Bonjour à toutes et à tous. C’est merveilleux d’être avec vous tous. Mme Kusumayati, je vous remercie énormément pour cette généreuse présentation. Mais surtout, merci pour les décennies de service consacrées à l’amélioration de la santé publique, à la formation de la prochaine génération de médecins et d’infirmières, et également en tant que première femme à occuper le poste de doyenne de l’école de santé publique de l’université. De vos recherches sur la santé reproductive à votre leadership au sein du groupe de travail sur la COVID en Indonésie, votre dévouement à votre communauté est une véritable source d’inspiration, et je vous en remercie.

Bonjour à vous toutes et à vous tous. Selamat pagi. C’est merveilleux d’être de retour à Jakarta. Je suis venu ici à quelques reprises lorsque j’étais au gouvernement en tant que sous-secrétaire d’État, et j’étais impatient d’avoir l’occasion de revenir dans la plus grande démocratie d’Asie du Sud-Est.

Pour les étudiantes et les étudiants qui sont dans cette salle, je suppose que cela fait plaisir d’être de retour sur le campus. Je comprends que beaucoup d’entre vous ont étudié à distance pendant un certain temps et se réjouissent de retourner en classe, et je suis heureux que nous ayons une petite excuse pour vous réunir aujourd’hui. Je sais, Madame, que vous et le groupe de travail voulez que les étudiants reviennent, et je sais à quel point tout le monde se réjouit de cela.

Je suis ici, nous sommes ici, parce que ce qui se passe dans l’Indopacifique façonnera, plus que dans n’importe quelle autre région, la trajectoire du monde au XXIe siècle.

La région indopacifique est celle qui connaît la croissance la plus rapide de la planète. Elle représente 60 % de l’économie mondiale et les deux tiers de l’ensemble de la croissance économique des cinq dernières années. Elle est le foyer de plus de la moitié de la population mondiale et sept des quinze plus grandes économies.

Et elle est magnifiquement diversifiée, avec plus de 3 000 langues et de nombreuses croyances s’étendant sur deux océans et trois continents.

Même un seul pays comme l’Indonésie abrite une riche mosaïque qu’il est difficile de synthétiser, à l’exception de sa variété. La devise de cette nation, Bhinneka Tunggal Ika, l’unité dans la diversité, résonne de manière assez familière pour un Américain. Aux États-Unis, nous disons E Pluribus Unum, de plusieurs, un. L’idée est la même.

Les États-Unis ont longtemps été, sont et seront toujours une nation de l’Indopacifique. C’est un fait géographique, depuis nos États de la côte Pacifique jusqu’à Guam, nos territoires de l’autre côté du Pacifique. Et c’est une réalité historique, comme en témoignent nos deux siècles d’échanges commerciaux et nos autres liens avec la région.

Aujourd’hui, la moitié des principaux partenaires commerciaux des États-Unis se trouvent dans la région indopacifique. C’est la destination de près d’un tiers de nos exportations, la source de 900 milliards de dollars d’investissements étrangers directs aux États-Unis, et elle crée des millions d’emplois répartis dans nos 50 États. En outre, le nombre de membres de nos armées stationnés dans la région est plus important que partout ailleurs en dehors de la zone continentale des États-Unis, garantissant ainsi la paix et la sécurité qui sont essentielles à la prospérité de la région et qui profitent à tous.

Bien sûr, nous sommes également liés par nos peuples, dont les liens remontent à plusieurs générations. Plus de 24 millions d’Américaines et d’Américains d’origine asiatique vivent aux États-Unis, dont l’ambassadeur Sung Kim, lorsqu’il ne sert pas son pays dans une partie du monde ou une autre, comme il le fait depuis trois décennies.

Avant la pandémie, plus de 775 000 étudiants de l’Indopacifique fréquentaient des établissements d’enseignement supérieur américains. Et vos camarades de classe américains ici à l’Universitas Indonesia font partie des millions d’Américaines et d’Américains qui sont venus dans la région pour étudier, travailler, vivre, y compris un qui a été notre président.

Il y a un proverbe indonésien, dont on m’a dit qu’il est enseigné aux enfants dès leur plus jeune âge : « Nous avons deux oreilles, mais une seule bouche. » Cela signifie qu’avant de parler ou d’agir, nous devons écouter. Et nous avons beaucoup écouté les personnes de l’Indopacifique au cours de la première année de cette administration, afin de comprendre votre vision de la région et de son avenir.

