« Ce que Kay a trouvé »

What Kay Found
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] [Colin L. Powell] est secrétaire d’État des États-Unis. Il a été assistant aux affaires de sécurité nationale du président Reagan (1987-1989) et chef d’état-major de l’armée états-unienne (1989-1993) sous la présidence de George Herbert Walker Bush.

[RESUME] Le groupe d’inspecteurs dirigés par David Kay a mis en évidence que l’Irak avait violé les résolutions de l’ONU avant l’adoption de la résolution 1441 et plus encore après son adoption. Kay a en effet découvert que l’Irak avait des activités qui auraient dues être déclarés à l’ONU et que Bagdad développait des programmes interdits impliquant des milliers de personnes et des milliards de dollars. Ce que nous savions en novembre dernier justifiait l’adoption de la résolution 1441. Les rapports du groupe de surveillance de l’Irak affirment que Saddam continuait à développer des armes interdites en dépit des inspecteurs de l’ONU. Notre coalition avait donc eu raison d’éliminer le danger que ce régime représentait pour le monde.
Avant la guerre, nous avions découvert que l’Irak menait une campagne pour empêcher les inspecteurs de travailler en cachant du matériel sensible chez les scientifiques irakiens et chez les membres du parti Ba’as. Cela a été confirmé par des perquisitions. Kay a également découvert du matériel qui aurait pu être utilisé pour produire des armes. S’il réserve ses conclusions pour l’instant, il continue de travailler dans cette direction. Le groupe de surveillance de l’Irak a également découvert un réseau clandestin de laboratoires et de maisons sûres dans lesquels était entreposé du matériel qui aurait dû être présenté à l’ONU. On a également trouvé des laboratoires-prison qui ont pu servir à des tests sur des humains. Le rapport démontre enfin que nous avions raison de suspecter l’Irak de construire des missiles interdits, puisque nous savons désormais que la construction de missiles ayant une portée de 1000 kilomètres étaient envisagée. Plus important encore, Kay a découvert que les efforts pour détruire des preuves de l’existence d’un programme d’armement ont continué après la guerre et la chute du régime.
Ces éléments prouvent que nous avons eu raison de renverser ce régime, cette « république de la peur ». Hussein ne causera plus jamais de nouvel Halabja.

« Ne les embarrassez pas avec les faits »

Don’t bother them with facts
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] [Frank J. Gaffney Jr.] est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Pour certains démocrates, le rapport de David Kay démontre que la guerre en Irak était illégale et était une agression. Pourtant, ce que prouve réellement ce rapport, c’est que Saddam Hussein était un despote engagé dans la construction des armes les plus dévastatrices pour l’homme.
En outre, si le groupe de surveillance de l’Irak n’a pas encore trouvé d’armes de destruction massive, il faut noter que l’équipe de David Kay n’a visité que dix des 130 dépôts d’armes connus en Irak, chacun étant très vaste et nécessitant de prendre des précautions puisque leur contenu est inconnu. De plus, il existe des caches d’armes non encore découvertes et les matières interdites prennent très peu de place. Elles pourraient tenir dans seulement deux garages et, d’après James Woolsey, les stocks d’anthrax irakiens pourraient tenir dans un semi-remorque. Le difficile travail de l’équipe de Kay démontre par ailleurs que les inspecteurs de l’ONU n’auraient jamais rien pu trouver en raison des entraves à leur travail dont ils étaient les victimes.
L’équipe de Kay a appris par des scientifiques irakiens que ce pays travaillait sur des toxines extrêmement dangereuses, précisément ce que les États-Unis craignaient voir arriver dans les mains des terroristes. Dans le même temps, Dick Cheney a affirmé dernièrement que les services secrets irakiens étaient sans doute impliqués dans les attentats de 1993 contre le World Trade Center.
Malheureusement, malgré ces éléments, les opposants préfèrent ignorer ou déformer la vérité.

« Pas d’armes ne signifie pas, pas de menace »

No Weapons Doesn’t Mean No Threat
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Ancien haut fonctionnaire au département d’État, Charles Duelfer est chercheur au Woodrow Wilson Center et au Center for Strategic and International Studies. Il a été vice-président de l’UNSCOM, la première organisation onusienne d’inspection de l’Irak (1993-2000).

