« Le bilan de l’Amérique dans la reconstruction de nation »

America’s Record on Nation Building
New York Times (États-Unis)

[AUTEURS] James Dobbins est directeur de la Rand Corporation et il a été le récent envoyé spécial de l’administration Bush en Afghanistan et il avait supervisé auparavant les opérations de maintien de la paix au Kosovo, en Bosnie, en Haïti et en Somalie. Seth G. Jones est membre de la Rand Corporation.

[RESUME] Washington a fait de lourdes dépenses dans le domaine militaire. Les États-Unis ont pu constater que le retour sur investissement avait été excellent. Malheureusement, l’Amérique a bien moins progressé dans le domaine de la reconstruction des États sortant de la dictature ou de la guerre.
Les réussites dans le domaine de la reconstruction qu’ont été l’Allemagne et le Japon après la Seconde Guerre mondiale semblent lointaines quand on voit le Kosovo et la Bosnie, même s’il est trop tôt pour pouvoir analyser les résultats en Irak et en Afghanistan. La reconstruction nécessite de l’improvisation, mais certains éléments comme l’effondrement des forces de police et l’émergence de groupes extrémistes sont prévisibles, d’autant que les États-Unis y ont souvent été confrontés.
En tant que première puissance mondiale, les États-Unis ont le devoir de participer aux reconstructions des nations. Plus encore, ils ont le devoir de bien le faire.

« L’Irak a besoin d’aide pour mettre fin à sa dépendance pétrolière »

Iraq needs help kicking the oil addiction
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security Il est également membre du Rand’s Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président d’American Premier, une entreprise minière et chimique américaine.

[RESUME] Les déclarations des responsables de l’administration Bush affirmant que le pétrole irakien est un atout pour la reconstruction du pays sonnent étrangement quand on voit le grand nombre d’États disposant de ressources pétrolières importantes mais affrontant des conditions économiques déplorables.
Le pétrole, comme la drogue, fait oublier les problèmes du lendemain. Il attire toutes les ressources de l’économie nationale à lui, laissant des pans entiers de l’économie dans une situation difficile. En outre, les richesses immédiates qu’entraînent les exportations de pétrole détournent les gouvernements des prises de décisions délicates dans le domaine économique comme dans celui des réformes politiques. Ainsi, sur les dix premiers exportateurs de pétrole, seule la Norvège est une démocratie, et c’est sans doute parce qu’elle en était une depuis longtemps avant de découvrir ses ressources pétrolières dans les années 60.
En Irak, il faudra donc utiliser les ressources pétrolières pour reconstruire la pays, mais il faudra éviter certaines dérives en prenant différentes mesures. Dans un premier temps, il faudra que le gouvernement irakien n’ait pas en charge les affaires pétrolières afin d’éviter la corruption. Puis, une fois qu’il sera solide et bien installé, il aura un pouvoir limité sur cette industrie. Il faudra, en outre, s’assurer que le pétrole bénéficie à la population en investissant massivement dans l’éducation et la santé. Enfin, il faudra diversifier l’économie en développant le secteur industriel irakien. En agissant ainsi, on peut apporter la paix et la stabilité dans la région en faisant converger les intérêts économiques des États, notamment avec Israël. Pour cela, il faut un nouveau plan Marshall. Ce sera difficile, mais il faut utiliser les ressources pétrolières de l’Irak pour en faire le premier pays pétrolier à devenir une démocratie.

« Cesser de chasser les scientifiques irakiens et commencer à les recruter »

Stop Hunting Iraqi Scientists and Start Recruiting Them
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] [AUTEUR] Jon B. Wolfsthal est directeur adjoint du Carnegie Nonproliferation Project du Carnegie Endowment for International Peace. Il est co-auteur de Deadly Arsenals : Tracking Weapons of Mass Destruction. Il est ancien membre du département à l’Énergie états-unien où il était responsable des politiques de non-prolifération. Il a travaillé comme spécialiste sur le complexe nucléaire nord-coréen de Yongbyon.