Nous avons accueilli des dirigeants de la région dans notre pays, notamment les deux premiers dirigeants étrangers que le président Biden a reçus après son entrée en fonction, en provenance du Japon et de la Corée du Sud, ainsi que tous les ministres des Affaires étrangères que j’ai eu le privilège de recevoir au département d’État, et notamment Retno, la ministre des Affaires étrangères. Nous sommes venus dans votre région, qu’il s’agisse de la vice-présidente Harris, du secrétaire à la Défense Austin, de la secrétaire au Commerce Raimondo, et de tant d’autres membres du Cabinet, sans oublier de nombreux hauts responsables du département d’État faisant partie de mon équipe.

Le président a participé à plusieurs sommets de dirigeants organisés par des organismes régionaux clés : l’APEC, les sommets États-Unis-ANASE et de l’Asie orientale, et l’initiative quadrilatérale, composée de l’Inde, du Japon et de l’Australie. J’ai fait de même avec d’autres ministres des Affaires étrangères, notamment en accueillant la réunion ministérielle de partenariat Mékong–États-Unis. Le président Biden a également rencontré des dirigeants de la région Indopacifique à l’étranger, notamment lors d’une réunion très productive avec le président Jokowi à Glasgow, à l’occasion de la COP26.

Mais nous ne nous contentons pas d’écouter les dirigeants. Dans nos ambassades et consulats de la région, nos diplomates utilisent leurs deux oreilles pour recueillir les avis de personnes de tous horizons : étudiants, militants, universitaires, entrepreneurs.

Et bien qu’il s’agisse d’une région extraordinairement diversifiée, avec des intérêts et des points de vue distincts, nous constatons une grande convergence entre la vision qui nous parvient de l’Indopacifique et la nôtre.

Les populations et les gouvernements de la région veulent des opportunités plus nombreuses et meilleures pour tous leurs citoyens. Ils veulent plus de possibilités d’établir des liens, au sein de leurs nations, entre leurs nations, dans le monde entier. Ils veulent être mieux préparés à des crises comme la pandémie que nous vivons actuellement. Ils veulent la paix et la stabilité. Ils veulent que les États-Unis soient plus présents et plus engagés. Et par-dessus tout, ils veulent une région plus libre et plus ouverte.

Ce que je voudrais faire aujourd’hui, c’est essayer de définir cette vision commune et la manière dont nous allons travailler ensemble pour la concrétiser. J’aimerais me concentrer sur cinq éléments fondamentaux.

Premièrement, nous ferons progresser une région Indopacifique libre et ouverte.

Nous parlons beaucoup d’un Indopacifique libre et ouvert, mais nous ne définissons pas souvent ce que nous entendons par là. La liberté, c’est la capacité d’écrire son avenir et d’avoir son mot à dire sur ce qui se passe dans sa communauté et son pays, peu importe qui l’on est ou qui l’on connaît. Et l’ouverture découle naturellement de la liberté. Les endroits libres sont ouverts aux nouvelles informations et aux nouveaux points de vue. Ils sont ouverts aux différentes cultures, religions et façons de vivre. Ils sont ouverts à la critique, à l’autoréflexion, ainsi qu’au renouvellement.

Lorsque nous disons que nous voulons un Indopacifique libre et ouvert, nous voulons dire qu’au niveau individuel, les gens seront libres dans leur quotidien et qu’ils vivront dans des sociétés ouvertes. Nous voulons dire qu’au niveau des États, chaque pays sera en mesure de choisir sa propre voie et ses propres partenaires. Et nous voulons dire qu’au niveau régional, dans cette partie du monde, les problèmes seront traités ouvertement, les règles seront établies de manière transparente et appliquées équitablement, les biens, les idées et les personnes circuleront librement sur terre, dans le cyberespace et en haute mer.

Nous avons tous intérêt à ce que la région la plus dynamique du monde soit libre de toute contrainte et soit accessible à tous. C’est une bonne chose pour les habitants de la région. C’est bon pour les Américains, car l’histoire montre que lorsque cette vaste région est libre et ouverte, l’Amérique est plus sûre et plus prospère. Nous travaillerons donc avec nos partenaires dans toute la région pour tenter de concrétiser cette vision.