[RESUME] Le groupe de surveillance de l’Irak de David Kay a la même mission, ironiquement, que le groupe d’Hans Blix, mais avec un accès plus important aux sources irakiennes et plus de temps.
Kay a abouti à la conclusion qu’aucune arme de destruction massive n’était prête à l’emploi en Irak mais que, vu la taille du pays, il pouvait y avoir des stocks cachés quelque part. Il a, en revanche, trouvé des preuves que l’Irak avait un programme de recherche et de développement d’armes de destruction massive que le pays n’avait pas déclaré à l’ONU et qui n’avait pas été découvert pas ses inspecteurs. Ce type de découverte ne surprendra pas les inspecteurs expérimentés qui savent bien que l’Irak avait tendance à poursuivre les recherches jugées indétectables.
L’absence de stocks d’armes ne signifie pas que l’Irak ne représentait pas une menace et certains éléments laissent penser qu’à terme, il aurait eu moyen de viser ses voisins et les États-Unis avec des agents biologiques. Quoi qu’il en soit, il ne s’agissait pas de la menace immédiate annoncée avant-guerre, même s’il faudra s’assurer que toutes les armes sont éliminés.
Il va falloir chercher désormais pourquoi Colin Powell était si loin du compte dans son rapport au Conseil de sécurité de février, tout comme il faudra rechercher ce que les inspecteurs de l’ONU ont manqué et quels étaient les efforts d’Hussein pour saper le travail de l’ONU. Nous devrons déterminer s’il a reçu l’aide d’autres pays ou s’il a pénétré les équipes d’inspecteurs afin d’échapper aux inspections surprises. Il faudra comprendre la stratégie irakienne.

« Gagner la guerre au terrorisme »

Winning the war on terror
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ted Stevens est sénateur Républicain de l’Alaska et président du Defense Appropriations Subcommittee du Sénat américain.

[RESUME] Le Congrès doit décider cette semaine d’accorder ou non au gouvernement les moyens de financer la guerre au terrorisme et la reconstruction de l’Irak et de l’Afghanistan. La vie de nos soldats dépend de notre accord.
Certains sénateurs ne souhaitent financer que les opérations militaires et attendre de déterminer le rôle exact des États-Unis en Irak pour financer la reconstruction ? Pourtant plus celle-ci sera rapide, plus nos soldats rentreront vite à la maison. Les États-Unis ne souhaitent pas une longue occupation, ils veulent que l’Irak soit dirigé par un gouvernement respectant la liberté et le droit. La demande de financement de la Maison Blanche va dans ce sens. En effet, plus nous investirons dans les infrastructures irakiennes, plus vite l’Irak pourra utiliser l’argent du pétrole et pourra se passer de notre aide financière. Or, pour l’instant, le Conseil de gouvernement transitoire irakien n’a pas la possibilité de faire des emprunts pour reconstruire le pays.
L’occupation de l’Irak ne devrait pas être aussi longue que celle du Japon ou de l’Allemagne car l’Irak a les ressources nécessaires pour un reconstruction rapide. Elle est risquée, mais si nous échouons ou nous retirons d’Irak, les loyalistes de Saddam ou les combattants étrangers du Jihad venant de Syrie, du Liban ou d’Iran rempliront le vide laissé et l’Irak financera à nouveau le terrorisme. Voilà pourquoi le Congrès doit accorder les fonds.

« Le dernier moment nucléaire »

The Last Nuclear Moment
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ancien membre de l’US Institute of Peace (1997-1998) Avner Cohen est l’auteur de Israel and the Bomb et, prochainement de Israel’s Last Taboo. Il est chercheur au Center for International and Security Studies du Maryland (CISSM).

[RESUME] Depuis Hiroshima et Nagasaki en août 1945, le monde n’a risqué que deux fois un conflit nucléaire : lors de la crise des missile de Cuba en 1962 et lors de la guerre du Kippour, il y a 30 ans.
L’attaque surprise de la Syrie et de l’Égypte contre Israël, le 6 octobre 1973, prit le pays au dépourvu et eut un impact similaire à l’attaque de Pearl Harbor pour les États-Unis. Jusque-là, Israël était persuadé que ses services de renseignement pouvaient l’informer d’un projet d’invasion au moins 48 heures avant l’attaque. Le Premier ministre Golda Meir avait été prévenu secrètement de l’attaque par le roi Hussein de Jordanie le 25 septembre, mais en raison de sa trop grande confiance en elle, l’armée ne s’était pas préparée. Le 8 octobre, au vu des pertes, l’état-major israélien craignait la disparition du pays et, le 9 au matin, le conseil de guerre étudia la possibilité d’utiliser l’arme atomique contre les attaquants. Moshe Dayan fit cette proposition au Premier ministre dans la matinée et on ignore ce qui s’est dit au cours de l’entrevue, mais Golda Meir finit par refuser le catastrophisme de son ministre et estima que l’utilisation de cette arme n’était pas nécessaire. Israël finit par recevoir l’aide de Washington et par renverser la situation.
La décision de Golda Meir n’a pas seulement permis d’éviter une catastrophe nucléaire, elle a prouvé au monde qu’Israël état une puissance nucléaire responsable. Cette décision a par ailleurs permis de renforcer le tabou nucléaire : ces armes ne sont pas comme les autres et elles ne doivent être utilisée qu’en dernier recours. Cet héritage de Golda Meir est toujours d’actualité.

