Les protestations des États-Unis concernant le détournement du programme « pétrole contre nourriture » oublient quelques points essentiels : aucun fonds états-unien n’a été volé, aucun fonds de l’ONU n’a été détourné et le programme a atteint ses objectifs puisque les Irakiens ont eu de la nourriture et que l’Irak a été incapable de reconstruire son armée ou ses armes de destruction massive.
Ce programme faisait partie d’une série de sanctions visant à empêcher Saddam Hussein de redevenir une menace pour ses voisins tout en autorisant les exportations de pétrole et en permettant l’achat de nourriture ou de médicaments. Ces objectifs ont été atteints : l’Irak a détruit ses stocks d’armes de destruction massive au début des années 90, n’a pas acquis de nouvelles armes et les sanctions onusiennes ont eu pour effet un déclin militaire de l’Irak. Dans le même temps, le programme a si bien marché pour aider les Irakiens que Washington a demandé à ce qu’il soit maintenu six mois après la fin de l’invasion.
Bien sûr, Saddam Hussein et ses acolytes en ont profité pour détourner des fonds, mais les fonds étaient irakiens et cela n’a jamais suffit à réarmer l’Irak. La mauvaise nouvelle dans cette affaire est que l’ONU n’a pas pu empêcher un gouvernement de détourner ses propres fonds, la bonne nouvelle est que le pays n’a pas pu reconstruire son armement. Si ce programme mérite l’attention, c’est parce que, dans l’ensemble, il a fonctionné et que, si on enlève quelques problèmes, il peut servir à l’avenir.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« ’Oil for Food’ Worked », par James Dobbins, Washington Post, 10 novembre 2004.