Nous continuerons de soutenir les groupes de lutte contre la corruption et ceux en faveur de la transparence, les journalistes d’investigation, les groupes de réflexion dans la région, comme l’Advocata Institute au Sri Lanka. Avec notre soutien, cet institut a créé un registre public des entreprises publiques, comme les banques et les compagnies aériennes, qui exercent leurs activités avec de grosses pertes, et a proposé des moyens de les réformer.

Nous trouvons également des partenaires au sein du gouvernement, comme Victor Sotto. Il est le maire de la ville de Pasig, aux Philippines. Victor a mis en place une ligne directe 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour que les électeurs puissent signaler les cas de corruption. Il a rendu l’attribution des marchés publics plus transparente, a donné aux organisations communautaires un droit de regard sur la façon dont la ville dépense ses ressources. Il fait partie du premier groupe de champions mondiaux de la lutte contre la corruption du département d’État, que nous avons annoncé plus tôt cette année.

Et nous continuerons de nous inspirer des bonnes pratiques des autres démocraties. C’est l’idée qui sous-tend le Sommet pour la démocratie que le président Biden a convoqué la semaine dernière, où le président Jokowi a pris la parole, il a d’ailleurs été le premier intervenant, et le Forum de Bali sur la démocratie que l’Indonésie vient d’organiser pour la quatorzième fois, et où j’ai eu l’occasion de prendre la parole.

Nous nous opposerons également aux dirigeants qui ne respectent pas les droits de leur peuple, comme c’est le cas actuellement en Birmanie. Nous continuerons de travailler avec nos alliés et nos partenaires pour faire pression sur le régime afin qu’il mette fin à sa violence aveugle, qu’il libère toutes les personnes injustement détenues, qu’il permette un accès sans entrave et qu’il rétablisse la Birmanie sur la voie d’une démocratie inclusive.

L’ANASE a élaboré un consensus en cinq points, qui invite le régime à entamer un dialogue constructif avec toutes les parties afin de trouver une solution pacifique qui respecte la volonté du peuple birman, un objectif auquel nous ne renoncerons pas.

Une autre façon de promouvoir la liberté et l’ouverture est de défendre un Internet ouvert, interopérable, sécurisé et fiable contre ceux qui travaillent activement à rendre l’Internet plus fermé, plus fracturé et moins sécurisé. Nous travaillerons avec nos partenaires pour défendre ces principes et contribuer à la mise en place de systèmes sûrs et fiables qui en constituent la base. Lors du sommet des dirigeants Moon-Biden en début d’année, la Corée du Sud et les États-Unis ont annoncé des investissements de plus de 3,5 milliards de dollars dans les technologies émergentes, notamment dans la recherche et le développement de réseaux 5G et 6G sécurisés.

Enfin, nous travaillerons avec nos alliés et nos partenaires pour défendre l’ordre fondé sur des règles que nous avons construit ensemble pendant des décennies afin de garantir que la région reste ouverte et accessible.

Et permettez-moi d’être clair sur un point : l’objectif de la défense de l’ordre fondé sur des règles n’est pas de contenir un pays. Il s’agit plutôt de protéger le droit de tous les pays à choisir leur propre voie, sans coercition, sans intimidation. Il ne s’agit pas d’un concours entre une région centrée sur les États-Unis et une région centrée sur la Chine. L’Indopacifique est une région à part entière. Il s’agit plutôt de faire respecter les droits et les accords qui sont à l’origine de la période la plus pacifique et la plus prospère que cette région et le monde aient jamais connue.

C’est pourquoi les actions agressives de Beijing suscitent tant d’inquiétude, de l’Asie du Nord-Est à l’Asie du Sud-Est, et du Mékong aux îles du Pacifique : Beijing revendique la haute mer, fausse les marchés ouverts en accordant des subventions à ses entreprises publiques, refuse les exportations de pays dont elle désapprouve les politiques ou annule des contrats avec eux, se livre à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Les pays de la région veulent que ce comportement change.

Nous le souhaitons aussi, et c’est pourquoi nous sommes déterminés à garantir la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale, où les actions agressives de Beijing menacent l’acheminement de plus de 3 000 milliards de dollars d’échanges de marchandises chaque année.

Il convient de rappeler que, dans ce chiffre colossal de 3 000 milliards de dollars, se trouvent les moyens de subsistance et le bien-être de millions de personnes dans le monde. Lorsque le commerce ne peut pas traverser la haute mer, cela signifie que les agriculteurs ne peuvent pas expédier leurs produits, que les usines ne peuvent pas expédier leurs puces électroniques et que les hôpitaux ne peuvent pas obtenir les médicaments qui sauvent des vies.

