« Qui sont ces inspecteurs ? »

Who are these inspectors ?
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Oliver North est un chroniqueur régulier du Washington Times et il est fondateur et président d’honneur de la Freedom Alliance. Il a été un des hommes clés de l’Irangate, notamment de l’organisation et du financement par l’argent de la drogue des Contras au Nicaragua.

[RESUME] Après un mois d’inspection, les inspecteurs de l’ONU se félicitent de l’attitude des autorités irakiennes et Kofi Annan affirme qu’ils ont fait un travail formidable, pourtant ils n’ont rien trouvé.
La résolution 1441 est fondée sur la croyance naïve d’une collaboration irakienne, mais bien que tout le monde sache qu’il ment, Saddam Hussein continue de prétendre qu’il ne possède pas d’armes de destruction massive. Il n’est pas contredit par les inspecteurs et par leur chef, le toujours souriant et absent, Hans Blix, dans son confortable bureau de l’ONU à New-York. Cet homme, qui a dirigé l’International Atomic Energy Agency et qui n’a rien détecté lorsque l’Irak et la Corée du Nord ont développé leurs programmes nucléaires, est comparé par certain à l’inspecteur Clouseau, héros de la série de films « la Panthère Rose ». C’est injuste pour le policier français.
M. Blix a écarté les inspecteurs américains et britanniques, qu’il trouvait trop agressifs, pour recruter des inspecteurs incompétents. L’un des rares Américains qui a trouvé grâce à ses yeux, est un adepte des groupes sadomasochistes donnant des cours d’esclavage sexuel. Vu ce que nous savons des salles de tortures irakiennes, on peut se demander comment Saddam Hussein a réagi en apprenant cela.
Heureusement, Kofi Annan et Hans Blix ne sont pas les seuls à produire des rapports sur l’Irak et, dernièrement, le gouvernement britannique a publié un rapport sur les tortures systématiques et les exécutions en Irak. Ahmed Chalabi de l’Iraqi National Congress s’est appuyé sur ce document pour stimuler les composantes de l’opposition irakienne. Aujourd’hui, ces groupes prennent les armes et demandent notre aide, nous devons la leur donner sans attendre l’accord de M. Blix.

« Une vision brutale de la crise en Irak »

A Crude View of the Crisis in Iraq
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Daniel Yergin est président de Cambridge Energy Research Associates. Il est l’auteur de The Prize : The Epic Quest for Oil, Money, and Power qui a gagné le prix Pulitzer en 1992. Il est co-auteur de Commanding Heights : The Battle for the World Economy. Il est membre du National Petroleum Council, de l’US Secretary of Energy’s Advisory Board et préside le US Department of Energy’s Task Force on Strategic Energy Research and Development. Il est conseiller du Carlyle Group, la société de gestion de portefeuilles des familles Bush et Ben Laden.

[RESUME] Le pétrole irakien ne représente que 3 % de la production mondiale et, si on en croit l’exemple du Koweït après la guerre du Golfe, la libération du pays ne suscitera pas rapidement une ouverture en direction des investisseurs étrangers. Certes l’Irak menace la sécurité d’une région produisant 25 % du pétrole mondial, mais il faut prêter une bien faible attention au développement du marché pétrolier, particulièrement en Russie, dans la région de la mer Caspienne et dans l’Ouest africain, pour croire que la crise irakienne serait uniquement une question pétrolière. Aucun gouvernement, de toute façon, ne recourrait à des moyens aussi titanesques que ceux qui vont être utilisés pour simplement accroître l’offre de pétrole et obtenir de nouveaux contrats.
L’Irak, post-Saddam Hussein devra se reconstruire en partie grâce aux revenus du pétrole. Les nouveaux dirigeants irakiens, qui joueront sur cette question leur crédibilité internationale, négocieront durement les exportations pétrolières pour obtenir le maximum de fonds. Le futur gouvernement aura, certes, besoin de fonds en provenances des compagnies pétrolières pour remettre en service et développer son industrie pétrolière, mais rien ne permet de préjuger vers laquelle il se tournera. Les compagnies pétrolières seront sans doute tentées de négocier avec un pays qui dispose de 11 % des réserves mondiales, mais elles seront également attentives à la stabilité du pays. Il est probable que, face à cette situation, les compagnies états-uniennes qui n’ont pas de contrat en Irak s’associeront avec les compagnies y disposant de contrats, les entreprises chinoises, russes, français et italienne, afin de créer un consortium d’exploitation du pétrole irakien.
La composition de ce consortium, suivie des négociations avec le gouvernement de Bagdad et la remise en état de l’industrie pétrolière irakienne prendra des années et aboutira sans doute à l’horizon 2010. À ce moment-là, les besoins en pétrole de l’Inde et de la Chine seront tels que le marché aura énormément changé et nécessitera de se tourner vers des sources d’approvisionnement stables. Dès lors, l’Irak pourra jouer à nouveau un rôle sur le marché pétrolier, mais pas avant.

