« Pas de torture »

No to Torture
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Holly Burkhalter est directrice pour la politique états-unienne de l’association Physicians for Human Rights. Elle a auparavant travaillé à la sous-commission aux affaires étrangères sur les questions des Droits de l’homme et des organisations internationales de la Chambre des représentants états-unienne (1981-1983).

[RESUME] Les derniers rapports prouvant que les services de renseignements et de police états-uniens utilisent la torture sur les détenus Talibans et d’Al Qaïda montrent, une fois de plus, le sort intolérable des prisonniers de la guerre au terrorisme. Beaucoup sont emprisonnés sans accusation, sans droit de se défendre et certains ont été assassinés. Ces pratiques doivent cesser à tout prix.
Certains dirigeants ont justifiés ces pratiques, qui violent les traités internationaux, en invoquant la nécessité d’obtenir des informations vitales contre les réseaux terroristes, mais ils devraient savoir que les informations ainsi recueillies sont rarement fiables.
Nous en sommes à un point où nous pourrions commencer à nous demander si la guerre au terrorisme de Bush n’est pas également une guerre aux réglementations internationales en matière de défense des Droits de l’homme. Cette situation a dramatiquement affecté le prestige des États-Unis et fait augmenter l’anti-américanisme partout dans le monde. En outre, dans les prochains conflits dans lesquels seront impliqués les États-Unis, on peut malheureusement s’attendre à ce que les soldats états-uniens capturés soient traité de la même façon.

« On peut craindre les "transferts" israéliens de Palestiniens »

Israeli ’transfer’ of Palestinians feared
Japan Times (Japon)

[AUTEUR] Le Docteur Cesar Chelala est consultant en matière de santé publique internationale. Il est co-lauréat du prix de l’Overseas Press Club of America pour un article sur les Droits de l’homme.

[RESUME] La guerre en Irak pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les Irakiens comme pour les Palestiniens. En effet, certains responsables israéliens souhaitent organiser le « transfert » de cette population hors des territoires occupés, commettant ainsi un nouveau crime de guerre.
Le 30 août dernier, dans le journal Ha’aretz, le chef d’état-major israélien, Moshe Ya’alon, a décrit les Palestiniens comme « une métastase cancéreuse », l’occupation militaire des territoires palestiniens comme une « chimiothérapie » et a sous-entendu qu’un traitement plus radical pourrait être bientôt employé (Voir l’interview). Cette déclaration a été approuvée par Ariel Sharon.
L’idée du « transfert » n’est pas nouvelle et s’appuie sur la croyance qu’Israël ne peut pas être vraiment un État juif viable tant que des habitants arabes résident sur son sol. Dès 1989, Benjamin Netanyahu avait regretté, lors d’une conférence, qu’Israël n’ait pas profité du moment où l’attention internationale était concentrée sur la répression en Chine pour expulser massivement les Palestiniens.
Selon Uri Avnery, président de Gush Shalom, un groupe pacifiste israélien important, Ariel Sharon presse les États-Unis d’attaquer l’Irak afin de pouvoir réaliser son vieux plan d’expulsion des Palestiniens hors du pays. Les conséquences d’un tel acte seraient incalculables pour la région et il est urgent que les juifs du monde entier face entendre leur voix pour que cela ne se produise pas.

« Le dossier pour une guerre préventive est fort comme jamais »

Case for preventive war strong as ever
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Robert Kagan est membre de la Carnegie Endowment for International Peace. Il est analyste sur les questions de stratégie militaire et écrit une tribune mensuelle dans le Washington Post.

[RESUME] En 1998, dans un article pour la revue New Republic, le philosophe libéral Michael Walzer avait démontré le caractère erroné des théories multilatéralistes d’inspiration wilsonienne. Il avait affirmé que l’unilatéralisme s’imposait souvent comme la seule solution sur la scène internationale. Il soutenait alors les frappes contre l’Irak ordonnées par le président Clinton après le refus du régime de Saddam Hussein de laisser les inspecteurs en désarmement de l’ONU pénétrer dans certains sites suspects. Il affirmait à l’époque que le développement des armes de destruction massive, construites en secret et pouvant être utilisées à tous moments sans avertissement, rendait nécessaire des actions unilatérales des États-Unis.
Malheureusement, aujourd’hui, tout comme de nombreux autres penseurs libéraux qui avait défendu les interventions en Bosnie et en Haïti, Walzer est revenu sur sa brillante démonstration et s’oppose désormais à la guerre contre l’Irak. Pourtant, ce n’est pas la situation en Irak qui a changé, c’est simplement l’occupant de la Maison-Blanche.

