Tendances et événements au Proche-Orient

Massacre à Gaza, préparatifs israéliens, silence des « modérés »

Le massacre perpétré par les Israéliens mardi à Gaza, l’escalade politique et médiatique dans la région, les contrats de vente d’armes et de réacteurs nucléaires aux pays arabes dits « modérés », autant d’images qui résument les objectifs et les résultats des tournées moyen-orientales de George Bush et de son allié français Nicolas Sarkozy. Dresser les Arabes contre l’Iran et pousser les Palestiniens à présenter davantage de concessions étaient au centre des priorités du président états-unien. Dans ce contexte, les scènes israélienne et palestinienne ont enregistré les développements suivants :
 1. Alors que la classe politique israélienne attend le rapport final de la commission Winograd, le débat sur l’envergure d’une éventuelle attaque contre Gaza s’intensifie dans les cercles militaires, politiques et à la Knesset. Le Premier ministre semble privilégier l’opération militaire permanente contre Gaza au détriment de l’invasion totale. En lisant entre les lignes, on devine qu’Ehud Olmert souhaiterait arriver à un équilibre de la terreur semblable à celui qu’il croit avoir instauré avec le Hezbollah au Liban-Sud.
 2. Le ministre de la Défense, qui espère donner le coup de grâce à Olmert grâce aux conclusions du rapport Winograd, évoque l’importance des préparatifs militaires israéliens en cours pour plaider un élargissement du théâtre des opérations à Gaza. Mais il ne dément pas l’existence des plans pour une attaque générale, appelant à la discrétion concernant les intentions militaires contre Gaza et l’Iran.
 3. Le nombre élevé de morts et de blessés en un seul jour à Gaza a embarrassé l’Autorité palestinienne, alors que Riyad et Le Caire n’ont même pas jugé utile de faire le moindre commentaire sur la violence inouïe des Israéliens. Ces deux capitales n’ont pas manqué, cependant, d’exercer des pressions sur la Syrie afin qu’elle demande à l’opposition libanaise d’abandonner ses revendications légitimes à participer activement à un gouvernement d’unité nationale.

Presse et agences internationales

• Dix-neuf Palestiniens, dont l’un des fils du plus influent chef du Hamas, et douze autres combattants du mouvement, ont été tués mardi par l’armée israélienne à Gaza.
Selon le Hamas, 13 membres de sa branche armée, dont le fils du dirigeant le plus en vue du mouvement, Mahmoud Al-Zahar, Hossam, 21 ans, ainsi que Rami Farahat, fils d’une députée, ont été tués par balles ou des obus de char dans l’incursion israélienne dans le quartier d’Al-Zeitoun à Gaza.
Quatre Palestiniens dont l’identité n’était pas connue dans l’immédiat y ont également péri, alors que cinquante ont été blessés, selon des sources médicales. Des accrochages armés ont opposé les soldats à des combattants palestiniens dans l’incursion.
Des unités d’infanterie et des blindés, appuyées par l’armée de l’air, ont mené l’incursion jusqu’à deux km en profondeur du territoire palestinien. L’objectif était d’éloigner la menace des tirs de roquettes et de mortiers sur Israël.
Plusieurs Palestiniens ont été arrêtés au cours de l’opération et ramenés en Israël pour interrogatoire, selon des images diffusées par la télévision publique israélienne.
En soirée, deux Palestiniens ont été tués et quatre blessés par un tir de missile israélien à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales.
Le Hamas, qui contrôle la bande depuis juin 2007 après avoir mis en déroute les forces fidèles au Fatah de M. Abbas, a décrété trois jours de deuil à Gaza, dont une journée de grève générale mercredi.
M. Zahar, dont déjà le fils aîné Khaled a été tué dans un raid israélien en 2003, a promis de « répondre à Israël par le seul langage qu’il comprend », une allusion à l’usage de la force.
Il a affirmé que l’opération israélienne était une conséquence de la visite effectuée la semaine dernière en Israël et en Cisjordanie par M. Bush avec l’objectif affiché de dynamiser le processus de paix israélo-palestinien.
« Ceux qui sont à Ramallah (l’Autorité palestinienne de M. Abbas) complotent avec Bush et avec Israël pour assiéger notre peuple et le tuer », a-t-il dit.
« Ce qui s’est passé aujourd’hui est un massacre, une tuerie contre le peuple palestinien. Notre peuple ne peut pas passer ces massacres sous silence », a dit M. Abbas à Ramallah. « Ces massacres ne peuvent pas apporter la paix ».
Pour le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, la poursuite des pourparlers israélo-palestiniens est « un crime » au moment où continuent les attaques israéliennes meurtrières.
Des milliers de Palestiniens, scandant des slogans appelant à la vengeance, ont participé aux obsèques collectives des treize résistants à Gaza.
Le Hamas a annoncé, pour la première fois depuis plusieurs mois, avoir tiré plus de vingt roquettes sur le sud d’Israël « en guise de première riposte ». Vingt-cinq obus de mortier ont été tirés en outre sur cette région, selon l’armée israélienne. Huit Israéliens ont été légèrement blessés.
Les nouveaux morts portent à près de 6 000 le nombre de Palestiniens tués par les Israéliens depuis le déclenchement de la deuxième Intifada, en septembre 2000.