Il y a cinq ans, un tribunal international a rendu une décision unanime et juridiquement contraignante rejetant fermement les revendications maritimes illégales et étendues de la mer de Chine méridionale comme étant incompatibles avec le droit international. Nous, ainsi que d’autres pays, et notamment ceux qui ont des revendications en mer de Chine méridionale, continuerons de faire pression sur ce type de comportement. C’est aussi pourquoi nous avons un intérêt constant pour la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, conformément à nos engagements de longue date.

Deuxièmement, nous établirons des liens plus solides dans la région et au-delà. Nous approfondirons nos alliances dans le cadre des traités avec le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, les Philippines et la Thaïlande. Ces liens constituent depuis longtemps le fondement de la paix, de la sécurité et de la prospérité dans la région. Nous encouragerons également une plus grande coopération entre ces alliés. C’est l’une des choses que nous avons faites en approfondissant la coopération trilatérale entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, et en lançant un nouvel accord historique de coopération en matière de sécurité avec l’Australie et le Royaume-Uni. Nous trouverons des moyens de rapprocher nos alliés de nos partenaires, comme nous l’avons fait en redynamisant l’initiative quadrilatérale. Et nous renforcerons notre partenariat avec une ANASE forte et indépendante.

Le rôle central de l’ANASE signifie que nous continuerons à travailler avec et par le biais de l’ANASE pour approfondir d’autant plus notre engagement dans la région, étant donné la concordance entre notre vision et les perspectives de l’ANASE sur l’Indopacifique.

En octobre, le président Biden a annoncé l’octroi de plus de 100 millions de dollars pour renforcer notre coopération avec l’ANASE dans des domaines clés, notamment la santé publique et l’autonomisation des femmes. Le président invitera par ailleurs les dirigeants de l’ANASE à un sommet aux États-Unis dans les prochains mois, afin de discuter de la manière dont nous pouvons approfondir notre partenariat stratégique.

Nous renforçons nos partenariats stratégiques avec d’autres pays de la région : Singapour, le Vietnam, la Malaisie et, bien sûr, l’Indonésie. C’est la raison pour laquelle j’ai fait ce déplacement.

Nous approfondissons également les liens entre nos peuples. YSEALI, le programme phare visant à renforcer les capacités de la nouvelle génération de dirigeants en Asie du Sud-Est, compte déjà plus de 150 000 membres.

Enfin, nous nous efforcerons de mettre en rapport nos relations dans la région indopacifique avec un système inégalé d’alliances et de partenariats au-delà de la région, notamment en Europe. L’Union européenne a récemment publié une stratégie Indopacifique qui cadre étroitement avec notre propre vision. À l’OTAN, nous mettons à jour notre concept stratégique afin de refléter l’importance croissante de l’Indopacifique et de faire face aux nouvelles menaces, comme les répercussions de la crise climatique sur la sécurité. Et nous plaçons le rôle central de l’ANASE au cœur de notre travail avec les partenaires. C’est ce que nous avons fait il y a quelques jours, lorsque les ministres du G7 se sont réunis au Royaume-Uni et ont rencontré leurs homologues de l’ANASE pour la première fois.

Nous faisons tout cela pour une raison simple : cela nous permet de rassembler les coalitions les plus larges et les plus efficaces pour relever n’importe quel défi, saisir n’importe quelle opportunité, travailler à n’importe quel objectif. Plus le nombre de pays que nous pourrons mobiliser autour d’intérêts communs sera important, plus nous serons forts.

Troisièmement, nous favoriserons une prospérité généralisée. Les États-Unis ont déjà fourni plus de 1 000 milliards de dollars d’investissements étrangers directs dans la région Indopacifique. La région nous a dit haut et fort qu’elle voulait que nous fassions plus. Nous entendons répondre à cet appel. Sous la direction du président Biden, nous élaborons un cadre économique global pour la région Indopacifique afin de poursuivre nos objectifs communs, notamment en ce qui concerne les échanges commerciaux et l’économie numérique, la technologie, les chaînes d’approvisionnement résilientes, la décarbonisation et l’énergie propre, les infrastructures, les normes applicables aux travailleurs et d’autres domaines d’intérêt commun.

