Il existe des divergences dans la communauté internationale concernant l’Irak, mais on ne note pas assez les points d’accords. Au mois d’août, la résolution 1546 du Conseil de sécurité des Nations unies a fait l’unanimité. Le transfert de souveraineté à l’Irak, l’organisation d’élections en janvier et la mise en place d’une assemblée constituante y ont été entérinés. Nous voulons tous voir se mettre en place un gouvernement issu des urnes en Irak, qui aura la crédibilité nécessaire pour poursuivre la reconstruction du pays.
Lors de la venue du Premier ministre irakien , l’Union européenne s’est prononcée en faveur d’un important dispositif d’assistance pour les élections et pour la formation des cadres de l’administration irakienne aux exigences de l’état de droit et de l’administration civile. La conférence internationale de Charm el-Cheikh sera l’occasion pour la communauté internationale d’affirmer son engagement. Les voisins de l’Irak peuvent faire beaucoup pour inciter la population irakienne à renoncer à la violence et à prendre part aux élections. Les autres acteurs de la communauté internationale peuvent également faire beaucoup pour aider le gouvernement intérimaire à élargir son assise populaire, notamment en direction de la communauté sunnite. L’Europe a un rôle clé à jouer, et je me réjouis que les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays entendent s’y atteler, comme en témoignera leur présence commune à Charm el-Cheikh.
Pendant ce temps-là les élections en Irak se préparent et les derniers sondages indiquent qu’une vaste majorité d’Irakiens entend se rendre aux urnes. On sait toutefois que la situation sur le plan de la sécurité sera cruciale pour le bon déroulement du scrutin. Les troupes de 30 pays, dont onze de l’Union européenne, luttent contre les terroristes qui frappent surtout les civils irakiens. Nous connaissons quant à nous des situations de prise d’otage, comme les Français. Il y a des factions en Irak, d’origine étrangère notamment, que rien n’arrête dans leur volonté de repousser les élections et de rétablir un régime totalitaire. C’est pour cela que nous avons soutenu la décision du Premier ministre Iyad Allaoui d’intervenir contre l’insurrection à Falloudja.
Nous devons remettre les Irakiens aux commandes de leur pays dans les plus brefs délais car personne ne veut de troupes étrangères sur son sol plus longtemps que ce n’est nécessaire. Les forces de sécurité irakiennes reconstituées comptent déjà plus de 200 000 hommes. Il y a plus de cent instructeurs britanniques pour les former aux métiers de la police à Bassora, à Bagdad et en Jordanie, dans le cadre d’un programme international auquel participent 14 autres pays. Tony Blair s’est engagé à ce que les troupes britanniques restent stationnées en Irak tant que le gouvernement irakien aura besoin de notre soutien.
En dépit de ce qu’on lit dans la presse, il y a vraiment du mieux en Irak dans l’immense majorité du territoire, 90 %, épargné par la violence dans les secteurs hospitalier, de l’éducation et de la liberté de la presse. Les Irakiens méritent de sortir des années Saddam Hussein. La communauté internationale est résolue à les y aider. Le cynisme n’est plus de mise lorsqu’il s’agit d’exercer ses responsabilités. Les élections qui ont eu lieu récemment en Afghanistan montrent de quoi nous sommes capables quand nous serrons les rangs.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Donner leur chance aux Irakiens », par John Holmes, Le Figaro, 19 novembre 2004.