« Les discussions doivent s’arrêter et l’ONU doit agir »

The talking has to stop and the UN has to act
The Times (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Jack Straw est ministre des Affaires Étrangères du Royaume-Uni.

[RESUME] L’ONU a donné à Saddam Hussein le choix entre la coopération et la confrontation et, bien que j’ai prié pour que cela n’arrive pas, il a choisi la confrontation. Bagdad a choisi de ne pas collaborer avec les inspecteurs. Dans ces conditions, il ne sert à rien de leur donner plus de temps. Saddam Hussein cache des armes de destruction massive, il en développe encore et il en a déjà utilisé par le passé. De plus, Saddam Hussein est un soutien traditionnel du terrorisme.
Avec la résolution 1441, le monde avait exigé que l’Irak soit désarmé. Colin Powell le démontrera aujourd’hui, Saddam Hussein a préféré poursuivre sa politique de tromperie et d’obstruction, comme est également venu le démontrer Hans Blix la semaine dernière. Nos services de renseignements ont démontré que l’Irak cache aux inspecteurs les documents compromettant et exerce des pressions sur ses scientifiques pour qu’ils ne parlent pas.
L’Irak n’a pas été honnête dans le rapport qu’il a transmis au Conseil de sécurité et n’a pas collaboré avec les inspecteurs. Le Conseil de sécurité de l’ONU va devoir faire face à ses responsabilités.

« Donnez nous une chance de construire un Irak démocratique »

Give Us a Chance to Build a Democratic Iraq
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Barham A. Salih est co-Premier ministre du gouvernement régional du Kurdistan irakien.

[RESUME] Aujourd’hui, Colin Powell parlera devant le Conseil de sécurité de la production d’armes de destruction massive par l’Irak et des liens de ce pays avec des organisations terroristes, deux excellentes raisons de renverser Saddam Hussein. Il existe cependant une autre bonne raison : mettre fin à la répression et installer la démocratie dans le pays.
Je vis dans une partie de l’Irak déjà libérée de Saddam Hussein et tous les jours je vois des Irakiens du reste du pays venir ici pour fuir la condition d’esclave dans laquelle Saddam Hussein les a enfermés . Ils souhaitent que le pays soit libéré. Toutes les communautés irakiennes veulent voir l’Irak libéré. En termes d’éducation, de santé et de respect des libertés, le Kurdistan irakien a, depuis 1991, un bilan impressionnant. Il est la preuve qu’un Irak libre parviendra à devenir une démocratie.
Malheureusement, nous, démocrates irakiens nous voyons en Occident de nombreuses personnes affirmer qu’il ne faut pas qu’il y ait la guerre. Ils ignorent les tortures horribles que fait subir chaque jour Saddam Hussein à des Irakiens. Certains vont même jusqu’à faire l’apologie de l’Irak actuel et à nier l’utilisation d’armes chimiques contre les Kurdes, ignorant les travaux d’Human Right Watch. Les documents officiels collectés prouvent la volonté délibérée de frapper les Kurdes. Ces crimes ont été trop longtemps ignorés par l’Occident qui s’est concentré sur le pétrole irakien.
Renverser Saddam Hussein permettrait également de régler le conflit israélo-arabe, car un Irak démocratique amènerait la paix avec Israël. Les Irakiens, comme les habitants de Paris et de Rome en 1944, les Kosovars en 1999 et les Afghans en 2001 attendent d’être libéré.

« Les inspecteurs en désarmement nous font échouer »

Weapons inspectors have failed us
The Taipei Times (Taïwan)

[AUTEUR] Khidhir Hamza est ancien conseiller de l’Organisation à l’énergie atomique irakienne et ancien directeur du programme nucléaire irakien. Il a quitté l’Irak pour rejoindre les États-Unis en 1994.