TECHRINE (QUOTIDIEN SYRIEN)
 Issam Dari
La décevante tournée de George Bush dans la région a pris fin et le président états-unien a promis de revenir en mai pour une visite d’adieu. Il est vrai que la tournée de Bush s’est soldée par des lots de consolation ici et là. Mais le gros lot est revenu à Israël, comme cela était connu d’avance. L’aspect positif de cette tournée est qu’elle n’a atteint aucun des objectifs qui lui étaient fixés. C’est un échec total. Le plus amusant, c’est que l’un des principaux objectifs de cette visite a été torpillé par le seul vrai allié des États-Unis dans la région : le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a déclaré que Palestiniens et Israéliens pourraient ne pas parvenir à un accord de paix à la fin de cette année, contrairement aux prévisions de Bush.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
La colère et les condamnations ne suffisent plus pour dénoncer les tueries, les démolitions de maisons, les confiscations de terres, les massacres, et les violations des droits de l’homme perpétrés par l’armée d’occupation israélienne dans les Territoires palestiniens. Les bavardages au sujet de la paix pendant que le monde tapote sur l’épaule du meurtrier ne sont plus convaincants. Parmi les Arabes, il y en a qui condamnent la victime et lui font assumer la responsabilité du blocus, de la pauvreté, de la misère et du terrorisme quotidien qu’elle subit. Les Arabes ne sont–ils pas encore vaccinés contre les « promesses » faites des milliers de fois avant même la première guerre mondiale ? Les Arabes ne savent-ils pas que le fait d’ignorer les résolutions internationales qui interdisent les massacres et la spoliation des droits des peuples, lorsqu’il s’agit d’Israël, équivaut à un feu vert donné à cet Etat afin qu’il marche à l’avenir vers les murs des Arabes ?

LES ECHOS (QUOTIDIEN ECONOMIQUE FRANÇAIS)
Sur les pièces d’euros mises en distribution début 2008, la carte de l’Europe qui apparaît sur l’une des faces ne comprend plus la Turquie, alors qu’elle intègre des pays qui n’ont pas entamé de négociations avec l’Union, comme la Russie ou la Biélorussie. C’est l’Eurogroupe (les 12 ministres des Finances) qui en a décidé ainsi. Sans le moindre mandat pour prendre ce type de décision.

LIBERATION (QUOTIDIEN FRANÇAIS, OPPOSITION)
Les discours successifs de Nicolas Sarkozy à Saint-Jean-du-Latran, puis à Riyad, sur le rôle de la religion dans l’espace public ont soulevé la colère non seulement des organisations laïques, mais plus généralement des croyants attachés à la séparation des Églises et de l’État. « Ce n’est pas autre chose que l’opium du peuple que dénonçait Marx », a résumé le leader démocrate-chrétien François Bayrou, qui a aussi relevé « le paradoxe troublant » d’un président « qui affiche sa complaisance avec le matérialisme financier et en même temps souhaite faire de la religion une autorité dans l’espace public ».

LE FIGARO (QUOTIDIEN FRANÇAIS, MAJORITE PRESIDENTIELLE)
En créant une base militaire dans le Golfe, même petite, la France franchit clairement un seuil géopolitique. Mais Le poids de Washington dans la région reste écrasant : Bahreïn accueille l’état-major de la Ve flotte, le Qatar le QG du Central Command et le centre d’opérations aériennes (CAOC) d’où sont gérés tous les avions alliés qui bombardent en Irak et en Afghanistan, et le Koweït de gigantesques bases terrestres. Sans compter des facilités aériennes aux Émirats (à Al Dhafra, près d’Abu Dhabi) et à Oman. Au Qatar, où sont stationnés 5 000 GI’s sur l’énorme base d’al-Udeïd, la France anime une école de gendarmerie et une duplication de l’école de Saint-Cyr.