Notre diplomatie jouera un rôle clé. Nous identifierons les opportunités que les entreprises américaines ne trouvent pas d’elles-mêmes et nous ferons en sorte qu’il soit plus facile pour elles d’apporter leur expertise et leurs capitaux dans de nouveaux endroits et de nouveaux secteurs. Nos missions diplomatiques, nos ambassades à travers l’Indopacifique sont déjà à la pointe dans ce domaine, et nous allons renforcer leurs capacités pour qu’elles puissent faire davantage. Plus de 2 300 chefs d’entreprise et de gouvernement de la région m’ont rejoint pour le Forum des affaires indopacifiques de cette année, que nous avons organisé conjointement avec l’Inde, et où nous avons annoncé près de 7 milliards de dollars de nouveaux projets du secteur privé.

Nous travaillerons avec nos partenaires pour façonner les règles de l’économie numérique en pleine croissance sur des questions essentielles telles que la confidentialité et la sécurité des données, mais d’une manière qui reflète nos valeurs et qui ouvre des perspectives à nos populations. Car si nous ne les façonnons pas, d’autres le feront. Et il y a de fortes chances qu’ils le fassent d’une manière qui ne favorise pas nos intérêts ou nos valeurs communes.

Lors du sommet de l’APEC en novembre, le président Biden a présenté une vision claire de la manière dont nous pouvons construire une voie commune pour l’avenir de la région. Au sujet des technologies numériques, il a parlé de la nécessité d’un Internet ouvert, interopérable, fiable et sécurisé, et de notre intérêt marqué à investir dans la cybersécurité et à développer des normes d’économie numérique qui permettront à toutes nos économies d’être compétitives à l’avenir. Et lorsque la représentante des États-Unis au commerce extérieur, Mme Tai, et moi-même avons codirigé notre délégation à la réunion ministérielle de l’APEC en novembre, nous avons mis l’accent sur la nécessité de veiller à ce que la technologie serve un Indopacifique libre et ouvert.

Nous allons également promouvoir des échanges commerciaux équitables et résilients. C’est l’idée du guichet unique de l’ANASE, un projet que les États-Unis ont soutenu pour créer un système automatisé unique de dédouanement dans la région. Cela a contribué à rationaliser les échanges commerciaux en les rendant plus transparents et plus sûrs, ce qui a permis de réduire les coûts pour les entreprises et les prix pour les consommateurs. Le passage de la douane papier à la douane numérique a permis de poursuivre les échanges commerciaux transfrontaliers, même pendant les périodes de confinement.

Au cours de la première année de la pandémie, les pays les plus actifs sur la plateforme ont vu leurs échanges commerciaux augmenter de 20 %, alors que la plupart des autres échanges transfrontaliers étaient en baisse. Lors du sommet États-Unis-ANASE en octobre, le président Biden s’est engagé à ce que les États-Unis apportent un soutien supplémentaire au guichet unique. Nous allons travailler avec nos partenaires pour rendre nos chaînes d’approvisionnement plus sûres et plus résilientes. Je pense que nous avons tous vu, à travers la pandémie, à quel point elles sont vulnérables, à quel point les perturbations peuvent être dommageables, notamment les pénuries de masques et de micropuces et les accumulations dans les ports.

Nous avons mené des initiatives pour rassembler la communauté internationale afin de tenter de résoudre les goulets d’étranglement et de renforcer la résilience face aux chocs futurs. Le président Biden a organisé un Sommet des dirigeants sur la résilience de la chaîne d’approvisionnement. La vice-présidente Harris en a fait un thème central de ses réunions lors de sa visite dans la région. La secrétaire au commerce, Mme Raimondo, a abordé la question avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Malaisie lors de ses récents déplacements. Quant à la représentante des États-Unis au Commerce extérieur, Mme Tai, elle a lancé le groupe de travail interagences sur la chaîne logistique et a soulevé la question lors de ses déplacements au Japon, en Corée du Sud et en Inde. Au cours de la nouvelle année, la secrétaire d’État au commerce, Gina Raimondo, et moi-même ferons équipe pour réunir des dirigeants de gouvernements et des leaders du secteur privé du monde entier afin d’aborder ces questions dans le cadre d’un forum mondial sur la chaîne d’approvisionnement. En tant que plaque tournante d’une grande partie de la production et du commerce mondiaux, cette région, l’Indopacifique, sera au cœur de ces initiatives.

