Les 28 et 29 juillet 2009, la police irakienne a procédé à l’évacuation forcée de la base d’Ashraf où plus de 3 000 membres des Moudjahidin du peuple (Mujahedin al-Khalq) [1] étaient retranchés. Les combats auraient fait 13 morts, 36 disparus et de nombreux blessés.
Sollicitant les médias occidentaux, le bureau parisien des Moudjahidin du peuple [2] a présenté cette opération comme une exigeance iranienne à laquelle se serait plié le gouvernement irakien du shiite Nouri al-Maliki. En outre, l’organisation a accusé la Croix-Rouge internationale de complicité passive avec les autorités irakiennes et iraniennes.
En réalité, la décision d’en finir avec les Moudjahidin du peuple a été prise à Washington à l’issue d’une étude confiée à la Rand Corporation. Celle-ci établi à la fois le caractère criminel de l’organisation (qui sous-traita la répression des mouvements shiites et kurdes en Irak pour le compte de Saddam Hussein) et sa structure sectaire (culte religieux des époux Rajavi et impossibilité pour les membres d’en sortir). Surtout, elle montre que les Moudjahidin du peuple —devenus experts en intoxication— sont parvenus à duper le département de la Défense jusqu’à obtenir un protection directe de Donald Rumsfeld sur la base de fausses allégations [3].
Une version publique de ce rapport a été diffusée par la Rand Corporation sous le titre The Mujahedin-e Khalq in Iraq. A Policy Conundrum (Les Moudjahidin du peuple en Irak, une énigme politique) [voir document joint au bas de cette page]. Elle constitue sans aucun doute la meilleure référence sur le sujet.
Le Réseau Voltaire n’a pas pu se procurer le version classifiée de ce document. Elle contiendrait en sus une étude sur les faux renseignements transmis depuis 2003 par les Moudjahidin du peuple au département de la Défense sur le prétendu programme nucléaire militaire iranien ; informations qui remplirent de joie les néo-conservateurs mais qui furent toutes invalidées par les vérifications ultérieures du Directeur du Renseignement national, l’amiral Mike McConnell [4].
Il semble que l’échec de la « révolution verte » en Iran a emporté la décision à Washington. Cette opération avait en effet été préparée avec les Moudjahidin du peuple qui avaient multiplié les attentats durant la campagne présidentielle et organisé de sanglantes provocations durant les manifestations. Après le fiasco, il convenait à la fois de se débarrasser de collaborateurs incompétents et d’effacer les traces de cette collaboration.
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[1] « Les Moudjahidin perdus », par Paul Labarique, Réseau Voltaire, 17 février 2004.
[2] La secte dispose d’un quartier général en région parisienne. Sur les recommandations d’Yves Bonnet (ex-directeur général de la Sécurité du territoire), les services secrets français croient disposer là d’une source d’information fiable sur la politique iranienne.
[3] « Richard Perle soutient les Moudjahidin du Peuple », « Une campagne pour réarmer les Moudjahidin du peuple », « Le Jundallah revendique des actions armées aux côtés des Moudjahidin du Peuple », Réseau Voltaire, 2 février 2004, 26 janvier 2007, 13 juin 2009.
[4] « Washington décrète un an de trêve globale », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 3 décembre 2007. « Pourquoi McConnell a-t-il publié le rapport sur l’Iran ? », Horizons et débats, 17 décembre 2007.
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