Il y a sept ans, j’avais exprimé ma confiance dans la démocratisation de la Hongrie et aujourd’hui les institutions hongroises fonctionnent dans la transparence et le pluralisme et votre démocratie s’inscrit fidèlement dans les idéaux du siècle des Lumières et de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Le 1er mai prochain, la Hongrie sera pleinement membre de l’Union européenne et cela nous permettra de travailler ensemble pour faire progresser les idéaux de paix, de démocratie et de progrès en Europe. La France fait confiance à la Hongrie et c’est pour cela que nous sommes devenus le troisième investisseur étranger dans ce pays et que nous développons nos échanges culturels.
Dès la chute du Mur de Berlin, je me suis prononcé en faveur de l’adhésion des nouvelles démocraties d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne car j’estime que c’est un devoir moral et historique. Dans l’histoire de l’Union européenne, la coopération franco-allemande a joué un rôle moteur. Le chancelier Gerhard Schroeder et moi-même sommes désireux de contribuer au succès de l’élargissement, mais nous ne souhaitons rien imposer. L’Europe élargie sera forcément plus diverse et plus hétérogène. Aussi, pour éviter les blocages, il faut renforcer les institutions et permettre également à ceux qui ont la capacité et la volonté d’aller plus loin de le faire. Il est donc nécessaire de constituer des groupes pionniers comme on l’a fait pour Schengen et pour l’euro. Doter l’Europe d’une constitution est également un acte important et je souhaite que nous y parvenions avant la fin de l’année 2004.
En ce qui concerne l’Irak, nous souhaitons que la reconstruction s’opère rapidement et que ce pays retrouve sa souveraineté, c’est seulement alors que nous étudierons un possible engagement de l’OTAN si l’Irak en fait alors la demande. Dans ce dossier, il y a eu des tensions avec les Etats-Unis, mais je souhaite qu’elles soient dépassées à l’occasion du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie.
« Entretien de Jacques Chirac à " Nepszabadsag " », par Jacques Chirac, Nepszabadsag, 25 février 2004. Ce texte est adapté d’une interview.
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