Enfin, nous aiderons à combler les lacunes en matière d’infrastructures. Il existe, dans cette région ainsi que dans le monde entier, un écart important entre les besoins en infrastructures et ce qui est actuellement fourni. Les ports, les routes, les réseaux électriques, le haut débit sont autant d’éléments constitutifs des échanges commerciaux mondiaux, du commerce, de la connectivité, des opportunités et de la prospérité. Et ils sont essentiels à la croissance inclusive de l’Indopacifique. Mais nous entendons les préoccupations de plus en plus fortes des responsables gouvernementaux, de l’industrie, des travailleurs et des communautés de l’Indopacifique sur ce qui se passe lorsque les infrastructures ne sont pas réalisées correctement, par exemple lorsqu’elles sont attribuées par le biais de processus opaques et corrompus, ou construites par des entreprises étrangères qui importent leur propre main-d’œuvre, extraient les ressources, polluent l’environnement et endettent les communautés.

Les pays de l’Indopacifique veulent un meilleur type d’infrastructures. Mais beaucoup d’entre eux estiment qu’elles sont trop coûteuses, ou se sentent contraints d’accepter de mauvais contrats aux conditions fixées par d’autres plutôt que de ne pas en conclure du tout. Nous allons donc travailler avec les pays de la région pour fournir les infrastructures de haute qualité et aux normes élevées que les gens méritent. En fait, nous le faisons déjà.

Pas plus tard que cette semaine, avec l’Australie et le Japon, nous avons annoncé un partenariat avec les États fédérés de Micronésie, Kiribati et Nauru pour construire un nouveau câble sous-marin afin d’améliorer la connectivité Internet de ces nations du Pacifique. Et depuis 2015, les membres de l’initiative quadrilatérale ont fourni plus de 48 milliards de dollars en financement soutenu par les gouvernements pour les infrastructures de la région. Cela représente des milliers de projets dans plus de 30 pays, du développement rural aux énergies renouvelables. Des millions de personnes en bénéficient.

L’initiative quadrilatérale a récemment lancé un groupe de coordination des infrastructures afin de catalyser encore plus d’investissements, et elle cherche à s’associer à l’Asie du Sud-Est en matière d’infrastructures et de nombreuses autres priorités communes. Les États-Unis ne s’arrêtent pas là. Build Back Better World, que nous avons lancé avec nos partenaires du G7 en juin, s’engage à mobiliser des centaines de milliards de dollars de financement transparent et durable au cours des prochaines années. Et avec l’Australie et le Japon, nous avons lancé le réseau Blue Dot pour commencer à certifier les projets d’infrastructure de haute qualité qui répondent aux critères élaborés par le G20, l’OCDE et d’autres, et pour attirer de nouveaux investisseurs.

Quatrièmement, nous contribuerons de bâtir un Indopacifique plus résilient. La pandémie de COVID-19 et la crise climatique ont mis en évidence l’urgence de cette tâche. La pandémie a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes dans toute la région, dont plus de 143 000 hommes, femmes et enfants ici, en Indonésie. Elle a également infligé un lourd tribut économique, de la fermeture d’usines à l’arrêt du tourisme.

Les États-Unis sont aux côtés des habitants de cette région à chaque étape, même si nous luttons contre la pandémie chez nous. Sur les 300 millions de doses de vaccins sûrs et efficaces que les États-Unis ont déjà distribuées dans le monde, nous en avons envoyé plus de 100 millions à l’Indopacifique. Et plus de 25 millions d’entre elles ont été envoyées ici, en Indonésie. D’ici la fin de l’année prochaine, nous aurons donné plus de 1,2 milliard de doses au monde. Et nous avons fourni plus de 2,8 milliards de dollars d’aide supplémentaire à la région pour sauver des vies, dont 77 millions de dollars ici en Indonésie pour tout ce qui va des équipements de protection individuelle à l’oxygène médical pour les hôpitaux. Nous avons fourni cette aide gracieusement, sans condition. En faisant la plupart de ces dons par l’intermédiaire de COVAX, nous nous assurons qu’ils sont distribués équitablement, en fonction des besoins et non de la politique.

Par ailleurs, nous travaillons avec nos partenaires pour mettre fin à la pandémie. Le partenariat pour le vaccin de l’initiative quadrilatérale joue un rôle clé à cet égard. Nous travaillons ensemble au financement, à la fabrication, à la distribution et à l’administration d’un maximum de vaccins le plus rapidement possible. Les différents pays se mobilisent. L’Inde s’est récemment engagée à produire 5 milliards de doses supplémentaires d’ici à la fin de 2022. La Corée du Sud et la Thaïlande augmentent également leur production.

