« Un État palestinien limité »

A Limited Palestinian State
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Benjamin Netanyahu est ancien Premier ministre israélien (1996-1999), période durant laquelle il eu [Richard Perle] comme conseiller. Il est actuel ministre des Finances. Il est le principal concurrent d’Ariel Sharon au sein du Likoud.

[RESUME] Dans notre quête pour la paix avec les Palestiniens, les Israéliens sont unis sur trois points : Le terrorisme doit cesser, nos frontières doivent être sûres et les Palestiniens doivent abandonner leur objectif de détruire Israël. C’est pourquoi nous exigeons le démantèlement des groupes terroristes, qu’il n’y ait pas de retour aux frontières indéfendables de 1967 et que les Palestiniens abandonnent leur demande d’un « droit au retour », un euphémisme pour détruire l’État juif en le submergeant avec des millions de Palestiniens.
Aujourd’hui, Israël doit choisir entre continuer à diriger les Palestiniens ou leur donner la souveraineté sur la Judée, la Samarie et Gaza. La Judée et la Samarie sont peu peuplées et Israël doit les contrôler en partie pour avoir des frontières plus sûres et pour éviter l’implantation de groupes terroristes. Il existe donc une troisième solution : la mise en place d’un État palestinien disposant de tous les pouvoirs pour se gouverner, mais pas de ceux permettant de menacer Israël. Ainsi, les Palestiniens auront une police, mais pas d’armée ; la possibilité de passer des accords diplomatiques, mais pas de pactes militaires. Leurs frontières seront gardées par les Israéliens.
Si on donne la pleine souveraineté aux Palestiniens, ils pourront construire leur propre armée et leurs armes de destruction massive. Depuis le 11 septembre, le monde a compris que résoudre certaines situations délicates dans le monde exigeait la redéfinition du concept de souveraineté nationale. Même ceux qui veulent un État palestinien ne veulent pas d’un État pleinement souverain qui pourrait envoyer ses kamikazes partout dans le monde. Si on leur donne la pleine souveraineté, on créera un État terroriste fanatique qui menacera le monde libre.

« Les colonies comme exemple »

Settlements As An Example
Dar Al Ayat (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Membre de la communauté arabe israélienne, Azmi Bishara est élu à la Knesset, le Parlement israélien. Le gouvernement avait tenté de lui interdire de se présenter à la dernière élection législative en raison de ses prises de positions.

[RESUME] De 1977 à 1981, quand il était ministre de l’agriculture, Ariel Sharon a favorisé les colonies, tout comme il l’avait fait en 1974 quand il était conseiller du Premier ministre Ytzhak Rabin. C’est ce soutien qui lui a permis de poursuivre sa carrière politique en occupant des postes de plus en plus élevés.
Beaucoup d’Arabes pensent que la question des colonies sera facile à régler, comparée à celle des réfugiés ou de Jérusalem qui sont sans espoir. Certains croient donc qu’il faut abandonner ces demandes avant même les négociations en se concentrant sur la question des colonies et de la création d’un État palestinien. Pourtant, Sharon, même s’il est plus à même de le faire que la gauche, ne concèdera pas facilement un démantèlement des colonies. Aujourd’hui, le droit au retour n’est plus défendu que par des groupes qui sont exclus des négociations ou qui les rejettent.
L’environnement politique dicte les sujets qui peuvent être négociés et le démantèlement de toutes les colonies n’est pas envisageable, ce qui consiste donc à abandonner le retour aux frontières de 1967. Cet abandon affectera nécessairement la souveraineté du futur État, sans même parler des autres restrictions qu’Israël veut imposer. Cette question divise les Palestiniens en deux tendances : l’une veut se concentrer sur la création d’un État et négocier, tandis que l’autre veut cesser de consentir des concessions sur les colonies.

« Les bombes de Saddam ? Nous les trouverons »

Saddam’s Bombs ? We’ll Find Them
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Kenneth M. Pollack est membre du Center for Foreign Policy Studies de la Brooking Institution et du Council on Foreign Relations. Il est ancien membre du National Security Council et ancien analyste militaire spécialisé sur les question iraniennes et irakiennes à la CIA (1988-1995).

[RESUME] La quête des armes de destruction massive irakiennes ne fait que commencer. Pourtant les accusations de mensonges ou d’exagération concernant la menace irakienne se développent. Ce qui est en cause cependant, ce n’est pas la présence ou non d’armes en Irak, il existe de nombreux rapports sur ce point, mais le fait que les dirigeants politiques aient pu distordre la vérité pour justifier le moment de l’invasion.
Les services de renseignement états-uniens n’ont jamais affirmé qu’ils savaient précisément où se trouvaient ces armes et elles sont faciles à dissimuler. Si elles n’ont pas été placées dans des endroits où elles pouvaient être utilisées, c’est peut-être parce que Saddam Hussein a sous-estimé la probabilité d’une guerre, a été tué tôt et n’a pas pu donner d’ordres ou qu’il a été surpris par la rapidité de la guerre. Il est également possible que l’Irak ait conservé sa capacité de production, mais pas ces énormes stocks d’armes. L’incapacité à trouver des armes de destruction massive ne prouve pas que les rapports démontrant que l’Irak avait une capacité de production étaient faux.
Les informations concernant l’Irak n’étaient de toute façon pas nouvelles. C’est pour cela que tant d’anciens responsables de l’administration Clinton, dont moi, se sont prononcés en faveur de cette guerre. Hans Blix lui-même a reconnu qu’il n’existait pas de preuves que l’Irak ait détruit les armes de destruction massive qu’il possédait en 1998. Les services allemands, quant à eux, craignaient que l’Irak ait une arme nucléaire en 2004. En revanche, la vraie question se pose sur le moment choisi pour entreprendre cette guerre. S’agissait-il du meilleur moment pour laisser au second plan toutes les autres questions de politique étrangère ? L’administration Bush a exagéré certaines informations pour permettre la guerre au printemps 2003. Certains affirment même que les dirigeants politiques savaient que le dossier sur l’importation d’uranium du Niger était faux.
Ce débat est important. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu’il faut retrouver les capacités de production irakienne (qui ont pu devenir la possession d’un État voisin ou même de Ben Laden) et reconstruire l’Irak.