« Nabuchodonosor montre la voie »

Nebuchadnezzar Shows the Way
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ernest W. Lefever est membre de l’Ethics and Public Policy Center, think tank de Washington qui milite pour l’alliance néo-conservatrice et théocratique des juifs et des chrétiens

[RESUME] Le président Bush souhaite un changement de régime en Irak. Le moyen qui sera le plus probablement utilisé est une attaque massive du pays. Toutefois, il existe d’autres hypothèses envisageables que le recours à la guerre : une offensive des rebelles irakiens, un coup d’État organisé par les dignitaires du régime de Saddam Hussein ou un assassinat du dictateur grâce à l’aide de la CIA.
Il existe encore une autre hypothèse, moins crédible mais plus souhaitable en termes humains et financiers : un exil forcé ou volontaire du tyran irakien. Le fait que Donald Rumsfeld ait soulevé cette éventualité à deux reprises dans des interviews réalisées au mois de décembre, laisse penser que cette option est envisagée à Washington. Les États-Unis pourraient s’inspirer des cas d’Idi Amin Dada, l’ancien dictateur ougandais, ou de Mengitsu Haile Mariam, l’ancien dirigeant éthiopien.
Saddam Hussein accepterait-il que Washington lui trouve un asile sûr et abandonnerait-il le pouvoir ? Beaucoup pense qu’il terminera comme Hitler, mais l’attachement mystique que Saddam Hussein porte à la figure de l’empereur babylonien Nabucodonosor, qui avait renoncé au pouvoir, pourrait lui faire accepter un exil.

« Bokassa ou Duvalier ? Saddam doit déjà choisir son type d’exil »

Bokassa or Duvalier ? Saddam has yet to select his exit lines
The Times (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Riccardo Orizio est ancien journaliste italien pour CNN. Il est l’auteur de Talk of the Devil : Encounters with Seven Dictators (Secker and Warburg).

[RESUME] Aujourd’hui Saddam Hussein a le choix entre finir comme le trio Idi Amin/Duvallier/Mengitsu ou prendre la voie des Milosevic/Noriega/Bokassa. Les trois premiers vivent des exils dorés et tranquilles hors de leurs anciens pays et Saddam Hussein devrait les imiter, Washington l’aidant à trouver un refuge sûr en échange de son départ.
Un tel exil permettrait de sauver des vies, mais aurait des inconvénients pour la vérité historique. Il n’entraînerait pas de procès, ni de révélations de l’accusé. Pourtant, un tel procès permettrait sans doute de découvrir quels sont les pays occidentaux qui continuent d’entretenir des relations avec l’Irak, quels sont les termes de l’accord pétrolier avec la Russie ou encore quel a été la forme exacte de l’aide américaine lors de la guerre contre l’Iran.
La tactique de défense consistant à faire des révélations fracassantes avait été utilisée par Bokassa et Noriega et leur avait permis de conserver une place dans l’Histoire.

« Essayer d’engager la conversation avec Pyongyang »

Try to engage with Pyongyang
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] James E. Goodby est ancien diplomate états-unien. Il est membre du Center for Northeast Asian Policy Studies de la Brookings Institution. Il a été négociateur en chef lors des pourparlers du plan Nunn-Lugar avec la Russie, sous l’administration Clinton.

[RESUME] Aujourd’hui, Washington préfère utiliser la diplomatie pour traiter avec Pyongyang, mais cela n’a malheureusement pas toujours été le cas. Au début de son mandat, le président George W. Bush avait rompu les relations avec la Corée du Nord parce qu’il déteste Kim Jong Il ou bien parce qu’il estimait que la Corée du Nord était entourée par de puissants voisins capables de se charger de l’endiguement du pays. Cette politique a échoué.
Cette stratégie qui pariait sur l’étranglement et la banqueroute de la Corée du Nord a sans doute poussé Kim Jong Il a reprendre son programme nucléaire afin de recevoir plus d’aides économiques. Il est nécessaire de changer de politique et de s’orienter vers des négociations de paix entre les deux Corée ayant pour préalable la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne. Cette dénucléarisation serait le premier pas vers une coopération économique et politique.
L’administration Bush doit soutenir cette solution afin de résoudre le problème posé par la Corée du Nord pour que les autres pays d’Asie n’estiment pas que les États-Unis acceptent tacitement la prolifération nucléaire.

« Le temps du divorce États-Unis-Corée du Sud »

Time for a U.S.-South Korean divorce
Japan Times (Japon)

[AUTEUR] Doug Bandow est membre du Cato Institute est ancien assistant spécial du président Ronald Reagan. Il est l’auteur de Tripwire : Korea and U.S. Foreign Policy in a Changed World.

[RESUME] Les États-Unis ont défendu la Corée du Sud pendant 50 ans. Aujourd’hui le président sud-coréen nouvellement élu, Roh Moo Hyun, déclare que son pays devrait servir d’intermédiaire dans le conflit entre l’Amérique et la Corée du Nord. En se posant en intermédiaire neutre, il affirme tacitement que l’alliance entre Séoul et Washington appartient au passé.
Il est vrai qu’aujourd’hui, Séoul n’est plus menacé par Moscou et Pékin. La réponse à fournir aujourd’hui à la menace nord-coréenne réside plus dans une politique régionale coordonnée que dans la présence de troupes états-uniennes, aujourd’hui extrêmement impopulaire. La Chine, la Russie et le Japon ne veulent ni la guerre, ni une Corée du Nord puissance atomique. Tous les trois ont des moyens de pression sur Pyongyang, c’est donc à eux d’agir.
Aujourd’hui, la présence militaire états-unienne n’a plus aucune utilité en Corée du Sud et il est temps d’envisager un divorce à l’amiable, plutôt que de laisser la situation s’envenimer entre Washington et Séoul.