[CONTEXTE] Comme lors de la guerre d’Afghanistan, le département US de l’Énergie dont Daniel Yerguin est l’un des principaux conseillers extérieurs devrait jouer un rôle déterminant. La représentation de certaines compagnies pétrolières anglo-américaines dans l’équipe Bush a provoqué une rupture des accords traditionnels de cartel entre les principaux opérateurs du marché, certains craignant d’être lésés à l’issue de la guerre. Seule la création d’un consortium d’exploitation en Irak est susceptible de rétablir la confiance entre les compagnies et de maintenir leur position dominante globale. Les 12 et 13 décembre, un symposium international, présidé par S. Exc. Cheik Zaki Yamani, se teindra dans le Surrey. Il tentera de rapprocher des points de vue désormais très divergents.

« Les armes de "Science-fiction" s’en vont en guerre »

’Sci-Fi’ Weapons Going to War
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] William M. Arkin est analyste en questions militaires, rédacteur du site internet The U.S. Military Online.

[RESUME] L’armée états-unienne développe depuis quelques années de nouvelles armes exotiques telles que les bombes à plasma ou celles à micro-ondes. Ces dernières permettent de détruire les systèmes de déclenchement des armes de destruction massive rapidement et sûrement, en causant moins de dommages aux populations civiles et avec un moindre danger de dispersion d’agents toxiques que lors de bombardements classiques.
Cependant, il existe quand même des risques réels. C’est pourquoi leur utilisation peut être considérée comme une violation des règles de la guerre. Ces risques sont accentués par le fait que les dirigeants politiques de Washington, considérant que la guerre contre le terrorisme et les armes de destruction massive leur donne un droit moral à l’action, estiment qu’ils n’ont pas besoin de s’expliquer ou de se justifier.
Les armes qui provoquent une intense décharge énergétique entraînent des courts-circuits dans les connections électroniques et tout ce qui contient des composants électroniques mais également, en tant qu’armes anti-personnelles, elles s’attaquent aux systèmes nerveux et font instantanément passer la température épidermique à 50 degrés Celsius en provoquant d’intenses souffrances. Cela fait longtemps que le Pentagone effectue des recherches sur ces armes, mais le premier essai réussi ne date que de 1999. L’armée compte les utiliser dans des bombardements mais également en équiper des forces spéciales d’intervention, créées pendant la Guerre froide, entraînées à investir et à détruire les centres de production d’armes de destruction massive.
Les armes utilisées sur le terrain en Irak causeront de graves dommages aux civils, ce que les traités interdisent, car les services de renseignement ignorent où se trouvent les centres de production d’armes de destruction massive. Il serait souhaitable que l’administration Bush en informe le public états-unien et le reste du monde mais, vu le culte du secret de cette administration, le monde ne sera prévenu de tout cela que bien après leur utilisation.

« Un modèle kurde pour l’Irak »

A Kurdish Model for Iraq
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Barham Salih est Premier ministre du gouvernement régional du Kurdistan en Irak.

[RESUME] Les inspecteurs de l’ONU ne traitent que des symptômes mais pas des causes du danger que l’Irak pose à la paix mondiale. Pour lutter contre cette menace, il faut instaurer une démocratie en Irak en s’appuyant sur le modèle du Kurdistan irakien.
L’histoire de l’Irak, dominée par les Arabes sunnites depuis la colonisation britannique, a conduit au régime meurtrier centralisé à Bagdad que nous connaissons aujourd’hui. Voilà qui n’invite pas à l’optimisme. Toutefois, avec l’aide des États-Unis et en réalisant une transformation complète du pays, une démocratie peut émerger.
Le Kurdistan a été appauvri volontairement par le pouvoir central irakien, a subi un génocide en 1988 et a souffert d’un embargo imposé par les pays voisins qui craignaient le nationalisme kurde. Pourtant, aujourd’hui, cette région, protégée par la zone d’exclusion aérienne américano-britannique, a été reconstruite économiquement et est désormais une zone de liberté unique dans toute l’histoire irakienne. Ce ne fut pas facile, mais nous avons surmonté nos oppositions et modéré nos désirs d’indépendance pour mettre en place un système profitable à tous.
Nous voulons aujourd’hui construire, avec les mouvements d’opposition irakiens, un pays démocratique et fédéral qui préviendra tout risque d’une nouvelle dictature centralisée en Irak. Ironiquement, ce sont les Kurdes, les victimes les plus fréquentes de l’État irakien, qui seront ses sauveurs.