[RESUME] Que Saddam Hussein ait eu ou non des armes de destruction massive, il est sûr qu’il disposait des scientifiques pouvant en concevoir. Or, la plupart d’entre eux sont encore en Irak, mais se cachent ou sont en fuite et les forces états-uniennes peinent à les trouver. Les États-Unis continuent de les traiter comme des criminels de guerre, mais ils n’ont pas réussi à tous les identifier.
Certains de ces scientifiques savent où se trouvent les armes de destruction massive ou, si elles n’existent pas, le matériel permettant d’en produire. Ils pourraient donc vendre ces armes ou ces produits ou bien les utiliser contre les États-Unis. Face à ce danger potentiel, nous devons appliquer la même politique qu’avec l’URSS lors de son effondrement. Il faut offrir une amnistie à la grande majorité de ces scientifiques, en excluant toutefois ceux qui ont participé directement à l’utilisation des gaz contre les Iraniens et les Kurdes, et mettre en place des structures permettant leur réinsertion dans la recherche civile.

« Mexique : la transition incomplète de Vicente Fox »

Mexique : la transition incomplète de Vicente Fox
Le Monde (France)

[AUTEUR] Proche du président mexicain, Jorge Castañeda est ancien ministre des Affaires étrangères de Vicente Fox. Il est professeur de relations internationales à l’Université nationale autonome de Mexico.

[RESUME] Le 6 juillet auront lieu au Mexique les premières élections générales depuis que Vicente Fox a expulsé le Parti révolutionnaire Institutionnel (PRI) du pouvoir qu’il exerçait de façon quasi absolue depuis 70 ans. La chambre des députés sera entièrement renouvelée et six nouveaux gouverneurs seront élus. Le Parti d’action nationale (PAN) de Fox devrait recueillir 40 % des voix, le PRI un peu moins et le Parti de la Révolution démocratique (PRD) devrait stagner autour de 16-17 %. Aucun parti n’aura la majorité absolue, comme c’est le cas au Sénat.
L’actuelle impasse dans laquelle se trouvent les relations entre le législatif et l’exécutif persistera donc. On ignore encore comment le président donnera un second souffle à son mandat à trois ans du terme. Il a, d’après ses proches, une chance de faire voter des réformes du secteur énergétique par la chambre sortante, préparant ainsi le terrain pour que le nouveau Congrès adopte d’autres changements structurels économiques. Si ces mesures salutaires ne devaient pas être adoptées, le président devrait les laisser de côté et s’attaquer aux réformes institutionnelles visant à la transformation du système politique mexicain afin que le pays s’accommode de ses divisions internes sans tomber dans une paralysie permanente.
Il faudrait notamment rendre possible la réélection des parlementaires, mettre en place des mécanismes d’initiatives populaire sur les questions constitutionnelles, instaurer une séparation entre le chef du gouvernement et le chef de l’État. Il faudrait aussi instaurer un second tour aux élections présidentielles et législatives.
Tous les candidats potentiels aux élections de 2006 ayant un intérêt à voir aboutir ces réformes, il doit être possible de les faire adopter. Elles peuvent paraître modeste, mais c’est le cas de toutes les réformes qui sont mises en place dans le cadre d’un processus de démocratisation après la chute d’un régime autoritaire.

« L’euro ? Les Britanniques attendent de voir émerger une Europe plus sympathique »

The euro ? Britons are waiting for a friendlier Europe
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] [AUTEUR] David Howell est ancien ministre conservateur britannique des Transports et de l’Énergie et ancien président de la Commission des affaires étrangères de la Chambre des communes. Il est aujourd’hui le porte-parole de l’opposition à la Chambre des Lords sur les questions d’affaires étrangères.

[RESUME] Je pense, comme Helmut Kohl, que l’euro ne pourra fonctionner que quand l’Europe sera une union politique réelle. C’est pourquoi les Britanniques doivent encore dire « oui, mais pas maintenant » à l’euro.
Gordon Brown a défini des critères économiques pour décider si le Royaume-Uni devait ou non adopter l’euro. Ces critères ont donné lieu à une bataille technique entre économistes se contredisant. Toutefois, la vraie décision sera politique. Or, les Britanniques ne veulent pas d’une intégration politique plus poussée, ni faire partie d’un seul État européen. Si l’euro est uniquement un outil économique, les Britanniques sont prêts à l’accepter dès aujourd’hui, mais s’ils ’agit d’un moyen de favoriser l’union politique, ils n’en voudront pas tant que l’Union européenne ne se sera pas davantage démocratisée.