Les trois roquettes tirées hier par un hélicoptère israélien fournies par les États-Unis sur une quinzaine de Palestiniens revenant de la mosquée ont peut-être mis fin aux espoirs de paix au Moyen-Orient car, au milieu de ce groupe se trouvait Ahmed Yassin. Cet homme de 67 ans, tétraplégique et souffrant de problèmes de vue et d’audition était considéré comme le pire cauchemar d’Israël par certains, mais pour des millions de musulmans dans le monde, il était perçu non seulement comme le fondateur du Hamas, mais comme le père spirituel de la lutte armée des Palestiniens pour leur liberté.
Yassin insistait pour que la lutte demeure dans les frontières de la Palestine et a souvent proposé des trêves à Israël, toujours rejetées. Hier, les forces israéliennes ont reçu l’ordre d’abattre le Cheikh Yassin. Si le Premier ministre israélien pensait que cela pouvait aider à la paix, il se trompe. Déjà, tous les groupes armés palestiniens ont promis de faire la guerre à Israël et de ne plus s’arrêter aux frontières. On ne peut s’attendre qu’à de nouveaux massacres.
Jack Straw et son homologue français ont condamné ce meurtre et le message a été bien reçu par les musulmans, mais la soulève la question du positionnement de l’Europe dans cette affaire. En effet, l’année dernière, l’Union européenne a décidé, sous la pression des Britanniques, de dénoncer le Hamas comme une organisation terroriste. Cela équivalait à donner un permis de tuer à Israël. Aux yeux des musulmans, l’Europe a du sang sur les mains. Au nom de la « guerre au terrorisme », cette exaction et d’autres sont acceptées alors que les attentats suicides palestiniens sont condamnés unanimement. Les musulmans condamnent la guerre au terrorisme des Etats-Unis, non par soutien au terrorisme, mais parce qu’il excuse le terrorisme d’État.
« Blood on their hands », par Anas Altikriti, The Guardian, 23 mars 2004.
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