Virer Colin Powell de la tête de la diplomatie américaine après avoir remplacé George Tenet de la direction de la CIA vise à mettre fin au schisme dont l’administration Bush souffrait depuis quatre ans. Il ne faut pas être un génie pour conclure que Condoleezza Rice et Porter Goss, tout deux loyaux à la vision droitiste du président, vont nettoyer le département d’État et la CIA.
Sans surprise, la démission de Powell a été suivie de celle de son adjoint, Richard Armitage, tout comme celle de Tenet avait été suivie par une série de démissions. Bush commence donc son second mandat en terminant sa révolution contre le pragmatisme modéré, une vision qui, selon lui et Dick Cheney n’a plus sa place depuis le 11 septembre. Bush a pensé qu’il devait coexister avec ce schisme pour des raisons électorales, mais aujourd’hui, il n’en a plus besoin.
Les changements vont avoir des conséquences internationales, notamment au Proche-Orient. Les pays arabes alliés des États-Unis vont subir plus de pressions pour soutenir la politique états-unienne et se réformer. Les premiers à devoir le faire seront sans doute la Jordanie et l’Égypte. Il ne sera plus permis à ces pays de collaborer sur les questions de sécurité tout en incitant à la violence contre les États-Unis dans les médias qu’ils contrôlent.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« The End of the Schism ! », par Salameh Nematt, Dar Al Hayat, 19 novembre 2004