Les allégations selon lesquels les États-Unis auraient été dupés par les services de renseignement iraniens, opérant derrière le client du Pentagone, Amhed Chalabi, sont troublantes. La CIA aurait des preuves tangibles que le responsable du renseignement de l’Iraqi National Congress était un agent double iranien.
À première vue, cela paraît peu crédible. Une telle manœuvre aurait certes permis aux Iraniens de se débarrasser de leur adversaire, mais avec des forces états-uniennes en Afghanistan, cela entraîne surtout un encerclement de l’Iran. En outre, cette théorie de la conspiration a une autre faiblesse : les renseignements sur les armes de destruction massive irakiennes n’ont été qu’une des raisons de l’administration Bush de partir en guerre en Irak. Il semble que cette histoire ait plus à voir avec le fait que le Pentagone s’est aliéné la CIA et le département d’État qu’avec les évènements se déroulant à Bagdad. On peut avoir la CIA contre soi, on peut avoir le département d’État contre soi, mais l’opposition des deux s’associant contre un ennemi commun devient difficile à gérer.
Ces évènements ont des implications pour les services de renseignement britanniques en raison de leur proximité avec leurs homologues états-uniens. La communauté du renseignement états-unien est influente à Londres et cela est souvent présenté comme une chance, mais j’en doute. Le responsable de la CIA à Londres peut souvent assister aux réunions du Comité joint des renseignement britannique et les dossiers sont donc partiellement réalisés selon le point de vue américain. Il est temps de nous autonomiser du renseignement états-unien.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The trouble with joint intelligence », par Crispin Black, The Guardian, 26 mai 2004.