[RESUME] Le rapport d’Hans Blix et Mohammed El-Baradei de la semaine dernière devant le Conseil de sécurité de l’ONU a démontré leur incapacité à remplir leur mandat. Les inspecteurs ont certes été critiques vis-à-vis du régime irakien, ce qui leur a valu l’hostilité et des accusations d’espionnage de la part des dirigeants irakiens, mais ils n’ont pas utilisé toutes les possibilités qui étaient à leur disposition pour remplir leur mission.
Les inspecteurs avaient en effet, la possibilité d’interroger les scientifiques irakiens en dehors du pays, en emmenant aussi leur famille, afin que les scientifiques puissent leur répondre sans contrainte, ce qu’ils n’ont jamais fait. C’était pourtant leur seul moyen d’obtenir des informations de la part d’experts irakiens placés sous haute surveillance par Saddam Hussein depuis 1998.
Blix et El-Baradei n’ont compris le mot « désarmement » que sous le seul angle du matériel et des infrastructures et n’ont pas agi contre le système de production dans son ensemble. Au final, le rapport ne nous apprend rien et les inspecteurs minimisent eux-mêmes les découvertes qu’ils ont faites, comme ce fut le cas pour les 12 tête de missiles chimique vides présentées comme un élément insignifiant parce que ne contenant pas de produits. El-Baradei est encore pire que Blix, car il s’est contenté de chercher les radiations pour trouver les infrastructures nucléaires, reproduisant ainsi l’approche inefficace qui était celle de l’IAEA en 1990 et 1994.
Les inspecteurs n’ont toujours pas compris que pour désarmer un régime dictatorial comme celui de l’Irak, il ne faut faire aucune concession.

« La libération de l’Irak doit commencer aujourd’hui »

Liberation of Iraq must begin today
National Post (Canada)

[AUTEUR] Frank J. Gaffney Jr est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. La dernière enquête du Réseau Voltaire lui est consacrée : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Aujourd’hui Colin Powell va présenter les preuves de la possession par l’Irak d’armes de destruction massive. Certains se demandent s’il va présenter des preuves obtenues par de nouveaux moyens de hautes technologies ou par des hommes bien placés, mais la vraie question est : ces informations convaincront-elles la France, la Russie et la Chine qui protègent Saddam Hussein depuis douze ans ?
Même si ces trois amis de Saddam peuvent être convaincus, cela vaut-il le prix que les États-Unis devront payer pour cette révélation ? En effet, les services de renseignement irakiens arriveront sans doute à deviner comment ses informations ont été obtenues et neutraliseront les moyens que Washington a employés.
Il est dommage qu’il faille se poser encore ce genre de question alors que les preuves contre Saddam sont déjà accablantes. Mais ce n’est pas la vérité qui intéresse ces trois pays, c’est leur intérêt national qui passe par le maintien de Saddam Hussein au pouvoir. Powell a heureusement un atout en la personne d’Abu Hamid Mahmoud, un transfuge irakien ayant des informations sur les installations que l’Irak continue de cacher.
Powell pourra donc aujourd’hui faire la preuve que l’Irak a violé la résolution 1441 et les États-Unis pourront libérer l’Irak à la tête d’une coalition sous mandat de l’ONU ou d’une coalition de volontaires.

« Nous croyons au Doute »

In Doubt We Trust
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Benjamin R. Barber est l’auteur de Jihad vs. McWorld.

[RESUME] L’administration Bush a fourni de petits éléments au dossier sur l’Irak lors du discours sur l’état de l’Union de Bush et en donnera plus aujourd’hui par la voix de Colin Powell. Tous ces éléments reposent sur la même base : il faut faire confiance à celui qui les énonce. Ainsi, les huit dirigeants européens qui appellent à soutenir l’Amérique n’ont pas jugé les preuves énoncées, ils se contentent de dire qu’ils font confiance aux États-Unis.
Pourtant, comme pour n’importe quel élu démocratique, il ne faut pas faire confiance à George W. Bush. La démocratie républicaine repose même sur une absence de confiance dans le pouvoir en place et dans les mécanismes de contrôle de ce pouvoir. De plus, l’histoire nous enseigne que les manipulations et mensonges sont toujours nombreux en temps de guerre. Les présidents estiment peut-être qu’ils sont honnêtes en ne disant pas la vérité pour le bien de leur pays et qu’il s’agit de leur travail, mais celui du citoyen est justement de douter de ce que lui dit le président tant que des preuves tangibles ne lui ont pas été données.
Il nous faudra donc plus que des déclarations. Il nous faudra de réelles preuves que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive. Nous ne pourrons pas accepter que la protection des sources serve de justification au manque de preuves. Pour l’instant toutes les « preuves » qui nous ont été données par Bush et Powell ont toutes été démenties par les experts et par le rapport d’Hans Blix.
Nous savons que nous ne pouvons pas faire confiance à Saddam Hussein et Kim Jong Il, mais cela ne veut pas dire que nous pouvons faire confiance à Bush.

