« Penser plus globalement pour la Corée du Nord »

Think bigger on North Korea
The Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Michael O’Hanlon est membre de la Brookings Institution et coauteur, avec Mike Mochizuki, de Crisis on the Korean Peninsula : How to Deal with a Nuclear North Korea.

[RESUME] Alors que le monde a les yeux rivés sur le Proche-Orient, la Corée du Nord continue de représenter une menace. Les négociations ont montré que l’administration Bush n’avait pas trouvé de voie de sortie à la crise nucléaire. George W. Bush insistait sur le fait qu’il n’y avait pas de discussion possible tant que le pays ne stoppait pas le programme nucléaire qu’il avait déjà promis d’abandonner complètement il y a neuf ans. Seul un accord multilatéral de non-agression, entre les États-Unis, les deux Corée, la Chine, le Japon et la Russie, a été signé. Les pressions sont d’autant plus fortes que les États-Unis se sont entourés d’alliés solides, isolant ainsi la Corée du Nord. Une inspection militaire n’est pas possible du fait que trois partenaires clés de la région (la Chine, la Corée du Sud et le Japon) s’opposent à une intervention militaire et dénoncent l’inflexibilité américaine.
Face à ce dilemme, nous devons penser plus largement : offrir plus à la Corée du Nord et exiger davantage en retour. Le but est de pousser le pays à appliquer les réformes économiques. Ce pourrait être une forme de suicide assisté du régime stalinien ; même si Kim Jong Il survit à cette transition, son rôle sera radicalement différent. Ce plan requiert les efforts des six parties.
Au-delà des questions militaires et nucléaires, le pays doit éliminer ses armes chimiques et ses missiles balistiques, cesser les trafics de drogue, ouvrir un dialogue sur les Droits de l’homme (particulièrement concernant les Japonais enlevés) et continuer à s’abstenir de toute aide au terrorisme ou de toute action de provocation envers ses voisins. Les sanctions commerciales des États-Unis doivent se transformer en aide, avec l’appui des institutions financières internationales.
Ceci doit mener à un traité de paix durable. Mais cette approche reste délicate et peut très bien échouer à tout moment.

« L’espoir renaît en Irak »

L’espoir renaît en Irak
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Howard H. Leach est l’ambassadeur des États-Unis en France.

[RESUME] Les États-Unis soumettent actuellement aux membres du Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution sur la reconstruction de l’Irak à l’aide d’une force multilatérale dirigée par les Américains. Il incite également à définir un calendrier pour la transition politique afin que l’Irak et le Proche-Orient deviennent un lieu de progrès et de paix et non plus des exportateurs de violence et de terrorisme.
L’espoir renaît en Irak. Le pays progresse sur la voie de la sécurité, de la démocratie et de la prospérité, même si cette évolution est lente et douloureuse.
D’importants progrès sont en cours pour assurer la fourniture des services de base (eau, énergie, soins médicaux et éducation). L’économie irakienne se remet de quatre décennies de mauvaise gestion et de gaspillage à grande échelle, grâce aux efforts américains et à la levée des sanctions.
Sur le front politique, le Conseil de gouvernement, entre autres, représentant tous les éléments de la population, montre que l’Irak progresse vers un gouvernement autonome et un régime démocratique. La coalition a pris de nombreuses mesures pour assurer la sécurité de l’Irak. La plus grande partie du pays est relativement stable et pacifiée.
Ce processus demande du temps. Paul Wolfowitz a déclaré : « On ne va pas secouer en quelques semaines la chape d’appréhension et de peur qu’ont fait peser trente-cinq années de répression. » Nous prévoyons que la conférence des donateurs pour l’Irak, qui aura lieu le mois prochain à Madrid, démontrera plus nettement encore la volonté concrète de la communauté internationale d’aider le peuple irakien à reconstruire son pays.
De ce succès dépendra la paix et la sécurité dans toute la région. Nous demandons aujourd’hui aux Nations unies de jouer un rôle plus large et plus actif dans la poursuite de cet objectif.

« Le chemin de la gloire mène au doute des soldats »

Paths of Glory Lead to a Soldier’s doubt
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Tim Predmore a servi durant six mois la 101ème division aérienne près de Mosul en Irak.

[RESUME] Durant les six derniers mois, j’ai participé à ce que je croit être le plus grand mensonge moderne, l’opération Liberté en Irak. Alors que les deux grandes puissances se préparaient au départ, elles enfreignaient les lois qu’elles imposaient aux autres. Sans accord, ni de l’ONU ni de nos propres citoyens, nous embarquions non pour une action de justice, mais d’hypocrisie. Au niveau des images transmises ou interdites, le même scénario était appliqué : « faîtes ce que je dis, pas ce que je fais ». Les soldats, partis pour assurer une assistance militaire et humanitaire nécessaire, ont pu être témoins, voire acteurs, d’atrocités de la part de l’armée américaine.
Quel est le but de notre présence ici ? Si ce sont les armes de destruction massive, où sont-elles ? Si c’est la chute d’un régime allié à Ben Laden, où sont les preuves de cette liaison ? Est-ce pour nos propres intérêts économiques ? Le pétrole irakien peut être raffiné au coût le plus faible au monde. Coïncidence ?
Pour moi, le pétrole est la raison de notre présence qui ressemble plus à une croisade moderne qu’à une campagne de libération d’un peuple opprimé. Il n’y a qu’une vérité : des Américains meurent. Et je ne pense plus qu’ils servent une cause ; j’ai perdu mes convictions et ma détermination. Je ne peux justifier mes services par ce que je considère comme des mensonges.
En Irak, nous avons tous rencontré la mort sans raison, ni justification. Combien d’Américains doivent encore mourir ?

