Monsieur Charles Najman a raison lorsqu’il écrit que la communauté internationale doit se mobiliser pour aider Haïti, mais il a tort de croire que la France s’est désengagée. À titre de symbole de notre implication, nous pourrions rappeler que, alors qu’aucun ministre des Affaires étrangères français ne s’était rendu en Haïti depuis deux siècles, Michelle Alliot-Marie, puis moi-même, avons fait, au cours des six derniers mois, le déplacement vers ce pays. Je me suis même rendu deux fois à Haïti au mois de mai. Le jour même de la démission de Jean-Bertrand Aristide, la France et les États-Unis ont fait adopter au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution autorisant le déploiement d’une force internationale pour laquelle la France a détaché un millier de soldats. Nos militaires ont fait un travail remarquable et près de 80 de nos gendarmes et policiers encadrent la reconstruction d’une police haïtienne.
Aujourd’hui, l’objectif est d’aider les citoyens haïtiens à reprendre confiance dans leur pays en restaurant l’économie et l’État. Ainsi, EDF réalise un audit sur la reconstruction du réseau électrique haïtien à la demande de M. Latortue et j’ai personnellement obtenu qu’il soit financé par l’Agence française de développement. Notre effort en faveur d’Haïti se monte cette année à 27 millions d’euros. Dès la formation du gouvernement de M. Latortue, la France a plaidé auprès de ses partenaires européens en faveur de la levée des sanctions. Nous avons été entendus et la Commission européenne va débloquer 260 millions d’euros. Dans quelques jours, Renaud Muselier, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, se rendra à ma demande en Haïti pour faire le point de l’ensemble de nos programmes bilatéraux avec nos partenaires haïtiens.

Source
Libération (France)
Libération a suivi un long chemin de sa création autour du philosophe Jean-Paul Sartre à son rachat par le financier Edouard de Rothschild. Diffusion : 150 000 exemplaires.

« Le Quai d’Orsay n’a pas abandonné Haïti », par Michel Barnier, Libération, 26 août 2004.