Il y a 25 ans, l’archevêque Oscar Romero était assassiné alors qu’il célébrait une messe à San Salvador. La justice a enfin l’occasion d’être rendue, mais plutôt dans un tribunal du Salvador ce sera dans une cour de Californie où un résident états-unien de longue date, Alvaro Saravia, est jugé en civil suite à une plainte déposé par un groupe de défense des Droits de l’homme. M. Saravia, ancien capitaine de l’armée de l’air salvadorienne accusé d’avoir équipé et financé l’assassin de l’archevêque Romero, ne s’est pas rendu à son procès. Ce procès va être étudié attentivement en Amérique centrale où de fragiles nouvelles démocraties souffrent des effets causés les crimes impunis. Car l’impunité encourage la violence.
Les pays qui sortent d’une guerre civile doivent tenter de concilier l’exigence de stabilité, de paix et le besoin de justice ; une difficulté exploitée par ceux qui cherchent à protéger leurs intérêts. Au Salvador, Robert d’Aubuisson et Saravia ont été désignés par une commission de l’ONU comme coupables du crime contre l’archevêque mais ils n’ont pas été jugés car d’Aubuisson, l’ancien dictateur, est mort en 1992 et Saravia est aux États-Unis depuis 1987.
Ce procès soulève des questions. Comment Saravia est-il arrivé aux États-Unis ? Des documents déclassifiés du département d’État et de la CIA montrent que le gouvernement connaissait l’implication de Saravia dans l’assassinat. Il faut espérer que le procès servira à rendre justice à Oscar Romero et servira d’exemple aux États-Unis et aux autres nations.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Justice Comes for the Archbishop », par Rigoberta Menchú Tum, New York Times, 31 août 2004.