« C’est le Hamas ou nous »

It’s Hamas or Us
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Ehud Olmert est vice-Premier ministre d’Israël. Il est membre du Likoud et ministre du Commerce et de l’Industrie. Il a été maire de Jérusalem de 1998 à 2003.

[RESUME] Certains prétendent que les dernières attaques du Hamas contre des civils israéliens sont une réponse à l’attaque israélienne contre un haut responsable de cette organisation et que la politique d’Ariel Sharon mine donc le processus de paix. Ces affirmations oublient que les organisations terroristes ont rejeté le cessez-le-feu demandé par Mahmoud Abbas à Aqaba et que nos services de renseignement avaient perçus des mouvements de ces groupes qui indiquaient qu’ils se préparaient à frapper. Il fallait donc que nous agissions avant qu’ils ne frappent.
Nous regrettons que l’Autorité palestinienne affirme cyniquement qu’elle veut convaincre le Hamas de renoncer à la violence par des mots et non pas le combattre. Face à ce refus, les forces israéliennes ont été obligées d’agir en conséquences, car si nous soutenons la « feuille de route », nous avons aussi le devoir de protéger nos concitoyens. Nous serons contraints de mener des actions contre les terroristes tant que l’Autorité palestinienne ne sera pas prête à affronter les ennemis de la paix. Tant que l’Autorité palestinienne n’aura pas compris cette nécessité, il n’y aura pas d’accord final possible.

« Une force de stabilisation dirigée par les États-Unis »

A stabilizing force headed by the U.S.
Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] L’avocat Gilad Sher était membre de l’équipe israélienne chargée de négocier avec les Palestiniens dans la période 1999-2001. Il a été chef de cabinet d’Ehud Barak.

[RESUME] La « feuille de route » américaine adopte deux principes importants : l’arrêt de la violence, du terrorisme et de la colonisation, et des négociations qui conduiront à la création d’un État palestinien démilitarisé, mais souverain, à côté d’un Israël en sécurité. Ces principes sont fondés sur le compromis qui présidait aux discussions des années 1999-2000.
Ces discussions seront toutefois difficiles car l’opinion publique israélienne n’a pas encore accepté qu’une partition du territoire est essentielle à l’avenir d’Israël. Il existe également un problème dans le texte lui-même de la feuille de route lié à l’absence de mécanisme de contrôle et de vérification du suivi des engagements et à un échéancier irréaliste. Ce texte n’est en réalité que le plus petit dénominateur commun entre les différentes parties en présence, mais c’est le seul moyen de revenir progressivement à la normalité après deux ans et demi de guerre. Toutefois, pour que ce plan ait une chance de réussir, il faut l’implication d’un tiers qui s’assurera de l’éxecution du plan. Seuls les États-Unis seront admis dans ce rôle à la fois par les Israéliens et par les Palestiniens.
Nous pourrions mettre en place un protectorat international sur la Palestine, en lieu et place de l’armée israélienne. Il durerait tant que l’Autorité palestinienne ne serait pas en mesure d’assurer la sécurité sur son territoire et de garantir celle d’Israël. Cette présence internationale dirigée par les États-Unis s’accompagnera d’une aide économique.

« Ne séparez pas les mosquées de l’État »

Don’t Separate Mosque and State
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Amitai Etzioni est professeur de sociologie à la George Washington University. Il est l’auteur de The Limits of Privacy. Il a été membre de la Task Force on National Security in the Information Age, groupe financé par la Markle Foundation, qui regroupe les principales sociétés de hautes technologies et des représentants des agences de renseignement des États-Unis.

[RESUME] Les États-Unis doivent cesser de croire que la seule alternative à une théocratie en Irak est un régime séculier, alors que le moyen le plus sûr d’éviter une théocratie dure, c’est de promouvoir des institutions religieuses libérales. Ce n’est pas parce qu’aux États-Unis, l’État et les Églises sont séparées, qu’il faut en faire le pivot de notre politique étrangère.
Nous devons promouvoir un enseignement religieux tolérant dans les écoles publiques, autoriser le financement de l’aide sociale par les associations religieuses, tant qu’elles ne s’en servent pas à des fins politiques, et autoriser l’État à payer les employés chargés de l’entretien des lieux de cultes. Il faut favoriser un Islam tolérant et libéral, compatible avec la démocratie. Notre politique actuelle en Irak est fondée sur la croyance en la fin de l’histoire et sur la philosophie des Lumières. Pourtant, les populations ont besoin de la religion pour répondre à des questions auxquelles la démocratie et le capitalisme ne répondent pas.