THE WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
La signature par Nicolas Sarkozy et cheihk Khalifa d’un accord militaire est hautement symbolique. La base navale que la France entretiendra de manière permanente à Abou Dhabi sera petite par la taille (400 hommes pour y servir), mais elle sera stratégique. La France sera ainsi, après les Etats-Unis, l’une des deux seules puissances occidentales militairement présentes dans le Golfe.

EL PAIS (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
Le Forum de l’Alliance des civilisations a réuni durant 3 jours 400 personnalités de 63 pays. Cependant, les débats se sont révélés très convenus. 57 actions concrètes de coopération entre le monde chrétien et le monde islamique ont été annoncées.
L’ancien président du Portugal, Jorge Sampaio, qui a été nommé « Haut représentant des Nations unies pour l’Alliance des civilisations », a annoncé qu’il allait constituer pour l’Onu un réseau d’ambassadeurs pour l’Alliance des civilisations, chargés d’intervenir chaque fois que surgit une crise entre le monde chrétien et le monde musulman.

ABC (QUOTIDIEN ESPAGNOL, MONARCHISTE)
Le Premier ministre turc, Recep Tayip Erdogan, dont le pays est co-organisateur du Forum de Zapatero pour l’Alliance des civilisations, a profité de cette tribune pour révéler ses intentions. Au moment où son armée bombarde le Kurdistan irakien, il a plaidé pour l’intégration de son pays dans l’Union européenne. Il s’est fait menaçant en affirmant que les obstacles à l’intégration étaient des obstacles à la paix et à la stabilité dans le monde.
Par ailleurs une bagarre a opposé le service de sécurité espagnol à celui de M. Erdogan. A défaut d’un choc des civilisations, c’est un choc des polices.

EL MUNDO (QUOTIDIEN ESPAGNOL, OPPOSITION)
Le Forum de l’alliance des civilisations était un événement prestigieux et coûteux (2,6 millions d’euros) pour un résultat qui laisse perplexe. Heureusement, le Qatar a fait don de 100 millions de dollars et la reine de Jordanie de 10 millions supplémentaires pour doter le Forum d’une caisse permanente. Pour Benita Ferrero-Waldner, commissaire européen aux Relations extérieures, « ce qui est nouveau avec le Forum, c’est que nous parlons d’une stratégie globale là où nous avions des initiatives distinctes ».
Ainsi que l’a reconnu lui-même le Premier ministre José-Luis Zapatero : « L’Alliance ne sera durable que si nous lui donnons un contenu et l’articulons à des actions concrètes ».

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
La présidente de la Confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey, qui participait au Forum de l’Alliance des civilisations à Madrid, a dû s’expliquer au sujet de l’initiative anti-minaret. Elle a même dû rencontrer à sa demande le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique pour le rassurer à ce sujet. Le projet de référendum d’initiative populaire visant à inscrire dans la Constitution l’interdiction de construire des minarets n’a, au demeurant, recueilli que 80000 signatures à ce jour.

THE TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, OPPOSITION))
Le journal relate l’histoire du « Terrorist 007 », qui fait l’objet d’un documentaire de BBC 2, diffusé ce soir. Un jeune homme de 22 ans, fils d’un diplomate marocain au Royaume-Uni, expert en informatique, a été arrêté en 2006 pour cyberterrorisme. Non seulement il avait créé des sites internet utilisés par des extrémistes, mais il avait posté des messages et des vidéos d’Al-Qaeda sur de nombreux forums et hacké des sites officiels. Il était devenu l’internaute le plus recherché dans le monde alors qu’il vivait sous une apparence anodine.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
Les services médicaux des armées britanniques s’interrogent sur leurs diagnostics. Environ 500 soldats ayant servi en Afghanistan ou en Irak souffriraient de traumatismes du cerveau suite à des explosions. Ils souffrent de perte de mémoire, de dépression ou d’anxiété. Or, les services médiaux US diagnostiques eux, que 20% des GI’s ayant servi en Afghanistan ou en Irak seraient atteints. Certains experts estiment que seule une sous-estimation britannique peut expliquer une telle différence de taux de morbidité. D’autres pensent que l’on a pas encore compris l’origine des traumatismes dont souffrent les GI’s.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Lors de son voyage à Riyad, le président Bush a exprimé à des entrepreneurs saoudiens son inquiétude devant la hausse du prix du pétrole qui affecte le niveau de vie des familles états-uniennes. Lui répondant, le ministre du pétrole Ali al-Naimi a souligné que le Royaume partageait cette préoccupation et ne souhaitait pas provoquer de récession de l’économie US.
Par ailleurs, le journal ironise sur le déploiement de fastes et les bijoux somptueux offerts à M. Bush en Arabie et aux Émirats.