Nous rallions le secteur privé à notre cause. Lors d’une réunion ministérielle que j’ai organisée le mois dernier, nous avons lancé une initiative appelée Global COVID Corps. Il s’agit d’une coalition d’entreprises de premier plan qui fourniront l’expertise, les outils et les capacités nécessaires pour soutenir la logistique et les activités liées aux vaccins dans les pays en développement, y compris la dernière étape, qui est essentielle pour que les vaccins soient effectivement administrés. C’est ce que nous constatons de plus en plus souvent dans le monde, où la production de vaccins a augmenté, où ils sont distribués, mais où ils ne sont pas administrés en raison de difficultés rencontrées en bout de chaîne, de la logistique qui doit être résolue, et c’est exactement ce sur quoi nous nous concentrons.

Tout en combattant le virus, nous reconstruisons en mieux les systèmes de santé dans l’Indopacifique, partout dans le monde, pour prévenir et détecter la prochaine pandémie et pour y répondre. Et le fait est que nous savons réellement comment faire cela. Les États-Unis travaillent depuis des décennies avec leurs partenaires pour renforcer les systèmes de santé dans la région. Rien que dans l’ANASE, nous avons investi plus de 3,5 milliards de dollars dans la santé publique au cours des 20 dernières années. Et nous pouvons en témoigner, au vu tant des améliorations significatives de la santé publique que des relations profondes que nous avons nouées sur le terrain.

Dans le cadre de notre soutien à l’ANASE, le président Biden a récemment annoncé que nous allions consacrer 40 millions de dollars à l’initiative U.S.–ASEAN Health Futures, ce qui permettra d’accélérer la recherche conjointe, de renforcer les systèmes de santé et de former une nouvelle génération de professionnels de la santé.

Nous apportons également notre soutien au développement d’un système de coordination des urgences de santé publique de l’ANASE. Ce système aidera les pays de la région à coordonner leur réponse aux futures urgences sanitaires. Et le premier bureau régional d’Asie du Sud-Est des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, que nous avons ouvert à Hanoï cet été, soutient déjà ces actions sur le terrain.

La crise climatique, bien sûr, est un autre défi mondial que nous devons relever ensemble. Les populations de la région Indopacifique ressentent déjà ses effets catastrophiques : 70 % des catastrophes naturelles dans le monde frappent cette région, et plus de 90 millions de personnes dans la région ont été touchées par des catastrophes liées au climat en 2019. L’année suivante, sur notre propre côte Pacifique, la Californie a subi cinq des six plus grands incendies de forêt de son histoire.

Aujourd’hui, bon nombre des plus grands émetteurs de la région ont reconnu la nécessité d’agir de toute urgence, comme nous l’avons vu dans les engagements ambitieux qu’ils ont pris lors de la COP26. À Glasgow, 15 pays de la région indopacifique, dont l’Indonésie, ont signé l’Engagement mondial concernant le méthane, qui vise à réduire les émissions de 30 % au cours de la prochaine décennie. Si tous les grands émetteurs se joignent à nous, cela fera plus pour réduire le réchauffement que de retirer tous les navires des mers et tous les avions des cieux.

Mais ce serait une erreur de penser au climat uniquement à travers le prisme des menaces. Voici pourquoi : chaque pays de la planète doit réduire ses émissions et se préparer aux impacts inévitables du changement climatique. Et cette transformation nécessaire vers de nouvelles technologies et de nouvelles industries offre également une occasion unique en son genre de créer de nouveaux emplois bien rémunérés.

Nous pensons que cette opportunité passe par l’Indopacifique, et nous travaillons déjà avec nos partenaires pour la saisir. Rien qu’au cours des cinq dernières années, les États-Unis ont mobilisé plus de 7 milliards de dollars d’investissements dans les énergies renouvelables dans la région. À mesure que nous intensifions nos contributions, nous mettons en œuvre la constellation unique de partenariats que nous avons établie : organisations multilatérales et groupes de défense, entreprises et philanthropies, chercheurs et experts techniques.

