Il y a peut-être une bonne raison, une seule, de réélire George W. Bush : le forcer à gérer les conséquences de son action et devoir répondre de ses mensonges plutôt que ce soit un démocrate qui doive être blâmé pour les folies de son prédécesseur. Probablement aucun président états-unien n’a été aussi universellement haï que Bush : pour son unilatéralisme, son rejet des traités internationaux, son mépris pour les institutions internationales et pour avoir dévoyé la cause de l’anti-terrorisme pour mener une guerre illégale contre un pays qui, certes, souffrait d’une odieuse dictature, mais n’avait pas d’armes de destruction massive, pas de liens avec le 11 septembre et n’avait pas de liens avec le terrorisme hormis comme allié des États-Unis dans la sale guerre contre l’Iran.
Vous allez voter en novembre, nous votons l’année suivante et ces deux votes seront la réponse à la même question : combien de temps un mensonge peut-il durer après que la vérité ait éclaté ? La guerre d’Irak était planifiée depuis longtemps, Ben Laden a donné l’excuse et l’Irak a payé la note, comme les enfants états-uniens et britanniques. Dans le même temps, Bush ruinait votre pays en rendant les riches plus riches et en privant les autres de leurs droits sociaux. Il s’est également attaqué aux libertés avec le Patriot Act et les abus contre les prisonniers de Guantanamo et d’Abu Ghraib.
Rendez-nous l’Amérique que nous aimons car tant que Tony Blair répète les mensonges de Bush, votre cauchemar est aussi le nôtre.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« If Le Carré Could Vote », par John le Carré, Los Angeles Times, 20 octobre 2004.