La société T-Enterprise a été contrainte à renoncer à commercialiser un jeu vidéo intitulé Rendition : Guantanamo. Le joueur devait s’identifier à un prisonnier torturé par les GI’s et devait s’évader de la célèbre prison.

Pour la première fois dans un jeu vidéo de qualité, les soldats US tenaient le mauvais rôle. T-Enterprise s’était adjoint les services d’un ancien détenu, Moazzam Begg, pour reconstituer minutieusement les conditions de survie dans la prison. Le département états-unien de la Défense est intervenu pour convaincre la société écossaise de ne pas distribuer son produit.

Moazzam Begg est l’un des neuf ressortissants britanniques à avoir été libéré de Guantanamo. Il a publié un livre et multiplié les apparitions médiatiques pour livrer son récit de sa détention. Il a décrit les sévices et tortures qui lui furent infligés ainsi que la mort de deux de ses co-détenus. Ce témoignage a été récusé avec véhémence par les autorités US, qui reconnaissent toutefois l’avoir enlevé et séquestré.

T-Enterprise est coutumière des jeux politiques. On lui doit notamment l’Ours polaire Palin, un jeu dans lequel un ours d’Alaska est menacé par les projets industriels de la gouverneure Sarah Palin.

Le département états-unien de la Défense était identiquement intervenu pour empêcher la distribution en Europe et en Amérique du Nord du film turc La Vallée des loups. Celui-ci reconstituait des scènes de la guerre d’Irak et de la prison d’Abu Ghraib. Respectant les règles des films hollywoodiens, il en renversait le code principal plaçant les GI’s dans le rôle des criminels.