« Sortir de l’impasse en Iran »

Breaking the Stalemate in Iran
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Rose Gottemoeller est membre du Carnegie Endowment for International Peace. Elle a été vice-secrétaire à l’Énergie pour la non-prolifération et la sécurité nationale sous l’administration Clinton. (1997-2000).

[RESUME] L’administration Clinton avait obtenu des Russes qui construisaient le site iranien de Bushehr qu’ils s’accordent avec l’Iran pour que le seul combustible utilisé sur ce site soit d’origine russe et que Moscou récupère l’intégralité des déchets nucléaires qui en serait issus. Grâce à cet accord, le site de Bushehr ne représente aujourd’hui aucun risque de prolifération, contrairement aux installations secrète de Natanz, le principal problème de l’International Atomic Energy Agency.
Pourtant, aujourd’hui, le site de Bushehr est au centre du différend américano-russe concernant l’Iran. En effet, les Russes veulent avoir la possibilité d’honorer une commande de Téhéran demandant la construction de plus de réacteur dans les mêmes conditions que celle prévues dans notre accord. Tandis que Washington refuse, arguant que plus le nombre de réacteurs est élevé, plus le risque de prolifération nucléaire est important. Nous sommes aujourd’hui dans l’impasse sur cette question alors même que la coopération américano-russe pourrait permettre de faire avancer certaines questions en lien avec les problèmes de prolifération. Ce blocage empêche la réalisation du projet russe de construction d’une usine de recyclage des déchets nucléaires à Krasnoyarsk dont les bénéfices serviraient à rendre les installations nucléaires russes plus sûres face aux risques de vols ou d’accidents. Les États-Unis refusent malheureusement de discuter de ce projet tant que le désaccord sur l’Iran demeure. Ce n’est pas productif.
Il faut au contraire demander aux Russes de ne construire qu’un seul réacteur supplémentaire tout en poussant les Iraniens à collaborer avec l’IAEA. Dans le même temps, nous devons participer à la construction de l’usine de Krasnoyarsk.

« La propagande états-unienne : vendre l’Amérique aux musulmans »

U.S. Propaganda : Selling America to the Muslims
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Michael Holtzman est vice président de Brown Lloyd James, un cabinet de conseil en relations publiques. Il était conseiller en communication du représentant au commerce de l’administration Clinton.

[RESUME] Le rapport sur les effets de la « diplomatie publique » américaine dans le monde arabe publié la semaine dernière a, sans surprise, démontré que l’hostilité vis-à-vis de l’Amérique demeurait vive dans le monde musulman. Ce ne sont pas les suggestions demandant plus de moyens ou la nomination d’un coordinateur de la Maison Blanche pour les relations publiques qui vont changer quoi que ce soit à cette situation. C’est la stratégie qui doit être repensée dans son ensemble.
En effet, pour l’instant, les seuls messages délivrés par les États-Unis l’ont été par le biais du département d’État et ont consisté en des spots de pub vantant la liberté religieuse aux États-Unis. Ou la création de posters de Saddam Hussein en Elvis Presley, Zsa Zsa Gabor, Rita Hayworth ou Billy Idol (portant un crucifix). A part offenser les musulmans qu’espérait-on avec cela ? Washington a également créé un Bureau des communications globales pour contrer les présentations négatives des États-Unis, mais refuse de se rendre sur Al-Jazeera ou les autres chaînes de télévision arabes pour s’expliquer. L’administration Bush investit dans internet alors que peu d’arabes sont connectés ou dépense six millions de dollars pour lancer « Hi », un magazine pour les jeunes arabes coûtant deux dollars par numéros dans des pays où le revenu moyen est de 930 dollars par an. Enfin, la diffusion de photos truquées de Ben Laden rasé en Afghanistan n’a eu que pour effet de donner de l’Amérique l’image d’une superpuissance manipulatrice.
Il est choquant de voir que le pays qui a inventé la publicité moderne se débrouille aussi mal alors qu’il serait si simple pour Washington d’aider des médecins, des enseignants, des dirigeants religieux ou des entraîneurs sportifs à aider les populations locales dans leur vie de tous les jours.