Washington et Kiev parlent sérieusement de l’élargissement très proche, avant 2008, de l’OTAN à l’Ukraine, écrit Sergueï Karaganov, président du conseil de rédaction de la revue "La Russie et la politique globale" dans la Rossiïskaïa gazeta.

Il existe aussi des plans d’extension encore plus rapide sans recourir à un référendum qui, ou bien détruirait l’idée même de l’élargissement, si le résultat n’est pas falsifié, ou bien aggraverait davantage la division de la société. L’élargissement est soutenu, en Ukraine, par ceux qui ne sont pas sûrs de leur force et de la vitalité de l’Etat ukrainien, qui ont peur d’une Russie plus compétitive et qui voudraient enchaîner à demeure leur Etat aux Etats-Unis par des liens militaro-politiques.

Tous les motifs occidentaux ne sont pas clairs. Mais certains se devinent. C’est le désir d’attacher plus solidement l’Ukraine hésitante et instable au système occidental. Il est certainement des gens aux Etats-Unis qui veulent gagner des voix d’électeurs est-européens à la veille des élections. Ils misent sur la création d’une nouvelle tête de pont pro-américaine en Europe, en plus de celle mise en place en Pologne. D’autant que cette dernière fonctionne très mal. Varsovie s’est retrouvée isolée politiquement, ou peu s’en faut, dans la Grande Europe. Aussi, les traditionnalistes varsoviens rêvent-ils de retrouver leur domination sur l’Ukraine, perdue il y a plusieurs siècles.

Force est de constater aussi l’incompréhension des résultats de l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine. L’Ukraine et la Russie n’ont pas de frontière délimitée, elle n’existe que sur le papier et nourrit les douaniers corrompus. S’il devient nécessaire de créer une frontière réelle, des problèmes énormes surviendront inévitablement. Les millions de gens qui travaillent actuellement de l’autre côté de la frontière seront réduits au chômage et des milliers de familles seront divisées. Des dizaines et des centaines de conflits éclateront. On verra apparaître, de part et d’autre, le syndrome de la nation divisée qu’on est parvenu tant bien que mal à éviter jusqu’à présent. Les événements pourront se développer d’après le scénario yougoslave dans une version édulcorée, quoique pas obligatoirement.

La Russie n’est pas la Serbie. Elle tiendra le coup mais sera provisoirement affaiblie et poussée de ce fait à intégrer des alliances anti-occidentales. Bien des gens à Moscou repousseront leur désir de maintenir le statu quo. J’espère que la Russie n’optera pas pour la confrontation. Mais elle sera obligée d’opposer une résistance farouche, peut-être même parfois disproportionnée.

Source
RIA Novosti (Fédération de Russie)