[CONTEXTE] Les deux principaux partis kurdes irakiens ont offert leur concours aux Etats-Unis dans l’espoir d’obtenir l’indépendance. Tandis que la Turquie a posé comme condition à l’usage de son territoire par les États-Unis pour déployer une attaque terrestre contre l’Irak de maintenir l’intégrité du pays (c’est-à-dire de ne pas reconnaître d’indépendance du Kurdistan irakien). La proposition d’un État fédéral est sensée satisfaire ces deux exigences contradictoires. Pour s’assurer de ne pas être flouée, la Turquie a demandé que le pétrole irakien soit géré au plan national et non par les futurs gouvernements provinciaux, ce qui aurait pour conséquence de donner une indépendance financière au Kurdistan.

« Contre-terrorisme »

Counterterrorism
Washington Times (États-Unis)

[AUTEURS] Yonah Alexander est professeur et directeur de l’International Center for Terrorism Studies du Potomac Institute for Policy Studies à Arlington, un institut sécuritaire financé par des industriels. Dean C. Alexander est associé a l’International Law Institute à Washington.

[RESUME] Le nombre de biens et de services disponibles dans le domaine du contre-terrorisme a considérablement augmenté et nous sommes entrés dans l’ère du commerce de la sécurité nationale. Des compagnies privées proposent sur Internet des produits permettant de lutter contre les terroristes et profitent de la peur dans la population états-unienne pour réaliser des profits.
Cela inclut des services de protection personnelle, de nouvelles armes, des protections informatiques, des médicaments et vaccins et des produits pour consommateurs « survivalistes », craignant une attaque terroriste massive, comme des groupes électrogènes et des filtres à eau, etc. Beaucoup de ces produits ne fonctionnent pas et ils risquent de nuire à la réputation des entreprises sérieuses.
Il est important que les consommateurs n’utilisent les produits que de firmes sérieuses et ne fassent pas confiance aveuglément à ces marchand de peur qui affaiblissent nos défenses et renforcent le pouvoir du terrorisme.

« Cinquante ans de confiance mutuelle »

Cinquante ans de confiance mutuelle
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Le Cardinal Paul Poupard est président du Conseil pontifical de la culture.

[RESUME] Cela fait 50 ans cette année que le Saint-Siège est présent à l’UNESCO. Pourtant, en 1947, lors de la création de cette organisation, Julian Haxley, son premier directeur général, s’était opposé à l’entrée du Saint-Siège en son sein et c’était Jacques Maritain qui, la même année, avait débloqué la situation en rappelant le rôle culturel de l’Église.
Cette difficulté de l’époque fait écho à la controverse qui fait suite à l’absence de rappel de l’origine chrétienne de l’Europe dans le préambule de la Charte européenne des droits fondamentaux. L’insistance de l’Église pour que soit mentionné explicitement l’héritage culturel chrétien de l’Europe est un droit légitime à la mémoire et un gage d’espérance pour l’avenir.
Face aux ravages d’une déculturation croissante et au drame vécu par une jeunesse en quête de repères, il est important de rappeler les bases d’une culture bimillénaire qui a donné à l’Europe tant de chefs d’œuvres.

« Femmes, mutilations et démocratie »

Femmes, mutilations et démocratie
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Emma Bonino est député européen et ancien Commissaire européen. Ce texte est paru tout d’abord dans Project Syndicate et est également publié aujourd’hui dans le Taipei Times (« Millions of women still being terrorized by genital mutilation »).

[RESUME] Demain, des femmes du monde entier se rassembleront devant le Parlement européen pour protester contre les mutilations sexuelles dont 130 millions de femmes ont encore été victimes ces dernières années selon l’OMS.
Aujourd’hui ces pratique continuent d’avoir lieu dans des pays africains, arabes et asiatiques, pourtant signataires de traités internationaux les interdisant. Il n’est pas facile de désigner des responsables quand on a affaire à une tradition aussi répandue : sont-ce les mères qui laissent faire ? Les femmes qui opèrent ces mutilations ? Les pays qui ne criminalisent pas ces pratiques ?
La solution se trouve dans une politique plus globale destinée à sortir les femmes de leur impuissance politique et à soutenir la démocratie dans les pays où les femmes africaines, arabes et asiatiques subissent ces sévices.