« Dépasser la question de la justification »

Past the Point of Justifying
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Ancien prisonnier de guerre au Vietnam et issu d’une famille de militaires états-uniens de haut rang, John McCain est sénateur républicain de l’Arizona. Il est président de la Commission du commerce, des sciences et des transports et membre de la Commission des forces armées du Sénat états-unien. Il était en 2000, le principal rival de George W. Bush à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle.

[RESUME] Comme beaucoup d’Américains, je suis surpris que les armes de destruction massive irakiennes n’aient pas été trouvées, mais je ne crois pas pour autant que Saddam Hussein ait démantelé son programme d’armement en secret, ce qui aurait été une conduite irrationnelle. Pendant sept ans, Saddam Hussein a trompé les inspecteurs. Il les a chassé alors qu’ils étaient convaincus qu’il avait de grandes réserves d’armes de destruction massive. Il n’aurait pas commencé à les détruire après leur départ. Pour trouver les armes irakiennes, il faut trouver les scientifiques irakiens, mais ils auront peur de parler tant qu’ils ne seront pas sûrs que Saddam Hussein est mort ou arrêté et qu’ils craignent qu’il puisse encore s’en prendre à eux.
Dans cette affaires, nous devons analyser la qualité des renseignements qui ont influencé la décision de faire la guerre, mais il n’est pas sérieux d’affirmer que nous n’aurions pas dû combattre en Irak parce que, manquant de renseignements, nous aurions dû croire à la bonne foi de Saddam Hussein. Il ne faut pas perdre de vue qu’aujourd’hui, s’il est important de trouver les armes de destruction massive, il est encore plus important de sécuriser et de démocratiser l’Irak. C’est sur ce critère que nous pourrons juger notre victoire.
Nous avons combattu car l’Irak était une menace en raison de ses armes de destruction massive dont Bagdad refusait de se débarrasser, des agressions passées contre ses voisins, de l’impossibilité d’endiguer la menace qu’il représentait, de sa possible coopération avec des terroristes et de l’oppression des Irakiens. Le monde se porte mieux sans Saddam Hussein et nous n’avons pas à nous excuser de l’avoir renverser.

« Agir comme le paravent de Bush a été une tragédie pour la Grande-Bretagne »

Acting as Mr Bush’s figleaf has been a tragedy for Britain
The Independent (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Clare Short était secrétaire d’État britannique au développement national dans le gouvernement travailliste de Tony Blair. Elle a démissionné du gouvernement après la guerre en Irak.

[RESUME] Tony Blair semble aujourd’hui considérer l’euro non plus comme une question économique, mais comme un moyen politique essentiel pour jouer un rôle majeur en Europe. Cette optique semble toutefois en contradiction avec les positions internationales du Premier ministre, s’alignant sur George W. Bush, demandant que l’Europe ne soit qu’un soutien des États-Unis et rejetant la vision d’un monde multipolaire de Jacques Chirac.
Comme Donald Rumsfeld l’a déclaré, les États-Unis n’avaient pas besoin du Royaume-Uni pour conduire la guerre d’un point de vue militaire. Toutefois, notre assistance était indispensable d’un point de vue politique et Bush n’aurait pas pu convaincre son opinion publique d’entrer en guerre sans le soutien britannique. Aussi, j’ai été surprise que Tony Blair ne profite pas de ce moyen de pression pour faire avancer un certain nombre de dossiers, telle la « feuille de route », pour influencer la politique étrangère états-unienne menée par les néo-conservateurs qui veulent attaquer l’Irak depuis 1997, ou pour demander que les États-Unis passent par l’ONU.
Au lieu de cela, nous avons servi de paravent à l’action unilatérale des États-Unis et nous avons préféré affirmer que l’absence de résolution à l’ONU était la faute de la France. Cette situation nous a marginalisé en Europe. L’UE risque donc de prendre une direction que nous ne souhaitons pas, tandis que les États-Unis ne tiennent toujours pas compte de notre avis.

« Nous pouvons conduire à la renaissance de l’Afrique »

We can deliver Africa’s renaissance
The Observer (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Le docteur Frank Chikane est secrétaire général de la présidence sud-africaine auprès du président Thabo Mbeki. Il est secrétaire général du Conseil des Églises sud-africaines et membre du Comité national exécutif du Congrès national africain (ANC).

