L’ancien Premier ministre espagnol, José-Maria Aznar, ère de plateaux de télévisions en studios de radio pour attester qu’il n’a pas manipulé les informations relatives aux attentats de Madrid. Il livre une nouvelle fois sa version des faits dans un article publié simultanément par le Wall Street Journal et le Scotsman. Il n’a pas menti et s’est simplement trompé de bonne foi. On aimerait le croire et l’entendre prononcer la même autocritique à propos des armes de destruction massive irakiennes, mais ce sujet est déjà oublié : une intox chasse l’autre, seule une défaite électorale contraint à présenter des excuses.

Le témoignage de Patrick de Saint-Exupéry : L’Inavouable, La France au Rwanda, paraît aujourd’hui en librairie. Le reporter du Figaro y relate sa découverte des responsabilités de militaires français dans la planification et l’exécution du génocide. Pour prévenir l’effet du scandale, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, monte au créneau dans Libération. Éprise de paix, la France aurait facilité les Accords d’Arusha et aurait été surprise par le génocide. Elle aurait alors déployé l’opération Turquoise pour mettre fin aux massacres et aurait ultérieurement lancé une enquête parlementaire pour analyser ses erreurs. Depuis, elle aurait tiré les leçons du drame et s’impliquerait plus efficacement. Ainsi, elle se féliciterait des Accords de Marcousis et de la paix revenue en Côte d’ivoire.
Malheureusement ce plaidoyer de défense de l’État n’est pas crédible. La présence de militaires français aux côtés des responsables du génocide avant et pendant les événements est largement documentée, comme vient de le montrer la commission d’enquête citoyenne mise en place par l’association Survie. De même que l’usage de l’opération Turquoise pour exfiltrer ces étranges conseillers à l’issue du massacre. Enfin, l’article de Dominique de Villepin a dû être préparé à l’avance car l’évolution récente des événement en Côte d’ivoire n’autorise pas à l’auto-satisfaction.

Aux États-Unis, les autorités continuent à éteindre l’incendie déclenché par le témoignage de Richard Clarke, Contre tous les ennemis. Dans The Independent, ce n’est pas l’État, mais son ami et patron que l’ambassadeur William S. Farish défend. Le bilan de George W. Bush en matière de lutte contre le terrorisme est bon, assène-t-il. Ce Monsieur Clarke ne mérite pas d’être écouté : il « crache dans la soupe » en s’en prenant à un président qui lui a fourni du travail, il est aigri, et il dit n’importe quoi pour vendre des livres. Bref, pour toute réponse aux questions posées, il lance des attaques ad persona.
De son côté, Sidney Blumenthal, ancien collègue de Clarke dans l’administration Clinton, souligne dans le Guardian que l’auteur controversé a toujours eu une bonne réputation et que son témoignage n’a rien de farfelu. Il corrobore par exemple celui du général Donald Kerrick.

Le ministre des Affaires étrangères argentin, Rafael Bielsa, se réjouit dans Clarin de la conclusion d’un accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne. Au-delà de la bonne nouvelle économique, ce rapprochement est une alternative à la dislocation du Mercosur par la Zone de libre-échange des Amériques. Or, comme ne cesse de la souligner le gouvernement argentin, les États sud-américains ambitionnent une union politique et se reconnaissent plus dans la culture européenne que dans celle des Etats-Unis.

Dans un entretien accordé au Figaro, le financier George Soros poursuit sa campagne contre l’élection de George W. Bush. Par défaut, il soutient John Kerry, dont il se démarque cependant à propos du format des armées. Il ne se trouve pas plus en phase avec Jacques Chirac qui a ébranlé les relations transatlantiques. En effet, Soros est partisan d’une exploitation économique douce, dans laquelle les États-Unis conserveraient l’autorité en faisant le moins possible usage de la force.

Enfin, l’ancien président de la République tchèque, Vaclav Havel, se réjouit, dans The Independent, de l’élargissement de l’Union européenne. Mais sa joie est incomplète lorsqu’il songe à ses amis biélorusses, écrasés par le régime de Lukashenko. Havel, qui a bénéficié de l’aide de la CIA lorsqu’il était dissident du bloc-soviétique et a rejoint aujourd’hui la Nouvelle Initiative Atlantique, préconise une aide européenne aux dissidents biélorusses. Tout au moins à ceux qui sont pro-atlantistes car, ici, la défense de la démocratie s’identifie avec la défense d’un parti pris.