THE LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Robert Gates, a critiqué lors d’une interview les résultats de l’Otan en Afghanistan. « Je suis désolé, nous déployons des conseillers militaires qui ne sont pas correctement formés et je suis désolé que nous ayons des forces qui ne connaissent rien aux opérations de contre-insurrection », a-t-il déclaré. Le secrétaire à la Défense US estime que les forces alliées ont été préparées à se battre contre les Soviétiques en Europe centrale, mais pas à faire face à ce type de combat.

Audiovisuel international

CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE
Une source officielle syrienne s’est dite étonnée des propos du président George Bush supprimant le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, va visiter l’Allemagne le 17 janvier.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mouttaki, a déclaré que les sanctions internationales n’auront aucune influence sur l’économie du pays. Il a ajouté que Téhéran ne renoncera pas aux droits de son peuple et qu’il a fait preuve de transparence au niveau de son programme nucléaire.

Tendances et événements au Liban

L’internationalisation de la crise, une intimidation

L’attentat qui a visé mardi un convoi de l’ambassade des États-Unis est intervenu à la veille de la seconde mission au Liban du secrétaire général de la Ligue arabe. Amr Moussa va tenter, une dernière fois, de trouver un compromis entre le 14-mars pro-US et l’opposition autour du plan arabe de règlement de la crise libanaise. Les dernières données au Liban sont les suivantes :
 1. La menace d’internationalisation de la crise s’accompagne de pressions visant à segmenter le plan de règlement arabe. La première étape étant l’élection immédiate d’un président consensuel. L’examen des autres clauses, c’est-à-dire la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, sera reporté au lendemain de l’entrée en fonction de Michel Sleimane. Tel est le contenu des déclarations du président égyptien Hosni Moubarak et de son ministre des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheit. Ce dernier a ouvertement refusé l’octroi du tiers des portefeuilles à l’opposition, ainsi que la formule des trois tiers (10 ministres pour le 14-mars, 10 pour l’opposition et autant pour le prochain président). Le chef de la diplomatie saoudienne et des responsables américains et arabes ont abondé dans le même sens.
 2. L’opposition, elle, reste attachée au plan arabe en tant qu’initiative indivisible. C’est d’ailleurs la description qui en avait été donnée par les Saoudiens. Elle insiste pour la conclusion d’un accord politique global avant l’élection présidentielle. Les trois principaux chefs de l’opposition, sayyed Hassan Nasrallah, le général Michel Aoun et le président Nabih Berry, ont été très clairs à ce sujet mardi.
 3. L’exploitation politique de l’attentat contre le convoi américain s’est illustrée dans la demande du gouvernement de Fouad Siniora d’organiser l’élection présidentielle « immédiatement », un terme devenu un mot d’ordre arabo-US pour segmenter le plan arabe qui, lui, s’articule autour d’un package deal.
 4. Sayyed Hassan Nasrallah a réaffirmé qu’il donnait une chance à l’initiative arabe à travers le dialogue avec le général Michel Aoun sur un package deal. Il a catégoriquement refusé de céder aux intimidations et aux ultimatums et de se plier à la logique du vainqueur et du vaincu.

