« Les armes nucléaires restent appropriées »

Nuclear weapons remain relevant
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Mushahid Hussain est ancien ministre de l’information au Pakistan et membre du Sénat.

[RESUME] La visite de Richard L. Armitage en Asie du Sud coïncide avec la conclusion d’un débat sur la politique étrangère américaine qui a vu la victoire des dirigeants les plus réalistes du département d’État contre les faucons anti-musulmans du Pentagone.
Armitage connaît bien le Pakistan où il est venu souvent à l’époque reaganienne pour organiser le Jihad afghan financé par la CIA. Il connaît les services de renseignement du pays, mais également l’establishment politique. C’est à lui que Ronald Reagan avait confiée la tâche de s’assurer que la transition entre le général Zia et Benazir Buto se déroule calmement.
Lors de son voyage dans la région, Armitage a demandé à l’Inde de ne pas amasser des troupes à la frontière avec le Pakistan, comme cela avait été le cas en 2002, et au Pakistan de démanteler les camps d’entraînement de groupes menant des actions au Cachemire. Il a affirmé aux deux belligérants que les États-Unis feraient tout pour empêcher la guerre, mais qu’ils ne s’impliqueraient pas dans des négociations de paix comme il le font entre les Israéliens et les Palestiniens. En réalité, les États-Unis préfèrent un maintien du statu quo au Cachemire.
Si les relations entre les États-Unis et le Pakistan sont tactiques, celles entre Washington et New Delhi sont stratégiques. Elles pourraient se maintenir au détriment du Pakistan qui doit donc conserver une prévention nucléaire crédible. Les États-Unis se servent de l’argument nucléaire, mais ne se l’appliquent pas à eux même. La stratégie nucléaire reste pertinente.

« Des armes nucléaires dont nous n’avons pas besoin »

Nuclear Weapons We Don’t Need
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] J. Peter Scoblic est membre de la New America Foundation et ancien rédacteur de Arms Control Today.

[RESUME] Le mois dernier, les États-Unis ont démontré leur incroyable supériorité dans les armes conventionnelles. Cependant, en dépit de cette démonstration, l’administration Bush essaye de développer de nouvelles armes nucléaires qui pourraient être utilisées contre les États voyous.
Le Congrès doit examiner cette possibilité qui montre pourtant que le Pentagone ne veut plus seulement utiliser les armes nucléaires de façon préventives, mais aussi de manière offensive, notamment contre les bunkers souterrains. Si nous voulons frapper un bunker souterrain de cette façon nous devons pourtant savoir précisément où il se trouve. Or, notre incapacité à trouver aujourd’hui les armes de destruction massive en Irak prouve combien il est difficile de disposer de ce genre de renseignement. En outre, les armes nucléaires ne permettent pas d’atteindre des bunkers en dessous de 50 pieds et laissent quantité de débris radioactifs.
Un usage de ce type d’arme anéantirait les efforts en matière de non-prolifération de l’administration Bush. Construire de nouvelles armes nucléaires nous interdirait d’empêcher l’Iran et la Corée du Nord de faire de même. Si les pays qui sont menacés par les États-Unis voient que cette construction a lieu, leur premier acte sera de se doter d’une prévention nucléaire.
En outre, pour la question des bunkers, si nous savons où ils se trouvent, nous pouvons viser les entrées et les sorties ou les frapper par des successions d’armes conventionnelles.

« Reprendre l’initiative en Irak »

Reprendre l’initiative en Irak
Libération (France)

[AUTEUR] Kendal Nezan est président de l’Institut kurde de Paris.

[RESUME] L’Irak est une invention de la Grande-Bretagne après la première Guerre mondiale. Elle a joint une province kurde à deux provinces arabes de l’empire ottoman. Son unité fut maintenu par la force et le pays se trouve à nouveau dans les mains d’une puissance étrangère.
L’imposition de la pax americana militairement a été menée avec maestria et n’a pas eu les conséquences dramatiques que les prophètes du malheur, qui préféraient un maintien de Saddam Hussein au pouvoir, annonçaient. Les Irakiens ont préféré la pax americana à la paix des cimetières. Les Kurdes y ont même pris part militairement.
Cette victoire acquise, la phase politique sera plus problématique. Elle nécessitera la mobilisation des Irakiens et une large coopération régionale et internationale. L’Irak vit dans la misère et subit les conséquences de 35 ans de dictature. Le pays a une dette extérieur de 100 milliards de dollars. Il doit notamment six milliards à la France, huit à la Russie, quatre à l’Allemagne et deux aux États-Unis, principalement pour acheter l’armement qui a renforcé le régime. Les Kurdes vont-ils devoir payer pour les armes qu’on a utilisé contre eux ? Le « camp de la paix » si soucieux du sort du peuple irakien doit annuler la dette et retrouver le soutien de la population. Le débat en cours à l’ONU concernant la levée des sanctions n’est pas mal choisi pour faire une telle annonce.
La France pourrait également proposer la création d’un tribunal international par le Conseil de sécurité C’est en reprenant l’initiative sur le terrain de la justice, de la démocratie et du droit moral que la France pourra regagner le cœur des Irakiens, des Américains et aider à construire un Irak démocratique, modèle pour les autres pays arabes.

