Si vous voulez une expérience de nationalisme nucléaire, l’Iran est le cas parfait. Tous les Iraniens s’accordent pour affirmer que le programme nucléaire est ce qui lui permettra de devenir un pays développé, et tous le décrivent comme un programme exclusivement civil. L’ancien président Rafsandjani affirme que l’Iran a besoin de ce programme, compte tenu de l’essoufflement du pétrole. Il estime que l’Iran ne sera pas un pays développé tant qu’il ne disposera pas de cette énergie et que c’est précisément ce que les États-Unis veulent empêcher. L’Iran affirme ne pas avoir d’objectifs militaires et avoir la même attitude vis-à-vis de cette énergie que le Japon.
Seulement voilà, l’Iran n’est pas le Japon. Le Japon reconnaît l’existence de tous ses voisins tandis que Téhéran ne reconnaît pas Israël. En outre, même si ce qu’affirme l’Iran est vrai, le monde ne peut pas se permettre d’avoir de nouveaux Japon nucléaires. Même si l’Iran est pacifique, la multiplication des structures d’enrichissement des combustibles nucléaires offre pour les terroristes des opportunités de se saisir de ce matériel.
Malheureusement, la règle qui veut qu’on limite ces infrastructures est perçue comme injuste par bien des pays et l’Iran instrumentalise ce sentiment contre les États-Unis. Si on veut la faire admettre, il n’y a qu’un seul moyen : en échange de l’abandon de ces constructions, il faut faire des compensations économiques.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Nuclear Iran II : The only way to change the rules », par George Perkovich, International Herald Tribune, 6 avril 2005.