète, l’Europe est en train de devenir leur principal compétiteur, non pas sur le plan militaire, mais sur celui de l’économie.

« Qui planifie une reconstruction de l’Irak ? »

Who plans for rebuilding Iraq ?
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEURS] Simon Chesterman est membre de l’International Peace Academy à New York. David M. Malone est ancien ambassadeur du Canada à l’ONU, il est président de cette académie.

[RESUME] Les États-Unis ont une conception irréaliste de l’avenir de l’Irak. Un système d’occupation, comparable à celui qu’a connu le Japon après la Deuxième Guerre mondiale, ne fonctionnera pas.
Washington déploie tous ses efforts pour mobiliser des alliés et former une coalition dans laquelle l’apport militaire des autres nations ne sera que symbolique. Quant à mobiliser la communauté internationale, il serait plus judicieux de le faire en vue de la stabilisation et de la reconstruction de l’Irak après la guerre, d’autant plus que les groupes irakiens en exil sont particulièrement faibles. Comme en Afghanistan, les agences de l’ONU seront extrêmement sollicitées même s’il est encore difficile de savoir quel sera le rôle politique des Nations Unies.
Malheureusement, toutes ces questions restent en suspens en raison de la schizophrénie de la politique états-unienne qui fait tout pour qu’une guerre ait lieu sans pour autant préparer les suites de ce conflit et en évacuant du débat la discussion sur les coûts et des risques.

« Réfléchir avant de prendre le train du dénigrement saoudien en marche »

Think before jumping on Saudi-bashing bandwagon
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Mansoor Ijaz, états-unien d’origine pakistanaise, est président et fondateur de la société internationale de gestion de portefeuille, Crescent Partnerships à New York. Il y est associé au général James Abrahamson, ancien directeur du Strategic Defense Initiative sous Reagan, et gère des patrimoines et des investissements en Europe et en Turquie. En 1997, il a négocié l’offre de lutte anti-terroriste de l’administration Clinton vis-à-vis du Soudan, puis le cessez-le-feu entre les groupes musulmans et le gouvernement indien au Cachemire, en 2000. Il est membre du Council on Foreign Relations et analyste sur les questions de relations internationales et de terrorisme pour Fox News Network.

[RESUME] Le développement dans les médias de l’affaire Haïfa Al Faiçal illustre bien une incompatibilité structurelle dans les relations américano-saoudiennes : les États-Unis ont besoin, même hypocritement, de transparence politique et financière dans les rapports qu’ils entretiennent avec l’Arabie saoudite, qui, elle, est une société tribale, opaque et paternaliste.
Pourtant, malgré ce problème, les États-Unis ne doivent pas rompre avec l’Arabie saoudite. En effet, ils disposent de peu d’amis dans le cercle intérieur de l’Islam et personne ne peut plus les aider à démanteler les réseaux terroristes que Riyad. De plus, l’Arabie saoudite a rendu de nombreux services aux États-Unis par le passé, servant, par exemple d’intermédiaire pour éviter que les crises indo-pakistanaises de 1999 et 2000 ne dégénèrent en conflits armés. Certes, les institutions financières et religieuses saoudiennes ont permis le développement du terrorisme islamiste, mais les États-Unis ont eux aussi aidé ces groupes pendant la Guerre froide.
La mise à jour des réseaux de financement du terrorisme ne doit pas être faite contre des amis de l’Occident.

« Presser le doigt sur la détente »

Tighten the Finger on the Trigger
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Patrick Clawson est vice directeur du Washington Institute for Near East Policy, une organisation états-unienne soutenant la politique d’Ariel Sharon en Israël à laquelle il est fait référence dans la dernière investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Saddam Hussein pense que le temps joue pour lui et que la coalition américano-britannique va se désagréger sous la pression des opinions publiques. Il imagine également que si les inspecteurs ne trouvent pas d’arme de destruction massive, il pourra prétendre qu’il n’en a pas et s’ils les trouvent, que c’est bien la preuve que le système d’inspection fonctionne. Dans un cas comme dans l’autre, il prétendra qu’aucune intervention militaire n’est nécessaire.
Washington ne doit pas permettre ça. Si la communauté internationale accepte les compromis de Saddam Hussein, la résolution 1441 sera dénaturée et l’Irak conservera son potentiel militaire. Il faut pousser à un démantèlement total du programme d’armement irakien et n’accepter aucune demi-mesure. Pour cela, il faut accentuer la pression militaire dans le Golfe et attaquer quand même si le Conseil de sécurité venait à estimer que l’Irak répond à la résolution de l’ONU de façon satisfaisante en ne s’y pliant que partiellement.

« Alimenter la corruption »

Fueling corruption
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ed Royce est député républicain de Californie et préside la sous-commission sur l’Afrique de la Chambre des représentants.

[RESUME] L’Afrique subsaharienne représente aujourd’hui 15 % des importations de pétrole des États-Unis et potentiellement 25 % d’ici à 2015. Dernièrement le secrétaire états-unien à l’énergie, Spencer Abraham a déclaré : «  L’énergie en provenance d’Afrique joue un rôle de plus en plus important dans notre sécurité énergétique  ». L’Afrique est donc devenue un enjeu stratégique pour notre pays. L’accroissement de sa production permet de baisser le prix du pétrole et de favoriser notre croissance économique.
Malheureusement, les régimes des pays exportateurs de pétrole en Afrique ne sont pas stables et sont terriblement corrompus. Aussi, si nous voulons que le pétrole permette un développement de l’Afrique, nous devons exiger des transactions plus transparentes qui ne servent pas qu’à enrichir une oligarchie locale.

« L’offre de la Chine concernant ses missiles est-elle réelle ? »

Is China’s missile offer genuine ?
Taipei Times (États-Unis)

[AUTEUR] Edward Chen est le directeur du Graduate Institute of American Studies de la Tamkang University.

[RESUME] Jiang Zemin avait proposé à George W. Bush, lors de leur rencontre du mois d’octobre, que les États-Unis réduisent leurs ventes d’armes à Taiwan en échange d’un retrait des missiles chinois qui visent l’île. Cette proposition a été avancée alors que se discutait à Washington la possibilité de protéger Taïwan avec le « bouclier anti-missiles », théoriquement réservé à la défense face aux « États voyous ». En d’autres termes, l’initiative chinoise doit se comprendre dans un contexte où Pékin a conscience d’être perçue par beaucoup à Washington comme un ennemi potentiel.
La campagne internationale, promue par Taipei, de dénonciation de la politique de Pékin a beaucoup nuit à l’image de la Chine communiste, de sorte qu’il était prévisible qu’une demande de Jiang Zemin d’arrêt des ventes d’armes US à Taïwan se verrait opposer une demande en retour de retrait des missiles dirigés contre l’île. Mais, dans cette négociation, Jiang sait qu’en cas de crise, il lui sera toujours plus facile de replacer ses missiles que, pour les États-uniens, de réarmer Taïwan.
Toutes ces tractations se sont déroulées dans le cadre de la collaboration sino-états-unienne en matière de guerre au terrorisme. Taipei n’a pas eu son mot à dire. Malgré tout, Taïwan doit saisir toute possibilité de négocier directement avec la Chine, et si celle-ci ne fait pas preuve de bonne volonté, elle devra, encore une fois, le dénoncer publiquement.