« Une nouvelle vie pour le vieux rêve de De Gaulle »

New life for de Gaulle’s old dream
The Japan Times (Japon)

[AUTEUR] André Fontaine est ancien rédacteur en chef du journal Le Monde.

[RESUME] Trois mois avant la célébration du quarantième anniversaire du traité de l’Élysée ont pouvait penser que le moteur franco-allemand était enterré tant les points de désaccords entre les deux pays étaient nombreux. Pourtant, il semble avoir finalement consacré le vieux rêve de Charles De Gaulle en 1963. En effet, le général avait souhaité à l’époque que le traité crée une défense commune avec l’Allemagne afin que ce pays ne tombe pas sous la coupe de l’alliance américano-britannique pour sa sécurité.
Aujourd’hui, après avoir mis du temps à se comprendre, Jacques Chirac et Gerhard Schroeder ont enfin réalisé tout l’intérêt qu’ils pouvaient retirer d’une alliance forte entre leurs deux pays dans le contexte de la préparation d’une guerre en Irak dont aucun des deux dirigeants ne veut.
L’alliance entre la France et l’Allemagne a inquiété Donald Rumsfeld qui a raillé cette « vieille Europe » qui dénonce sa politique, mais quoi qu’il dise, il est trop tard : Jacques Chirac est parvenu à atteindre l’objectif de De Gaulle de rendre l’alliance avec la France plus précieuse pour l’Allemagne que l’alliance avec les États-Unis.

« N’appelez pas ça une chasse aux sorcières »

Don’t call it a witch-hunt
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il a récemment fondé Campus Watch une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, la dernière investigation du Réseau Voltaire : Le Centre pour la politique de sécurité : « les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Il existe une grande différence entre les discours des hommes politiques et les sordides réalités du contre-terrorisme.
D’après Newsweek, le FBI a demandé à ses différents bureaux aux États-Unis de tenir un décompte précis des mosquées se trouvant dans leur juridiction. La gauche et les Islamistes ont bien sûr été outrés et l’American Muslim Council, un groupe de militants islamiques a envoyé une lettre à l’ONU pour dénoncer « ces pratiques honteuses et non démocratiques ». Le FBI a répondu que ce décompte avait bien été demandé, mais que cela n’avait rien à voir avec un quelconque soupçon de complicité terroriste de la part de la communauté musulmane.
Pourquoi le FBI et les forces de l’ordre états-uniennes cachent-ils leurs actions antiterroristes ? On sait pourtant que certaines mosquées ont servi de base arrière et de caches d’armes à des terroristes et que certaines incitent les fidèles à la violence. De même, l’US Immigration and Naturalization Service (INS), qui a demandé aux ressortissants de vingt-cinq pays, tous à majorité musulmane hormis la Corée du Nord, de venir se faire enregistrer dans ses bureaux, a caché derrière un langage technocratique le fait que cette mesure faisait partie de la lutte anti-terroriste.
Si le FBI et l’INS cachent leurs pratiques, c’est parce qu’elles entrent en contradiction avec les discours officiels des politiciens. Cette différence entre les discours et la pratique sert la propagande des militants de l’Islam qui peuvent affirmer que les déclarations des hommes politiques américains sont trompeuses et que la guerre au terrorisme est en fait une guerre menée contre l’Islam. C’est pour cette raison qu’il faut clarifier la situation en légitimant les pratiques anti-terroristes dans les discours et en en débattant.