Presse libanaise

• Trois civils ont été tués mardi dans un attentat à la bombe contre une voiture de l’ambassade des États-Unis près de Beyrouth, le dernier en date d’une vague d’attaques qui menace encore davantage la stabilité du Liban plongé dans une grave crise politique.
Cet attentat s’est produit à la lisière nord de Beyrouth, entre les localités de Dora et de la Quarantaine. « Une bombe de 15 kg a été actionnée au passage du véhicule états-unien qui se trouvait en compagnie d’un autre véhicule transportant des civils », selon un haut responsable de la sécurité libanaise citée par la presse.
Deux civils à bord de cet autre véhicule ont été tués, ainsi qu’un motocycliste syrien. Vingt-six personnes ont été blessées, dont un pasteur US légèrement atteint.
Selon un autre haut responsable des services de sécurité, la bombe a été actionnée à distance.
A Washington, le département d’État a indiqué que l’attentat avait tué quatre Libanais qui n’étaient pas dans la voiture US. Il n’y avait pas d’États-unien à bord mais seulement un employé non-US de la chancellerie, qui est indemne. Le chauffeur libanais du véhicule a été « légèrement blessé ».
Condoleezza Rice, qui s’exprimait à Riyad où elle accompagnait George Bush, a dit son « indignation » après l’attentat qualifié de « terroriste ». Elle a affirmé que son pays continuerait d’aider « les forces démocratiques au Liban à résister aux ingérences étrangères ».
L’ambassade des États-Unis a estimé que l’attentat visait à saper la stabilité du Liban à travers « le meurtre et l’intimidation ». Une cérémonie prévue en soirée à l’occasion du départ prochain de l’ambassadeur Jeffrey Feltman a été annulée.
Côté libanais, le ministre de l’Information Ghazi Aridi a jugé que « l’attaque terroriste » visait « à déstabiliser le pays ». La « meilleure réponse à ces attaques est d’adopter le plan arabe » destiné à tenter de mettre fin à l’impasse politique au Liban, privé de président depuis le 24 novembre.
Pour Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire appuyée par l’Occident dont les Etats-Unis, l’attaque « s’inscrit dans le cadre de la série de crimes qui vise à empêcher le Liban de se relever ».
Et le chef du Hezbollah (opposition), sayyed Hassan Nasrallah, a déclaré que son mouvement, notoirement hostile aux États-Unis, « condamne toute attaque de ce genre en territoire libanais, indépendamment de la cible visée ».
Un attentat a visé le 8 janvier la Force intérimaire de l’Onu au Liban (Finul) faisant deux blessés, alors qu’un groupe réputé proche d’Al-Qaïda a menacé récemment l’armée libanaise.
L’ambassade des États-Unis a été visée durant la guerre civile au Liban (1975-1990) par plusieurs attentats meurtriers. Mais l’attaque anti-américaine la plus sanglante s’est produite en 1983, avec un attentat-suicide au camion piégé qui a explosé à l’intérieur d’un bâtiment abritant une caserne des Marines à Beyrouth (241 soldats tués).

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN FRANCOPHONE, PROCHE DU 14-MARS)
Le message est clair et multidirectionnel : aux États-uniens, à George W. Bush, aux capitales occidentales, aux Arabes, à l’initiative du Caire, et, last but not least, aux Libanais eux-mêmes.
Après les hommes politiques du 14 Mars, après les journalistes, les militaires (François el-Hajj) et la Finul (derniers en date : les Irlandais…), et sans compter la kyrielle de citoyens innocents qui continuent de payer le prix dans le sang, c’était hier au tour des missions diplomatiques d’être touchées par les attaques terroristes.
Une voiture piégée a ainsi explosé vers 16h30 entre la Quarantaine et Dora au passage d’une 4X4 de l’ambassade US, tuant au moins trois personnes et faisant plus de vingt blessés, dont « un passant états-unien non lié à la chancellerie ».
Les condamnations, tant internationales que locales, n’ont pas tardé : Condoleezza Rice, de Ryad, s’est déclarée « indignée » ; Paris et Londres ont dénoncé la volonté de « déstabiliser le Liban » ; Hassan Nasrallah a condamné « toute attaque de ce genre en territoire libanais, indépendamment de la cible visée » ; et le Conseil des ministres a stigmatisé l’attentat, appelant à l’application immédiate du plan arabe.
Un plan arabe qui sera au cœur de la nouvelle journée marathon que Amr Moussa passera aujourd’hui à Beyrouth ; lequel Moussa a mis en garde hier contre « une saisine de l’Onu dans la crise libanaise en cas d’échec du plan arabe pour sortir de l’impasse ». Quant au raïs égyptien, Hosni Moubarak, il a averti que l’échec des tentatives arabes visant à dénouer la crise au Liban aura des « retombées dangereuses sur le sommet arabe » censé se tenir à Damas en mars prochain, pendant que son ministre des AE, Ahmad Aboul Gheith, menaçait de dénoncer « les parties obstructionnistes ».
Tout sauf une partie de plaisir pour Amr Moussa aujourd’hui à Beyrouth, à l’aune surtout des réactions de l’opposition, à commencer par celle du patron du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

AD-DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Des sources diplomatiques ont estimé que l’attentat contre un convoi de l’ambassade US est un message adressé aux États-uniens et au président George Bush qui vient d’achever une tournée moyen-orientale au cours de laquelle il a vendu pour près de 20 milliards de dollars d’armes. Des groupuscules intégristes et al-Qaida avaient déjà proféré des menaces contre le projet US dans la région.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions allemande, arabe, anglaise, espagnole et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise, espagnole et arabe.