« Une administration qui pense et agit comme un enfant »

An administration that thinks and acts as a child
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] John A. McKinnon est psychiatre et cofondateur et président de la Montana Academy, une école résidentielle pour adolescents en difficulté.

[RESUME] Il arrive que des adultes réfléchissent comme des adolescents. Pour vous persuader que l’administration Bush rentre dans ce cadre, je vais vous décrire cette approche défectueuse :
 Présent et futur : le futur est une destination qu’on atteint par des pensées magiques. On veut être astronaute, mais on ne comprend pas pourquoi on ferait des mathématiques.
 Présent et passé : l’histoire n’est pas connectée au présent.
 Manque d’empathie : mes amis sont juste ceux qui sont comme moi.
 Narcissisme : les adolescents immatures sont orientés exclusivement vers eux-mêmes. Il n’existe qu’une personne dans les relations : « moi ».
 Éthique égoïste : ils se pensent aussi autorisés à faire ce qu’ils veulent, sans limites et sans honte.
 Logique concrète : les adolescents immatures prônent le réalisme du fait qu’ils ne comprennent pas les abstractions éthiques comme l’honneur, la tolérance, l’intégrité ou le bien commun. De fait, ils ont du mal à manier les métaphores et ont peu de sens de l’humour.
Aucun parti n’a le monopole de l’immaturité, mais cette approche permet de mieux décrire les actions de l’administration Bush. Elle est arrogante, antipathique, sans conscience du futur et éthiquement primitive. Nous avons besoin actuellement du contraire, avec ironie et humilité. Il n’y a pas de raison que ce qui échoue dès l’université fonctionne pour diriger notre nation. Et cela crée des réactions dédaigneuses. À l’approche des élections, nous allons voir si nous voulons élire ceux qui pensent et agissent comme des adultes.

« Campus Watch à la rescousse »

Campus Watch to rescue
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] [Daniel Pipes] est directeur du Forum sur le Moyen-Orient et professeur à Harvard et à l’université de Chicago. Il est le chantre de l’islamophobie et est l’administrateur de l’Institut états-unien pour la paix. Daniel Pipes est un des acteurs de la superstructure idéologique de l’administration Bush.

[RESUME] « Voyous intellectuels », « totalitaire » ou encore « Maccarthysme grossier » sont les mots outrageux des spécialistes académiques envers le projet que j’ai lancé il y a un an, appelé Campus Watch et dont le but est de revoir et critiquer les analyses concernant le Proche-Orient en matière de sécurité internationale.
Les études sur le Proche-Orient sont devenues un Enron intellectuel car ses spécialistes sont :
 Incompétents : ils s’appuient sans cesse sur de mauvaises bases. Par exemple, l’Autorité Palestinienne tendrait vers la démocratie. Ben Laden et Al Qaïda sont sans cesse écartés car considérés comme hors de propos.
 Accusatoires : beaucoup d’universitaires américains sont hostiles aux intérêts des États-Unis.
 Intolérants : l’uniformité politique empêche les points de vue alternatifs.
 Contrits : ils évitent beaucoup de sujets dévalorisant la région.
 Abusifs : on pénalise trop souvent les pensées indépendantes.
Campus Watch cherche à remédier à cela en offrant aux spécialistes des critiques constructives et en alertant les acteurs des universités de l’échec de ces études. Pour son premier anniversaire, ce projet peut se féliciter de son succès : des étudiants ont fait fermer un site wahhabite dans l’université de Michigan par exemple. Notre site a attiré plus d’un demi-million de visiteurs et même des spécialistes du Proche-Orient nous ont félicité pour ce « pas important ». L’existence de Campus Watch a aussi fait arrêter les attaques personnelles de professeurs contre des étudiants en désaccord.

« D’où proviennent les armes »

Where the arms come from
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Peter Takirambudde est le directeur exécutif pour l’Afrique de Human Rights Watch.

[RESUME] L’image de corps empilés devant l’ambassade des États-Unis à Monrovia a choqué les consciences américaines, mais la crise au Libéria reste irrésolue. Les troupes rebelles du Liberians United for Reconciliation and Democracy (LURD) ont attaqué à plusieurs reprises, souvent à proximité de l’ambassade américaine. Les mortiers utilisés venaient de Guinée, qui reçoit des aides militaires des États-Unis. Le gouvernement américain a demandé à la Guinée d’arrêter de supporter le LURD, mais la Guinée a évité de répondre à cette condamnation.
La Côte d’Ivoire a joué un rôle similaire en armant le Movement for Democracy in Liberia (MODEL). Le gouvernement ivoirien recrute même directement des combattants libériens pour son propre conflit, en promettant qu’ils « garderont leurs armes et pourront retourner ensuite combattre Taylor au Libéria ».
Le gouvernement de Charles Taylor a aussi ses alliés étrangers, malgré les sanctions des Nations unies, à l’image du Burkina Faso qui couvre les importations illégales d’armes.
Le LURD et le MODEL profitent de l’antipathie internationale pour le tortionnaire Taylor, contraint à l’exil le mois dernier. Ses milices recrutent des enfants, torturent, enlèvent et exécutent des civils.
L’intervention ouest-africaine a construit une certaine stabilité, mais qui reste insuffisante puisque les trois parties continuent leurs exactions malgré le départ de Taylor et les arrangements prévoyant pour le mois prochain l’établissement d’un gouvernement intérimaire. Les États-Unis ont laissé passer beaucoup d’occasions d’engager les gouvernements ouest-africains vers la paix. L’administration Bush doit maintenant impérativement profiter de la moindre opportunité.