Pour la première fois, le 24 février 2005, un secrétaire général de l’OTAN était en visite officielle en Israël. Ce voyage prend place dans une série de déplacements destinés à mettre en œuvre l’Initiative de Coopération d’Istanbul (ICI). La question de l’adhésion de plusieurs États qui participent depuis deux ans au dialogue méditerranéen est donc ouverte.
Ron Prosor, directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, note dans le Jerusalem Post que son pays a tenu à s’organiser de manière quasi-autarcique. Cet idéal biblique a néanmoins ses limites dans le monde moderne. Israël doit apprendre à nouer des partenariats. Une approche prudente voudrait qu’il noue d’abord des accords bilatéraux avant de s’engager trop en avant dans des partenariats multilatéraux.
Uzi Arad, ancien conseiller politique de Benjamin Netanyahu, observe dans le Daily Star que les États-Unis ont besoin d’Israël pour mener à bien leur projet de « grand Moyen-Orient » et que l’État juif est par essence une nation occidentale en terre orientale. Israël a donc toute sa place dans l’OTAN. Ze’ev Boim, vice-ministre israélien de la Défense, va même plus loin dans Ha’aretz. Pour lui, Israël est une base avancée du monde occidental libre au Proche-Orient. Bref, l’argument principal déployé dans les quotidiens de la région par des responsables politiques israéliens est qu’Israël doit entrer dans l’OTAN parce que c’est une colonie occidentale ; une présentation que les mêmes responsables politiques qualifient d’antisémite lorsqu’elle faite par d’autres qu’eux en Europe.

Dans Le Monde, le roi Abdallah II de Jordanie se félicite des progrès accomplis à Charm el-Cheikh pour faire avancer la paix en Palestine et assure, non sans inquiétude, que la France a un rôle à jouer dans ce processus. On se demande pourtant si le président Chirac sera plus intransigeant que le président Abbas. L’Autorité palestinienne souhaite désormais la paix à n’importe quel prix, mais on voit mal un gaulliste accepter que l’armistice soit conclue, par qui que ce soit, en renonçant aux droits inaliénables du peuple palestinien.

Alors que les président George W. Bush et Vladimir V. Poutine devaient se rencontrer, le 24 février à Bratislava, de nombreux leaders d’opinion ont présenté leur analyse des relations entre les États-Unis et la Russie.
Vaclav Havel, ex-héros de la dissidence devenu co-président de la branche internationale de la Fondation pour la défense des démocraties, juge dans Le Monde ce qu’il qualifie de dérive autoritaire du régime de Vladimir V. Poutine. Les différents points qu’il soulève étant tous sujets à discussion, il souligne que son jugement dépasse les faits objectifs et se fonde sur sa connaissance des méthodes totalitaires. C’est précisément ce que l’on appelle un procès d’intention.
Ilias Akhmadov, ministre des Affaires étrangères du gouvernement non reconnu tchétchène en exil, rappelle les horreurs de la guerre en Tchétchénie, dont il fait remonter l’origine à la déportation des populations décidée par Staline, il y a 61 ans. Dans le Boston Globe et l’International Herald Tribune, il demande que les États-Unis servent de médiateur dans ce conflit. Cependant cette présentation des faits ne correspond pas à la réalité. Les crimes de Staline ne concernaient pas particulièrement les Tchétchènes. Ils ne peuvent être interprétés qu’au regard de sa dictature sur l’ensemble de l’URSS et non comme un problème russo-tchétchène (d’autant que Staline était Géorgien). Il s’ensuit que cet argument ne peut être utilisé pour justifier la sécession de cette république. La guerre de Tchétchénie est imputable au gouvernement Elstine et a débuté avec la bénédiction des « Occidentaux ». Dans la période actuelle, les services secrets états-uniens et britanniques sont partie au conflit. Il est donc impossible que les États-Unis jouent un quelconque rôle apaisant, d’autant que M. Akhmadov lui-même est officiellement employé par la NED/CIA.
Les parlementaires Sam Brownback et Christopher H. Smith, responsables de la Commission états-unienne sur la sécurité et la coopération en Europe, s’inquiètent dans le Washington Times de la volonté affichée de Moscou de réduire le poids de l’OSCE. Cette organisation, créée dans la foulée des Accords d’Helsinki, devait initialement aider à la libéralisation politique de la région, puis à la protection des minorités dans l’espace post-soviétique. Mais, selon le Kremlin, elle est devenue un moyen pour les États-Unis de mobiliser des ONG pour déstabiliser des gouvernements, comme on l’a vu en Géorgie et en Ukraine.
Prenant part indirectement au débat, Mikhail Gorbatchev dresse dans la Stampa le bilan de la Perestroïka, 20 ans après. Son objectif était de revenir aux sources du socialisme et de la Révolution d’Octobre en renversant les institutions thermidoriennes du stalinisme. Il déplore que ce mouvement soit resté inachevé et considère que les problèmes posés n’ont pas été résolus depuis ; une manière élégante d’insinuer que la manière de gouverner de Vladimir Poutine est entachée de comportements hérités du stalinisme.

Enfin, le leader ex-citron devenu orange de la démocratie-chrétienne moldave, Youri Roska, indique dans Vremya Novostyey que les manifestations sont possibles le 7 mars, mais pas obligatoires. C’est très exactement ce que nous analysions récemment dans ces colonnes : les services états-uniens sont prêts à déclencher une « révolution » orange à l’issue de l’élection législative du 6 mars, mais ils s’exposent à une double déconvenue. D’une part, il ne semble pas que la population soit demanderesse d’alternative politique, et surtout, les services russes pourraient répliquer en donnant le signal de la sécession définitive et contagieuse de la Transnistrie.