Vu l’arrestation de Saddam Hussein et l’avenir de l’Irak semblant plus sûr, on entend des appels à George W. Bush pour qu’il abandonne sa liste de 63 pays ayant droit à des contrats de reconstruction en Irak et qu’il l’élargisse. Il ne faut pas abandonner cette liste, mais il faut expliquer pourquoi il s’agit d’une bonne idée.
Il est nécessaire de préciser que les pays s’y trouvant ne sont pas « récompensés » et ceux qui ne s’y trouvent pas « punis », cela ressemble trop à la mentalité de l’ancien régime à Bagdad. En fait, nous assurons la reconstruction de l’Irak pour promouvoir un pays stable et libre et, comme l’a précisé Paul Wolfowitz, pour garantir les intérêts états-uniens en matière de sécurité. Rien ne laisse penser que la Russie, la France et l’Allemagne partagent ces objectifs.
Ces trois pays au contraire forment un « Axe de l’avarice » qui a largement profité des contrats financés par l’argent du programme pétrole contre nourriture. Ce programme, prévu pour soulager les souffrances des Irakiens, a permis de faire de juteux échanges avec les pays qui s’opposaient le plus à son renversement : la Russie, la France et, dans une moindre mesure, l’Allemagne et la Chine. On ignore la nature exacte des contrats, mais l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak devrait les rendre publics. Cela permettrait aux Irakiens de voir comment leur argent a été utilisé et éclairerait d’un jour nouveau l’indignation des Russes, des Français et des Allemands de ne pas figurer sur la liste des pays ayant accès à la reconstruction.
La liste n’est cependant pas parfaite (on y trouve l’Arabie saoudite et les démocratie n’y sont pas plus favorisées que les dictatures) et il faut rester flexible afin que James Baker puisse faire abandonner les créances envers l’Irak de la France, de l’Allemagne et de la Russie.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Rebuilding Iraq With Clean Hands », par Claudia Rosett, New York Times, 16 décembre 2003.