[RESUME] Aujourd’hui en Afrique, une nouvelle génération de dirigeants, de technocrates, d’entrepreneurs et une nouvelle classe moyenne veulent tourner la page de la dictature, de la pauvreté et de la malnutrition. L’ancienne Organisation de l’unité africaine qui s’était créée pour combattre le colonialisme et l’apartheid a disparu. Elle a laissé la place à l’Union africaine (UA) qui est tournée vers la démocratisation, le respect des Droits de l’homme et surtout le développement économique. Ce dernier objectif est le but du New partnership for Africa’s devlopment (NEPAD), le plan socio-économique de l’UA.
Nous sommes en train d’assister à une démocratisation de l’Afrique sous la pression des sociétés civiles. De son côté, l’UA s’appuie sur ce mouvement des populations pour mettre un terme aux conflits sur le continent et en éviter d’autres. Toutefois, les défis auxquels l’Afrique est confrontée sont en partie extérieurs puisqu’ils proviennent des règles du commerce international qui sont inéquitables et desservent les pays en voie de développement. Si l’Occident travaillait en partenariat avec nous, nous pourrions arriver à une solution dont tous bénéficieraient.

« L’érosion de la civilisation »

The Erosion of Civilization
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jared Diamond est professeur de géographie et de santé environnementale à l’UCLA. Il a reçu le prix Pulitzer en 1998 pour son livre « Guns, Germs, and Steel : the Fates of Human Societies ».

[RESUME] L’Irak se trouve le long d’une zone qui a été baptisée le « Croissant fertile », mais qui aujourd’hui, vu ce qu’il est devenu, mériterait le nom de « croissant stérile ».
C’est pourtant dans cette région qu’est apparue la civilisation, non pas à cause d’une supériorité raciale de ses habitants, mais grâce à des conditions climatiques exceptionnelles. Elles ont permis la sédentarisation de ses habitants, le développement du travail du fer, du bronze, de systèmes politiques et d’une culture qui ont entraîné le développent de langue dont l’Anglais est un des héritages. La domination de cette région sur le monde a disparu en raison de la déforestation, qui a transformé le climat et rendu les terres moins fertiles. Ce déclin a été accéléré par les attaques étrangères. Aujourd’hui cette région qui dirigeait le monde est pauvre en tout, sauf en pétrole.
Aujourd’hui, beaucoup de pays souffrent de problèmes environnementaux et de santé, tels que ceux qui ont conduit au déclin du croissant fertile. Ce sont les mêmes pays qui souffrent de problèmes politiques. Face aux crises dans ces pays nous avons le choix entre la réponse humanitaire, l’inaction puis l’action militaire, ou l’action préventive dans le domaine de la santé et de l’environnement. Cette dernière action préventive est bien moins chère que l’action militaire.

« Pas de relâchement dans la traque du " quatrième homme " »

No Letup in Search for ’the 4th Man’
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Milt Bearden est ancien haut responsable de la CIA ayant participé aux opérations de l’agence en Afghanistan et au Soudan. Il a été numéro deux de la division Europe de l’Est/ Union soviétique au siège de Langley dans les années 80. il est coauteur avec James Risen, journaliste spécialisé sur les questions de renseignement au New York Times, de « The Main Enemy : The Inside Story of the CIA’s Final Showdown With the KGB ».

[RESUME] En plus de la traque de Saddam Hussein et de Ben Laden, une autre chasse à l’homme est conduite par la CIA puisque les chasseurs d’espion continuent de traquer « le quatrième homme » : un espion de l’ex-KGB infiltré en son sein et responsable, avec d’autres, de l’élimination de dix de nos agents à Moscou, en 1985.
C’est cette année-là que je suis devenu le numéro deux de la division Europe de l’Est/ Union soviétique de la CIA. J’ai donc dû rechercher qui étaient les traîtres responsables de l’exécution de dix de nos hommes. Assez vite, grâce à un transfuge nous avons pu identifier Edward Lee Howard, un ancien officier viré de la CIA qui était devenu un agent du KGB et qui s’est ensuite enfui pour Moscou. Après la chute du Mur de Berlin, la traque se fit moins pressante, mais elle ne fut pas abandonnée. C’est ainsi que nous avons réussi à arrêter Aldrich Ames, en 1994, et Philip Hansen, en 2001. Toutefois, les informations en possession des trois hommes ne permettent pas d’expliquer toutes les disparitions d’agents. Nous savons qu’il demeure un quatrième homme.
Alexandre Zhomov, le responsable du contre-espionnage au FSB, l’ex-KGB, est persuadé que nous avons eu Ames et Hansen grâce à des espions dans ses services. Il m’a personnellement assuré qu’il ne prendrait pas sa retraite tant qu’il ne les aurait pas identifiés. Nous agissons de même avec le quatrième homme. Il est évident que le combat entre la CIA et le KGB n’est pas encore terminé.