La récente lettre de Mahmoud Ahmadinejad à George W. Bush doit être analysée sur différents niveaux. Elle peut être vue comme un moyen de retarder l’adoption d’une résolution à l’ONU. Mais on peut dépasser cette analyse et considérer que sa tonalité démagogique était le seul moyen de faire accepter une prise de contact avec les États-Unis à la frange la plus radicale de la population iranienne.
Aujourd’hui, les États-Unis doivent définir leur stratégie. En effet, une diplomatie ratée pourrait restreindre notre choix à un Iran nucléaire ou une offensive militaire. L’Iran a refusé le contrôle de son programme d’enrichissement de l’uranium ce qui rend impossible un contrôle de son armement. La situation en Iran est grave, les États-Unis ne peuvent pas se permettre de négocier au travers d’intermédiaires. Il faut mettre en place une négociation multilatérale dans la quelle les États-Unis pourront négocier avec l’Iran. Les États-Unis et leurs alliés vont devoir s’entendre sur le temps qu’ils peuvent consacrer aux pourparlers, ce qui demande de trouver un consensus sur le temps que mettra l’Iran pour obtenir l’arme atomique. Il faut abandonner l’idée de changement de régime en Iran. C’est certes un objectif souhaitable mais revenir sans cesse à cette perspective brouille les enjeux de la crise actuelle.
En fait, il faut utiliser la même politique de containment ferme que face à l’URSS. Il faut également mettre en place un forum de discussion collectif pour éviter que l’Iran ne joue des divisions entre ses interlocuteurs. Ce n’est que si cette solution échoue qu’il faudra songer à une action militaire.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« A Nuclear Test for Diplomacy », par Henry A. Kissinger, Washington Post, 16 mai 2006.