Pensez à l’initiative Clean EDGE que nous lançons ce mois-ci et qui réunira l’expertise et l’innovation du gouvernement des États-Unis et du secteur privé pour faire progresser les solutions d’énergie propre dans toute la région. Pensez aux plus de 20 millions de dollars que le président Biden s’est récemment engagé à verser à l’initiative U.S.–ASEAN Climate Futures, ou au financement de 500 millions de dollars annoncé la semaine dernière par la Société de financement du développement international des États-Unis pour aider à la construction d’une usine de fabrication de panneaux solaires à Tamil Nadu, en Inde.

L’usine, construite par la société américaine First Solar, aura une capacité annuelle de 3,3 gigawatts. C’est suffisant pour alimenter plus de deux millions de foyers. La construction et l’exploitation de cette usine permettront de créer des milliers d’emplois en Inde, en majorité pour les femmes, et des centaines d’autres aux États-Unis. Et ce n’est que l’un des moyens par lesquels les États-Unis aideront l’Inde à atteindre son objectif ambitieux de 500 gigawatts de capacité d’énergie renouvelable d’ici 2030, et, à son tour, aider le monde à éviter une catastrophe climatique.

Nous reconnaissons que, même si la transition vers une économie verte entraîne une forte augmentation des emplois, ce dont nous sommes convaincus, tous ces postes ne seront pas occupés par des travailleurs qui auront perdu leur emploi dans d’anciennes industries et d’anciens secteurs au cours de cette transition. Nous avons donc l’obligation, à laquelle nous souscrivons, de faire en sorte que tout le monde participe.

Cinquièmement, et pour finir, nous allons renforcer la sécurité de l’Indopacifique. Les menaces évoluent. Notre approche de la sécurité doit évoluer avec elles. Nous chercherons à renforcer la coopération en matière de sécurité civile afin de relever des défis qui vont de l’extrémisme violent à la pêche illégale, en passant par la traite des êtres humains. Et nous adopterons une stratégie qui tisse plus finement les liens entre tous nos instruments de pouvoir national, diplomatie, armée, renseignement, et ceux de nos alliés et de nos partenaires. Notre secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, appelle cela la « dissuasion intégrée ».

Il s’agit de consolider nos forces afin de pouvoir maintenir la paix, comme nous le faisons dans la région depuis des décennies. Nous ne voulons pas de conflit dans l’Indopacifique. C’est pourquoi nous recherchons une diplomatie sérieuse et soutenue avec la Corée du Nord, dans le but ultime de dénucléariser la péninsule coréenne. Nous travaillerons avec nos alliés et nos partenaires pour faire face à la menace que représentent les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord par une approche calibrée et pratique, tout en renforçant notre dissuasion étendue.

C’est pourquoi le président Biden a dit au président Xi, le mois dernier, que nous partageons la responsabilité profonde de veiller à ce que la concurrence entre nos pays ne dégénère pas en conflit. Nous prenons cette responsabilité avec le plus grand sérieux, car un échec serait catastrophique pour nous tous.

Le 14 février 1962, le procureur général des États-Unis à la tête du département de la Justice, Robert F. Kennedy, est venu prendre la parole dans cette université. Il a parlé des luttes persistantes qui étaient communes à nos peuples et que les jeunes, a-t-il dit, comme les étudiants ici présents aujourd’hui, devaient continuer de mener. Et il a cité une phrase de son frère, John F. Kennedy, alors président des États-Unis, sur notre vision du monde. Le président Kennedy a dit : « Notre objectif fondamental reste le même : un monde pacifique, une communauté d’États libres et indépendants, libres de choisir leur propre avenir et leur propre système, tant que cela ne menace pas la liberté des autres. »

Malgré tout ce qui a changé depuis que le président Kennedy a prononcé ces paroles il y a près de 70 ans, il est remarquable de constater à quel point cette vision correspond à celle que nous partageons. Et la raison pour laquelle je suis si reconnaissant de pouvoir en parler ici, dans cette université, en présence d’étudiants et d’anciens participants à tant de nos programmes de leadership pour les jeunes, c’est parce que vous êtes celles et ceux qui, aujourd’hui encore, feront avancer cette vision. Ce faisant, sachez que vous avez des gens à travers l’Indopacifique, y compris aux États-Unis, dont les espoirs et les destins sont liés aux vôtres, et qui seront vos partenaires indéfectibles pour rendre l’Indopacifique, cette région que nous partageons, plus ouverte et plus libre.

Je vous remercie beaucoup de votre attention.