« Nous ne voulons pas d’un gouvernement islamique extrémiste en Irak »

We don’t want an extremist Islamic government in Iraq
The Independent (Royaume-Uni)

[AUTEUR] L’ayatollah Mohammed Baqir Al-Hakim est le chef du Conseil suprême de la révolution islamique d’Irak. Cette tribune est extraite d’une conférence tenue à Najaf.

[RESUME] La dictature de Saddam Hussein avait privé les Irakiens de tous leurs droits et en avait fait des esclaves. Si aujourd’hui nous avons quelques libertés, nous ne pouvons toujours pas nous déplacer librement en raison de la présence de troupes étrangères.
Pour atteindre nos objectifs, il doit y avoir un système politique basé sur la volonté du peuple irakien, élu par les Irakiens et qui respectera les différentes cultures. Le nouveau régime sera un régime islamique moderne qui ne sera pas extrémiste et garantira l’indépendance, la liberté et la justice. Nous voulons construire un État moderne dans lequel les femmes auront un rôle essentiel dans les élections et la reconstruction du pays.
la majorité de la population étant chiite, ils auront un rôle politique, mais n’excluront pas les autres Irakiens. Les brigades Badr, bras armé du Conseil suprême de la révolution islamique d’Irak, serviront à rétablir l’ordre, mais elles n’utiliseront pas la force pour imposer nos objectifs. Pour cela nous allons poursuivre le dialogue.

« Le maire de l’Irak »

The Mayor of Iraq
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Suzanne Nossel est ancien membre de la délégation des États-Unis à l’ONU.

[RESUME] L’effort américain pour reconstruire l’Irak a eu des débuts chaotiques car les États-Unis ont rechigné à reconnaître leur statut de puissance occupante. Ils l’ont enfin reconnu, certes négativement connoté, dans le projet de résolution proposé au Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce changement d’attitude va profiter aux Irakiens et au système international puisque désormais les États-Unis et le Royaume-Uni entrent dans le cadre des conventions de 1907 et de 1949. Les États-Unis devront donc respecter autant que possible les lois déjà en vigueur dans le pays et assurer le traitement humain des populations ainsi que de la distribution de nourriture et de médecine. Ces règles exigent qu’une administration directe soit mise en place et que cette dernière ait des responsabilités. L’occupation devenue officielle, elle entre dans le cadre de la loi internationale et légitime les actions entreprises pour reconstruire le pays.
Le fait que les États-Unis aient admis leur statut n’est pas un signe d’impérialisme, mais de responsabilité.

« Envoyer un signal à la Syrie »

Sending Syria a signal
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEURS] [Daniel Pipes] est membre de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ». Gary C. Gambill est rédacteur en chef du Middle East Intelligence Bulletin.

[RESUME] Malgré les demandes en ce sens de [Colin Powell] et de [Donald Rumsfeld], Bashar El Assad refuse de fermer les bureaux d’organisations terroristes à Damas tant que n’auront pas été ouvertes des négociations pour un retour du Golan dans le giron syrien. Les groupes terroristes ont déclaré eux-mêmes que leurs bureaux à Damas restaient ouverts et que rien n’avait changé pour eux. Certains analystes affirment même que les demandes de Washington sont symboliques et que la venue de Powell est le signe que le département d’État a pris le pas sur le Pentagone dans ce domaine.
Il semble que la Syrie ne prenne pas nos demandes au sérieux. Il faut prendre des sanctions économiques contre Damas en raison de son soutien au terrorisme, de l’occupation du Liban et de la possession d’armes de destruction massive. C’est ce que prévoît la loi Engel-Ros-Lehtinen qui sera soumise au Congrès prochainement.

« La Commission des Droits de l’homme de l’ONU à besoin de critère d’acceptation »

UN human rights panel needs some entry standards
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] [Jeane J. Kirkpatrick] est représentante des USA à la Commission des Droits de l’homme de l’ONU. Elle est dignitaire de l’Ordre de Malte et de l’Opus Dei et ex-directrice du Fonds pour la liberté du Nicaragua de la secte Moon. Elle est membre de l’American Enterprise Institute.

[RESUME] L’absence de condition nécessaire à l’entrée a fait de la Commission des Droits de l’homme de l’ONU un endroit où les pires violateurs des Droits de l’homme jugent des pays qui respectent la loi, les droits individuels et les libertés fondamentales.
Cela a conduit les débats organisés par la Commission des Droits de l’homme à plus refléter l’équilibre des forces à l’ONU que les problèmes existants. L’année dernière, les États-Unis ont vu leur candidature à cette commission rejetée et être remplacée par celle de la Syrie. Ils ont récupéré leur siège cette année et ils ont pu constater à cette occasion que la Russie continue de voter comme durant la Guerre froide mais que, hormis sur la question d’Israël, les démocraties continuent de voter ensemble.
La Commission ne trouve rien à redire aux arrestations à Cuba où aux violations des Droits de l’homme en Tchétchénie, au Soudan, au Zimbabwe ou en Chine. Il faut, pour que cette commission fonctionne que les pays qui siègent respectent eux même les Droits de l’homme.