Au moins, personne ne peut dire que la campagne de l’élection européenne est ennuyeuse compte tenu des diverses prises de position après les attaques de George Galloway. Cependant, si elle est drôle, elle n’en est pas moins surréaliste. En effet, les travaillistes font campagne en affirmant que le Parlement européen n’a rien à voir avec l’Irak car il ne décide pas de l’usage de la force.
Pourtant, l’élection européenne est précisément l’occasion de juger de la sagesse de la décision de Tony Blair de partir en guerre avec George W. Bush car elle illustre le dilemme britannique : faut-il privilégier l’alliance avec les États-Unis ou l’identité européenne de notre pays ? Le résultat de cette élection exprimera ce que pensent les Britanniques de ce débat. La décision de Blair de participer à la guerre d’Irak a marginalisé les Britanniques en Europe et a soudé le couple franco-allemand. Dans ces conditions, le soutien des conservateurs à la guerre est beaucoup plus compréhensible que celui des travaillistes car leur euro-scepticisme s’est toujours teinté d’américanophilie. Tony Blair est censé être notre Premier ministre le plus européen, mais il est coincé entre l’euro-scepticisme de Gordon Brown et celui de Jack Straw.
L’Europe et l’Amérique ne sont pas ennemies, mais elles sont différentes, surtout aujourd’hui que Washington est dirigé par une clique de néo-conservateurs. Il faut parfois faire un choix entre les deux et les électeurs peuvent montrer par leur vote que la voie de Bush n’est pas la seule possible.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Europe or America - you decide, par Nick Clegg, The Guardian, 4 juin 2004.