« Quelle "guerre contre le terrorisme" après l’Irak ? »

Quelle « guerre contre le terrorisme » après l’Irak ?
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Joseph S. Nye est ancien secrétaire adjoint à la Défense (1994-1995). Il est doyen de la Kennedy School of Government de l’université d’Harvard et auteur de The Paradox of American Power. Cette tribune est diffusée par Project Syndicate.

[RESUME] Les victoires militaires des États-Unis en Irak et en Afghanistan risquent de fausser notre perception de la guerre au terrorisme. En effet, cette guerre ne représente pas qu’un combat contre des États voyous, mais aussi contre des organisations qui peuvent aujourd’hui acquérir des armes de destruction massive.
Il est impossible d’éliminer tous les actes terroristes et leur caractère meurtrier. Il faut adopter une stratégie diversifiée pour priver ces actes de légitimité et du soutien de certains États. Il faut parfois avoir recours à la force militaire, mais cela ne permet pas de s’attaquer au cœur du problème. La diplomatie couplée à la menace militaire peut dissuader un grand nombre d’États de soutenir le terrorisme. Il faut aussi développer la coopération internationale multilatérale en augmentant, par exemple le budget d’Interpol et en développant les échanges entre États sur les questions de sécurité intérieures.
Nous devons aussi augmenter le budget des programmes d’alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre les infections biologiques et celui du programme de démantèlement des armes des États de l’ex-URSS. Il faut enfin favoriser l’aide au développement pour priver les terroristes de l’argument de l’inégalité dans le monde pour recruter.

« Gérer la question iranienne requiert de la patience »

Dealing with Iran requires patience
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Amir Taheri est journaliste iranien et rédacteur en chef du journal français Politique Internationale. Il est expert du cabinet Benador Associates à New York.

[RESUME] Certains faucons demandent un changement de régime en Iran, montrant ainsi qu’ils confondent l’Iran et l’Irak de Saddam Hussein. L’Iran dispose en effet d’une opposition interne structurée et il est possible d’y tenir des débats politiques. Le pays a de fortes chances de se démocratiser sans intervention états-unienne.
Le régime khomeiniste est de plus en plus éloigné de la société civile iranienne où 70 % de la population a une bonne image des États-Unis (ce qui est plus qu’au Royaume-Uni et ne parlons même pas de la France et de l’Allemagne). Le régime n’est plus capable d’assurer les besoins de la jeunesse et l’Iranien moyen est 50 % plus pauvre aujourd’hui qu’en 1977. Les manifestations de la jeunesse se multiplient et la police et l’armée ont clairement fait comprendre au pouvoir qu’ils ne réprimeraient pas les manifestations. L’Iran n’est pourtant pas au bord d’une nouvelle révolution car les demandes des étudiants pour des réformes rencontrent des soutiens dans l’établissement. Deux tiers des membres du Parlement iranien ont envoyé une lettre à Ali Khamenei demandant la séparation de la Mosquée et de l’État. 250 intellectuels ayant des références khomeinistes impeccables ont signé une pétition demandant l’instauration d’une démocratie à l’occidentale.
Par contre, si les États-Unis sont trop menaçants avec l’Iran, les durs du régime profiteront du sursaut patriotique pour rester au pouvoir.

« Mettre un terme à leur errance »

Put an end to their wandering
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Ruud Lubbers est le Haut Commissaire pour les réfugiés des Nations Unies. Il a été Premier ministre chrétien démocrate des Pays-Bas de 1982 à 1989.

[RESUME] La question du droit d’asile en Europe est devenue très importante car la population est sensible aux abus commis par certaines personnes se faisant passer pour des réfugiés et parce que certains politiciens manipulent les chiffres pour exagérer le phénomène.
Le HCR a donc proposé un réforme du système européen. Elle prévoit dans un premier temps un accroissement de l’aide aux pays des régions d’où affluent les réfugiés afin qu’ils puissent rester plus près de chez eux et ne retrouvent pas dans une situation où ils n’ont pas d’autres choix que de partir vers l’Europe. Ensuite, il faut installer en Europe des camps de transit où les demandes d’asile politique seront examinées dans des délais brefs. Ces centres devront être à l’intérieur de l’Union européenne pour que les Droits de l’homme y soient respectés. Ensuite, le faible nombre de réfugiés reconnus sera partagé entre les États de l’Union européenne.